A. Les ombres de l'encre
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madeleinedeproust
Admin
Amanda.
July_C
AlainX
Escandélia
virgul
Christa77
12 participants
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A. Les ombres de l'encre
L'esprit humain est une chose fascinante. Tant d'univers qui bouillonnent dans tant de connexions nerveuses de cerveaux complexes et fêlés. De ce point de vue, un livre est un miracle: il permet la rencontre des univers, au point que le lecteur peut tourner les pages en imaginant comprendre la pensée de l'auteur, retrouver ses frustrations, ses interrogations essentielles.
Cet étrange phénomène m'est arrivé à quelques reprises. Il y a évidemment l'attachement sentimental que j'éprouve pour certains ouvrages, jalons d'une vie de lectrice assidue et passionnée. J'ai dessiné ma carte bibliophile autour d'auteurs, de thèmes, d'influences et de souvenirs, surtout. Mais l'alchimie parfaite entre un fond, une forme et mes aspirations profondes… Je pleure rien que d'y penser. Fantasme d'une lecture imprégnée, ressentie. Car oui, un livre écrit pour moi est un livre qui me fait physiquement chavirer. Sentir le velouté huileux d'un rayon de soleil égaré, le picotement d'un regard perdu, le vertige d'une caresse.
Au fantasme de la lecture se superpose celui de l'écriture. Un auteur bien connu pour son goût des formicidés a dit, en substance, que chaque écrivain en herbe possède un livre intérieur, et que l'un de chemin vers la littérature passe par la rédaction de ce livre. Ce premier jet ou crachat – parce qu'il faut bien que le corps exhale – sera le plus personnel, le plus proche de sa psyché. À partir de là, de ce premier terreau, il peut envisager un style, un contenu, une forme. Jolie idée, non?
Je sais que ce livre doit sortir, et il s'écrira. La phrase "J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il ne peut n'être destiné qu'à une personne en particulier" prend tout son sens et toute sa gravité, à ce point précis. Écrire un livre pour tous et chacun, qui parle à l'humanité! Délire démiurge et mégalomane. Car au fond, je ne sais bien que, si je devais l'écrire, ce livre ne s'adresserait jamais qu'à toi.
Toi, c'est une ombre qui hante ma vie et qui a trouvé une cachette parfaite au fond de mon encrier. Tu surgis au détour de chaque mot, te planques derrière chaque virgule. Toi… c'est mon secret. Quel que soit la route de ma plume, elle s'arrête à ce jour de septembre où mon destin s'est scellé autour de toi. Elle repasse, pour la millième fois, les étapes de cette histoire, enjolivant parfois, dramatisant souvent. Car finalement, tu n'étais pas si important. La mémoire est une garce, quand elle veut "faire de la littérature". Ce livre-là ne sera écrit que pour moi, pour que je puisse écrire aux autres.
Cet étrange phénomène m'est arrivé à quelques reprises. Il y a évidemment l'attachement sentimental que j'éprouve pour certains ouvrages, jalons d'une vie de lectrice assidue et passionnée. J'ai dessiné ma carte bibliophile autour d'auteurs, de thèmes, d'influences et de souvenirs, surtout. Mais l'alchimie parfaite entre un fond, une forme et mes aspirations profondes… Je pleure rien que d'y penser. Fantasme d'une lecture imprégnée, ressentie. Car oui, un livre écrit pour moi est un livre qui me fait physiquement chavirer. Sentir le velouté huileux d'un rayon de soleil égaré, le picotement d'un regard perdu, le vertige d'une caresse.
Au fantasme de la lecture se superpose celui de l'écriture. Un auteur bien connu pour son goût des formicidés a dit, en substance, que chaque écrivain en herbe possède un livre intérieur, et que l'un de chemin vers la littérature passe par la rédaction de ce livre. Ce premier jet ou crachat – parce qu'il faut bien que le corps exhale – sera le plus personnel, le plus proche de sa psyché. À partir de là, de ce premier terreau, il peut envisager un style, un contenu, une forme. Jolie idée, non?
Je sais que ce livre doit sortir, et il s'écrira. La phrase "J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il ne peut n'être destiné qu'à une personne en particulier" prend tout son sens et toute sa gravité, à ce point précis. Écrire un livre pour tous et chacun, qui parle à l'humanité! Délire démiurge et mégalomane. Car au fond, je ne sais bien que, si je devais l'écrire, ce livre ne s'adresserait jamais qu'à toi.
Toi, c'est une ombre qui hante ma vie et qui a trouvé une cachette parfaite au fond de mon encrier. Tu surgis au détour de chaque mot, te planques derrière chaque virgule. Toi… c'est mon secret. Quel que soit la route de ma plume, elle s'arrête à ce jour de septembre où mon destin s'est scellé autour de toi. Elle repasse, pour la millième fois, les étapes de cette histoire, enjolivant parfois, dramatisant souvent. Car finalement, tu n'étais pas si important. La mémoire est une garce, quand elle veut "faire de la littérature". Ce livre-là ne sera écrit que pour moi, pour que je puisse écrire aux autres.
