A - Chimère et utopie

Chimère et utopie


- J'ai pas fermé l’œil de la nuit, s'exclame Chimérus.

-  Ah ! Tes insomnies … Cesse donc de te préoccuper de l'avis de la France d'en bas. Prends la vie du bon côté. Comme ils disent, les chiens aboient, la caravane passe …

-  Oui, Chimérik, je t'entends … Cependant, quand je les vois nous confondre avec les  gargouilles, ces simplettes  qui se contentent d'évacuer l'eau de pluie, ça m'agace !

- Oui, moi, ce sont ces gens bardés de certitudes qui m'horripilent. Ceux qui, à l'instar du bon Saint - Louis rendant la justice sous son chêne, profèrent des avis péremptoires  sur ceci ou cela, en quelque sorte les adeptes du « Yaka », distribuent les bons points aux uns, vilipendant les autres.

-  Pour revenir aux gargouilles  et autres gargouillis qui évoquent les bruits de gorge, estomac ou intestins, les rumeurs qui montent du parvis de Notre-Dame évoquent bien ces bruits éphémères alors que nous, chimères, ne sommes-nous pas quelque part, le côté noble de l'Humanité ?

- Ah, Chimérus … Je te retrouve bien là, avec ton côté rêveur et contestataire. Ne conserves-tu pas une certaine nostalgie à l'égard  de celles et ceux qui, foulant le sol parisien poursuivaient des chimères ?

- Oui, Chimérik, j'aime les utopistes, ceux qui croient, envers et contre tout, aux lendemains qui chantent. Je garde un souvenir ému des Communards dont les 72 jours de pouvoir ont ébranlé le monde. J'aimais aussi ces jeunes qui arrachaient les pavés pour les balancer sur la gueule des flics en 68.

-  Veux-tu bien te taire ! Oublierais-tu que nous sommes ici en des lieux saints ?

-  Je n'oublie pas, Chimérik, je n'oublie pas. Mais je me souviens aussi que J.C. contestait l'adoration du veau d'or,  Aujourd'hui, le culte de l'argent revient en force, on courtise les riches, on traque le pauvre, on parle de misère du monde qu'on ne peut accueillir au sujet de celles et ceux  chassés de leur pays par la guerre, l'intolérance.

-  Et, rançon de la déraison,  la pollution ne cesse de s'étendre comme on peut le constater en voyant ses effets sur notre magnifique cathédrale et sur nous-mêmes. Oui, Chimérus, je t'entends : ne soyons pas comme les gargouilles qui se contentent pour l'éternité de canaliser l'eau du ciel …

- Répète après moi, Chimérik et Chimérus  crient à la face du monde  : vive la Révolution !!!

Hasta la victoria ! Cats, Hasta la victoria !

Bien écrit.

Perceval serait ravis du mot péremptoire

Je te cite, Cats :

- Oui, moi, ce sont ces gens bardés de certitudes qui m'horripilent. Ceux qui, à l'instar du bon Saint - Louis rendant la justice sous son chêne, profèrent des avis péremptoires  sur ceci ou cela, en quelque sorte les adeptes du « Yaka », distribuent les bons points aux uns, vilipendant les autres.



Je m'abstiendrai donc de tout commentaire.

Après tout, trop vieille pour faire la révolution où que ce soit

On ne se doutait pas que l'esprit révolutionnaire trônait sur les tours de Notre-Dame"

Je ne sait plus qui a dit "L'utopie, on dit souvent qu'il en faut un peu, mais au contraire, il en faut beaucoup parce que ça réduit énormément à la cuisson."

Des chimères désabusées qui voient le monde tel qu'il est mais ne désespèrent pas de le voir changer un jour.
Pour ma part, j'en doute. Il y aura toujours des riches et des pauvres, c'est hélas une évidence. De même, il y aura toujours aussi des dominants et des dominés. Et parmi ces derniers sont à craindre particulièrement les lèche-bottes et les petits soldats. Mais il est bon quelquefois d'avoir l'esprit chimérique. Se nourrir d'illusions aide à ne pas sombrer. J'ai bien aimé ton texte Cats.

J'ai aimé ton texte pour plusieurs raisons. Récemment arrivé sur Kalé, c'est la première fois que je te lis dans une écriture "hors terroir", elle est aussi belle et agréable à lire. Ensuite, des chimères philosophes qui prônent l'utopie, la révolution, le changement, le mouvement...alors qu'elles sont de pierre et immobiles! J'ai beaucoup apprécié ce contraste qui rend leur appel encore plus fort.

En effet comme le dit Virgul, des chimères qui sont de pierre et immobiles qui pronnent le changement : si même les chimères s'y mettent, c'est vraiment qu'il a besoin de changer notre monde, et on devrait les écouter, cela ne ferait pas de mal !

 Des Chimères observatrices du monde comme il va, et prêtes à faire la Révolution pour le changer, celles de Notre Dame suffiront-elles à cette tâche ?