Texte de Kz

Fragrances

Un petit vélo rouge
reine-claudes du verger
Et la vigne, délicatement peignée
Soleils de Gironde.

Le cartable des jumelles 
Tellement aimées… 
Déjà femmes… 
Amoureux transi.

Cumulus d’encens 
Dieu parle dans la nuée 
Cueillette des cerises
Tonsure ivre, aux oreilles ponctuées de rouge. 
Mystère d’un grand frère
Si proche, si lointain.

Dès l’aurore, les évangiles en grec, 
Les yeux bouffis de sommeil et embués de larmes
Baguette de chez Béchu
à la motte de beurre.

Les « Folies de Paris et de Hollywood » 
Echangées sous le manteau 
Joues en feu 
Flipper du Salammbô.

Un zippo brossé
Gauloises et gris bande rouge
Le coq au caban,
à défaut du large, les grands airs.
Un chocolat chez Carette, et les filles en chignon 
Repeindre les portes de la grange 
et le ciel en bleu.

Une carafe de Cantemerle à la robe de pourpre
Négociants imbuvables 
épouse abstinente.


St Nicolas glisse dans la Moselle
Larmes désespérées des anges innocents 
Image d’Epinal.

Girolles, cèpes, mûres, myrtilles et framboises 
Frénésie de ballades, Vosges apaisantes 
Femme aux hanches brisées
boiter n’est pas pécher.

Un ticket de métro, poinçonné 
où s’engouffre l’air du pays
Les jours de désespoir 
sorcières de Lépange.

La prière retrouvée 
« Tu ne m’a pas abandonné au pouvoir de la mort. »
Vers l’autre rive.

Le jonc en or de maman au poignet de l’infante 
Les fiers destriers piaffent au garage 
Aube de communiant et bleu de travail 
Clef de douze.

Solenoïd band control, go fast ! go fast !
L'arc se tend. Toujours la tension. Tenir la corde.
Plaisir de tenir. Peur de lâcher.

Le vélo, encore, maître ineffable du tempo
Foins coupés 
fragrance humide des femmes-forêts
Emoi des courbes enivrantes 
rien..... dit il, visiblement troublé. 

Plaine d’Alsace, berceau de famille,
Strasbourg, ville libre
La grâce d’une cathédrale.

Kz