Christa77- Kaléïd'habitué
- Humeur : Rêveuse
Re: A. Les ombres de l'encre
Il y a beaucoup de passages que j'aurais voulu souligner, mais finalement c'est l'ensemble de ton texte et son équilibre que j'aime beaucoup. Dans le fond et la forme. A la fin, le toi à l'imparfait est triste et prude, mais une porte s'ouvre, grâce à la clef des mots.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Les ombres de l'encre
Chacun possède son livre intérieur. Il puisse en l'autre son propre reflet. Ton texte cherchant sa muse pour écrire enfin son moi en est la révélation.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Les ombres de l'encre
Christa, éclaire nous sur ta fin ! J'ai hésité, car comme Escandélia j'avais opté pour un Toi qui étais ta muse. Je me suis ravisé à cause de l'imparfait et du "tu n'étais pas si important" et qu'il s'agissait donc d'un "ex". Par curiosité je viens de vérifier: ton entrée sur Kalé date de septembre! Indice qui penche en faveur d'Escandélia.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Les ombres de l'encre
Virgul : si je gagne, tu paie à boire ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Les ombres de l'encre
Ce texte est prenant, bien écrit, complet en lui-même.
Il a de l'épaisseur, témoigne d'une vie "vraie" avec ses lumières et ses ombres.
J'ai beaucoup aimé. Il m'a touché le coeur.
Pas besoin d'en dire plus sur les derniers paragraphes.
On est au delà des curiosités inutiles.
Juste se laisse porter et respecter les mystères qui sont les nôtres.
Donc, Merci !
Il a de l'épaisseur, témoigne d'une vie "vraie" avec ses lumières et ses ombres.
J'ai beaucoup aimé. Il m'a touché le coeur.
Pas besoin d'en dire plus sur les derniers paragraphes.
On est au delà des curiosités inutiles.
Juste se laisse porter et respecter les mystères qui sont les nôtres.
Donc, Merci !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Les ombres de l'encre
Ton texte m'a touché aussi.
Les mots, c'est aussi parfois hurler en silence tous les secrets tapis au fond de soi.
Viendra-t-il un jour ? Seul son auteur le sait.
Les mots, c'est aussi parfois hurler en silence tous les secrets tapis au fond de soi.
Viendra-t-il un jour ? Seul son auteur le sait.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Les ombres de l'encre
Je ne peux qu'être d'accord avec les comm's précédents.
Ton texte est complètement abouti, même s'il n'est pas totalement révélateur de ton secret, de ton moi intime.
Pour moi, il se constitue de deux parties, celle où tu parles de ton attitude, ton ressenti par rapport aux livres lus, et cela tu le décris magnifiquement bien.
Dans la deuxième partie, tu vires dans l'intime, le secret et le lecteur se pose donc des questions auxquelles tu ne veux pas donner de réponses, à chacun son interprétation.
Perso, et je ne suis pas la seule j'aurais préféré que tu en dises plus.
C'est pourquoi je préfère la première moitié mais c'est uniquement un avis personnel, cela n'enlève rien à ton talent.
Ton texte est complètement abouti, même s'il n'est pas totalement révélateur de ton secret, de ton moi intime.
Pour moi, il se constitue de deux parties, celle où tu parles de ton attitude, ton ressenti par rapport aux livres lus, et cela tu le décris magnifiquement bien.
Dans la deuxième partie, tu vires dans l'intime, le secret et le lecteur se pose donc des questions auxquelles tu ne veux pas donner de réponses, à chacun son interprétation.
Perso, et je ne suis pas la seule j'aurais préféré que tu en dises plus.
C'est pourquoi je préfère la première moitié mais c'est uniquement un avis personnel, cela n'enlève rien à ton talent.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Les ombres de l'encre
Je serais tentée de reprendre mot pour mot le commentaire d'Amanda, sauf la fin.
Deux parties en effet, avec une première partie qui est une réponse à la consigne et une seconde où tu laisses aller ta plume vers un lieu plus intime.
Ta fin me suffit, plus, ce serait du voyeurisme. J’aime le mystère.
Un texte magnifique. merci
Deux parties en effet, avec une première partie qui est une réponse à la consigne et une seconde où tu laisses aller ta plume vers un lieu plus intime.
Ta fin me suffit, plus, ce serait du voyeurisme. J’aime le mystère.
Un texte magnifique. merci
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Les ombres de l'encre
Un très beau texte, complet, et qui se suffit à lui-même.
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A. Les ombres de l'encre
Au fantasme de la lecture se superpose celui de l'écriture.
Rapprochement des deux notions qui résume bien la complexité du sujet : lire, tout un chacun le peut, écrire est une autre démarche ...
Pour l'ensemble du texte
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Les ombres de l'encre
Ton texte à moi aussi me suffit, il est intense et laisse à chacun faire une appropriation. Et j'aime beaucoup le titre!
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: A. Les ombres de l'encre
J'aime beaucoup ton texte et j'apprécie que tu aies gardé une part d'intime et de mystère.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Les ombres de l'encre
Un texte bien écrit et intrigant, avec ce personnage qui reste caché dans l’encrier. Le titre est très beau et il m’évoque a contrario ce Haïku d’un auteur japonais qui compare les caractères sur la page à des « fourmis sans ombre. »
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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