L'antenne

C’était sensé être simple.
C’est du moins ce que m’avait promis Megan. Une histoire d’une demi-heure à peine, et hop emballez, c’est pesé. Tu parles…

La neige me tombe sur le visage, petits nuages floconneux qui embrouillent ma vision. J’ai un peu froid, mais c’est pas très important, le ciel est si joli.
Y a plein de ballons multicolores qui tourbillonnent au-dessus de moi. Ça tourne et roule comme de la barbe à papa, dommage que je n’aie pas mon appareil photo sous la main, j’aurais fait la prise du siècle, quoique je n’ai jamais été très doué pour prendre une photo, il manque toujours un bout de quelque chose, une tête, un pied… l’horizon penche toujours un peu à droite… C’est à croire que j’aime voir le monde de travers...

Je voulais pas le faire, je suis pas un manuel, moi ! La mécanique, les trucs à dépanner, tout ça, c’est pas mon dada. Je suis un matheux. Un intello. Je suis le Mister Hyde de Monsieur Muscles, l’alter égo du professeur Tournesol, bref je suis une quiche dans le domaine de l’action.
Mais bon, je ne sais pas dire non à Megan.
— Ce sera vite fait, chéri, juste l’antenne à réorienter.
Alors, j’ai été chercher l’échelle dans le garage, en me plantant une écharde dans le majeur pour faire bonne mesure. Je l’ai plaquée contre la gouttière, juste sous cette fichue antenne satellite et j’ai entrepris l’escalade vers le toit de ma maison.

Ça sent la pistache. J’aime pas trop la pistache, mauvais souvenir du collège, quand on avait visité l’usine Gervais. J’en ai tellement mangé, de cette glace à la pistache que l’odeur m’est restée gravée à vie…
C’est là que j’ai rencontré ma belle Megan. La première chose que j’ai vu d’elle, c’est le reflet de ses yeux gourmands dans la vitrine pleine de bacs de crèmes glacées, un tapis de crème multicolore, comme les ballons dans le ciel… je l’aime tant.

Tout s’est bien passé, jusqu’à ce que j’enjambe la gouttière. Si je n’avais pas porté ce costume ridicule, peut-être que…
Mais c’est le réveillon, ce soir, et mon fils attend le Père Noel, avec ses cadeaux, et sa putain de hotte dont les cordons se sont emberlificotés avec la gouttière. Un amour fort, ces deux-là, ils voulaient plus se lâcher…
Je ne sais pas, je suis tombé, je crois.

Tout ce blanc partout… je suis bien. Je n’ai plus froid, j’ai même pas mal, je ne sens rien, une chance, je me suis rien cassé, je vais pouvoir rentrer, j’entends Megan qui m’appelle, pourquoi elle chuchote comme ça, sa voix est lointaine…
les ballons, ils s’envolent loin, si loin…
Megan ? Si tu savais comme je t’...

"Une quiche dans le domaine de l'action." J'ai adoré.
J'ai aimé la poésie du texte, le personnage de Megan, la façon dont la chute est doucement amenée et puis aussi la description de la maladresse du photographe. Un bon moment de lecture, merci.

C'est très beau, et ces différentes strophes, entre les faits qui se sont déroulés juste avant la chute, et les pensées du personnage qui s’éteint doucement, c'est très original, je sais pas ou tu as pêcher ça mais ça en jette

C'est très bien écrit et j'ai éprouvé beaucoup de plaisir à lire ton texte Pati  mais je ne vois pas le rapport avec la consigne et surtout avec la photo de la consigne puisque ton personnage joue au père Noël. Mais je n'ai peut être pas compris.   Curieux comme les interprétations et les ressentis diffèrent très souvent !

Admin a écrit:Je vous propose d'écrire un texte inspiré de cette photo...

c'est ce que j'ai fait, Yvanne. J'ai regardé la photo et je l'ai laissée me parler. elle t'a montré un bonhomme de neige bourré, moi, elle m'a montré un homme à terre. mon texte découle de ce que j'ai lu dans l'image.

c'est le charme des consignes, on y voit chacun quelque chose qui nous est propre. à nous de le transcrire au mieux.

cassy, d'où ça m'est venu je ne sais pas. de l'image surement, et je ne me voyais pas écrire gai, donc c'est ça qui est venu.

kz, merci d'y voir de la poésie, c'est ce que j'ai cherché à offrir, en effet

merci pour vos comms

Un texte 2 en 1.
C'est vrai qu'il y a de la poésie dans ton texte. La partie sur le photographe m'a fait sourire, ce côté photographe gauche est attendrissant.
Puis bricoleur gauche aussi tiens !

Tu as eu une bien belle inspiration ! Un vrai plaisir de te lire !

Je suis très contente de voir que tu écris selon ce que la consigne t'inspire Pati sans la respecter à la lettre.  Mais si l'on y déroge parfois, on se fait réprimander par notre Admin !!!    Qui a la dent dure !

j'ai vu le lien avec l'image Yvanne: l'homme tombe et est recouvert par la neige petit à petit. De plus, elle fait référence au blanc dans la dernière strophe, pour moi c'est parfait.

c'est tout à fait ça, cassy. l'homme est recouvert de neige, j'y fais deux fois allusion, une fois au début, pour le situer au sol, et une fois à la fin, parce qu''il n'y a plus rien d'autre que le blanc.

merci d'avoir saisi, mais de toute façon, je n'ai jamais craint le fouet d'admin, cpas aujourd'hui que ça va commencer ^^

J'aime bien ta manière de traiter la consigne avec ce double texte, cette opposition entre le doux rêveur et la réalité.
En fait, une très belle histoire d'amour, preuves à l'appui.

Tu m'as piqué mon titre " Emballez, c'est pesé !",je le retrouve dans le texte, cela m'a fait sourire. Où l'inconscient va se nicher ou alors tu l'as fait exprès ?

Les grands esprits se rencontrent, dit-on...;

C'est doux, c'est poétique, c'est triste, mais si doux, si poétique que la tristesse s'envole avec les ballons.

Une façon originale de voir la consigne et une très belle atmosphère d'une "douceur tragique" au milieu de cette ambiance de fête.

J'aime beaucoup. C’est à croire que j’aime voir le monde de travers... Tout a l'air d'aller de travers en effet pour ce personnage victime d'une "femme fatale" qui lui ferait faire n'importe quoi.