Epaves
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tobermory
12 participants
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Epaves
Y a comme un goût amer en nous
Le goût de la mer
Qui nous a recrachés
Comme des déchets
Nous voilà, silhouettes
Grises sur le sable gris
Invisibles à vos yeux
Malmenés par les flots
Usés, diminués
Réduits à des grains de sable
Tous semblables, sans identité.
Avec nos guenilles
Et nos membres grêles
Nous sommes
Des racines
Arrachées à leur terre
Et jetées sur un sol
Qui n’en veut pas.
Les passeurs
Nous ont promis
La terre promise
Le paradis.
Passeur, quel nom magique
Passeur de rêves
Passeur d’espoir
Passeur de vie
Mais ce passeur là
Ne nous a passé que la peste
Des illusions perdues.
Comme tout est petit ici
Le pays
Les arbres
Les fleuves
Les sentiments.
Comme tout y est fermé
Visages verrouillés
Portes scellées.
Cœurs figés
Corps sans élan.
Afrique, mère de misère
Garde tes enfants
Nourris-les de lait amer
Mais préserve-les
Du noir destin
De clandestins.
Dernière édition par tobermory le Sam 7 Fév - 18:21, édité 1 fois
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Epaves
Tres beau en effet, mais sans espoir, texte noir pour un avenir noir sans espoir
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
Re: Epaves
Comme toujours, Tober, tu enchantes mes lectures. Texte noir a dit Myriel. Noir, je ne sais pas, mais plein de réalisme et de fatalité. Plein de compassion aussi, j'ai trouvé.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: Epaves
Effectivement, peu d'optimisme dans ton poème Tober. Il a cependantle mérite de décrire exactement et sans œillères le sort de ces gens malheureux où qu'ils aillent. Mais la guerre et la peur et pas seulement la faim chassent les plus enracinés qu'ils soient d'Afrique ou d'ailleurs.
Invité- Invité
Re: Epaves
Très bon moment de lecture, c'est un texte très fort. Ca mériterait peu-être quelques sauts de ligne pour que je puisse reprendre mon souffle
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Epaves
Magnifique, dur, réaliste mais superbement écrit !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: Epaves
Un texte très fort qui appuie là où ça fait mal dans notre (mauvaise) conscience d'impuissant spectateur de ce drame.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Epaves
En terme de rythme et de musicalité, je préfère nettement la deuxième partie de ton poème. [à partir de "Les passeurs nous ont promis"]
Le fait qu'il n'y ait pas de rime m'a dérangée dans la première partie de ton texte, alors que dans la deuxième, la lecture a été hyper agréable.
Ton texte exprime bien en tout cas la difficulté que peuvent ressentir ces clandestins qui arrivent dans un autre monde, dans une autre civilisation et une autre culture... ce choc de la différence qu'ils peuvent ressentir...
Une agréable lecture.
Le fait qu'il n'y ait pas de rime m'a dérangée dans la première partie de ton texte, alors que dans la deuxième, la lecture a été hyper agréable.
Ton texte exprime bien en tout cas la difficulté que peuvent ressentir ces clandestins qui arrivent dans un autre monde, dans une autre civilisation et une autre culture... ce choc de la différence qu'ils peuvent ressentir...
Une agréable lecture.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: Epaves
Dans ce poème, j'aime le rythme, ainsi que ce que tu écris sur les passeurs qui abîment ce beau mot. Ce texte est noir, sans doute noir comme l'état d'esprit des migrants qui foulent enfin le sol d'un autre continent. On ne peut que s'interroger : où conduira ce flux de populations chassées de leur pays dont on ne veut pas dans les terres où ils débarquent ?
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: Epaves
J'aime beaucoup le rythme de ton texte, cela me fait penser à un slam!
Très dur, très sombre, mais je rejoins les autres en avouant qu'il est réaliste ...
Magnifique!
Très dur, très sombre, mais je rejoins les autres en avouant qu'il est réaliste ...
Magnifique!
Invité- Invité
Re: Epaves
Moi aussi, j'aime particulièrement le rythme de ton texte, ainsi que le passage sur le passeur.
Pour le reste, je crois que les autres ont déjà tout dit
Pour le reste, je crois que les autres ont déjà tout dit
Sel.- Kaléïd'habitué
- Humeur : Entre bleu clair et bleu foncé
Re: Epaves
Que dire lorsqu'un texte est de grande valeur…
Je l'ai trouvé d'une grande profondeur humaine.
Marqué, comme d'autres par ce que tu dis sur le mot passeur.
Marquée aussi par cette critique de l'Occident où tout est petit, fermé, Y compris les cœurs, et c'est dramatiquement la vérité.
Au fond, j'en ai pris plein la gueule!
Texte noir?
Mais ce sont nos cœurs et nos âmes qui sont noirs, Nous les hommes blancs…
Un texte coup de poignard et en même temps sans acrimonie outrancière du personnage mis en scène.
Ce qui accentue encore plus nos responsabilités…
Et cette « Afrique terre de misère » que je connais par des amitiés là-bas…
Je l'ai trouvé d'une grande profondeur humaine.
Marqué, comme d'autres par ce que tu dis sur le mot passeur.
Marquée aussi par cette critique de l'Occident où tout est petit, fermé, Y compris les cœurs, et c'est dramatiquement la vérité.
Au fond, j'en ai pris plein la gueule!
Texte noir?
Mais ce sont nos cœurs et nos âmes qui sont noirs, Nous les hommes blancs…
Un texte coup de poignard et en même temps sans acrimonie outrancière du personnage mis en scène.
Ce qui accentue encore plus nos responsabilités…
Et cette « Afrique terre de misère » que je connais par des amitiés là-bas…
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: Epaves
Un texte magnifique qu'on lit d'une traite sans reprendre notre souffle.
Un texte encore plus fort quand on le déclame comme du slam
Un texte encore plus fort quand on le déclame comme du slam
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Epaves
Merci pour vos commentaires. En effet, j’ai voulu écrire une sorte de slam (même si je n’y connais pas grand-chose !^^)
Admin : désolé pour ton souffle ; j’ai vu ce texte comme d’une seule coulée. J’ai quand même mis quelques points donc on peut s’y arrêter une seconde pour reprendre son souffle
July-C : je suis assez d’accord avec toi, la première partie pêche par le manque de rythme et de musicalité. En regardant l’image, ce qui m’a frappé, c’est que ces silhouettes ont la couleur du sable, et je suis parti là-dessus : ils sont usés et réduits à rien comme les grains de sable. J’ai brodé sur cette idée mais de façon trop explicative et prosaïque.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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