Kaléïdoplumes 3
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divers et varié

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Message  Escandélia Mer 22 Jan - 10:56

Top départ, il est 8 h. ça y est, je me lance. Enfin quand j'aurais fini de me tromper de touche avec ce satané clavier d'ordinateur pourri, et en direct et sans filet, je ne triche pas ! Depuis le temps que je n'ai rien écrit, je ne sais pas ce que cela va donner.
Hier aurait été parfait pour cet exercice, mais les courses à faire. Il faisait beau. Comme vous le savez maintenant, le Limousin bénéficie d'un climat semi océanique, semi montagnard, donc est très humide où très chaud. Là il est surtout humide.

Hier donc, les courses, la lessive, la galette chez des amis à la campagne, retour vers 18h30,pour enchainer une séance de ciné à moitié prix (c'est la semaine des soldes) La vie d'Adèle de Kechiche. Très bon film, un peu  violent et ambiguë quant aux rapports à l'autre. Mais un film courageux pour traiter de l'homosexualité féminine. Si aujourd'hui les meurs ont évoluées, il n'en reste pas moins que ce sujet reste tabou dans bien des familles. Si je n'étais pas née  dans une famille large d'esprit je ne sais pas comment j’appréhenderais ce sujet aujourd'hui. Sans doute avec un regard beaucoup moins tolérant. Je me dis que si un de mes enfants m'annonçait qu'il est homo, je lui aiderai à assumer ses choix et l'encouragerai sur le chemin de son bonheur à lui. Quant à moi, je me dit que peut être  sans les  tabous, sans la culture judéo chrétienne dont nous sommes issus, sans le regard hostile de la société,  beaucoup  d'hétéros seraient aussi homo.  Je trouve qu'il faut encore du courage pour braver tous les interdits et la morale qui est celle de nos civilisations.
C'est un sujet intéressant qu'il faut aborder avec prudence certes, mais avec tolérance, il me semble.

La tolérance, parfois je me demande si elle n'est pas, plus présente que dans des maisons que l'on dit généralement clauses.
J'en veux pour preuve l'attitude des gens qui nous entourent au travail comme dans la rue (surtout dans la rue, car le travail est émancipateur et premier lieu de sociabilité). L'amie chez qui nous étions hier, d'origine portugaise me faisait part d'une remarque d'une personne de son entourage partie vivre sa retraite au Portugal et qui prétendait que la vie est moins chère là bas, mais surtout "on y va à la messe". Très important la messe ! Je pensais d'abord que c'est surtout parce qu'en face de chaque église, il y a un bistrot, mais pas du tout, vous m'avez très bien compris !  Je ne vais pas à la messe, parfois je vais au bistrot, lieu que je trouve beaucoup plus convivial. Par contre je ne supporte pas les gens ivres dont le peu d'intelligence est annihilé par l'alcool.

Je disait donc que l'intolérance est un grand fléau de notre espèce. Alors que la différence devrait être considérée comme source d'enrichissement et d'émancipation, les guerres, les mauvais traitements infligés à ce qui ne nous ressemble pas, à ce qui nous dérange, à ce qui n'est pas conforme à notre propre mode de fonctionnement sont des conséquences graves de notre intolérance.

La diversité, la variété de choix, sont sources de créativité. N'est ce pas cela qui fait avancer le monde ?
Nous sommes confrontés aujourd'hui à la pensée unique, à l'aseptisation de tout ce qui nous consommons (au propre comme au figuré).  Tout cela nous est imposé par des choix qui nous sont étrangers (et si aversion pour ce qui est étranger, je dois avoir, que ce soit pour ce seul aspect du mot "étranger"), que nous ne partageons pas mais auxquels nous sommes soumis par une poignée d'hommes qui prétendent diriger le monde. Oh je sais que sans doute certains seront choqués par ma façon de penser et de dire les choses, mais  hors du débat, il y a -t-il enrichissement de la pensée ? Je serais bien tentée de répondre par la négative à cette question.

Je regrette ce temps où les aliments n'avaient pas tous le même goût, où les pommes n'étaient pas toutes des  golden, où les vaches n'étaient pas toutes des Holstein, où les voitures n'étaient pas toutes de couleur gris métal ou bleue marine, pour donner le change.
La pensée demain sera -t-elle grise ? ou blanche ? ou bleue marine ? Gageons que cela n'est point souhaitable. Moi je veux du rouge, du vert, du mauve, du bordeaux de l'orangé... Toute une palette de choix qui feront un arc en ciel sur lequel pourront danser mille perles de rosée. Une perle, un enfant, un oiseau, une marguerite, une nuée de petites et de grandes choses, mais surtout, l'amour, l'amour de l'autre, l'amour des belles choses, et pour commencer l'amour de tout ce qui fait le monde tolérant, juste et diversifié.

Il est 9 H. Dehors, le jour s'est levé, enfin il a fait semblant, le jour. Le temps est gris et morose, comme l'ambiance en ce début d'année. Chômage et précarité pour les uns, parachutes dorés pour les autres. Selon le camp dans lequel on se place, on peut avoir des raisons de déprimer. Il faut pourtant bien garder le moral si on veut avoir une chance de s'en sortir, car les choses vont sans doute mieux quand on a garder l'envie d'avoir la tête haute et qu'on a choisit d'avancer sans avoir le dos courbé.

Le chômage et le désœuvrement fléau de notre société. Est-il normal que tant de gens qui ont créer toutes les richesses que nous possédons en soient réduit à la mendicité ?
Est il normal que l'école que l'on dit coûter fort cher à nos société, produise de jeunes diplômés qui resterons sur le carreau pendant que leurs ainés, fatigués, épuisés, malades ou handicapés devront continuer de rester travailler pour souvent quelques deniers ? Et lorsque l'heure de la  retraite aura sonné, s'il n'est pas trop tard pour  certains d'entre eux, devoir se priver parfois de soin, mais aussi de pain et de chaleur.

Comme on aimerait croire au bonheur ! Ne pas avoir le souci du lendemain et avoir l'esprit disponible pour  profiter des petites choses qui nous entourent : l'éveil de la nature au printemps, l'éclosion des bourgeons brisant leur corset, le chant des jeunes merles tout juste éclos, un rai de lumière où la poussière vient  danser, tant et tant de choses, tient : le chant d'une source oubliée sous la mousse et qui gonflée par les pluies de l'automne et les neiges de l'hiver viendrait courir à nos pieds , comme la Maulde au lac de Vassivière !

Dans mon pays à moi,  ce n'est pas la Maulde qui s'y promène, c'est l'Ousteau. Petit ruisseau du Haut Livradois, il gagne les vertes pâtures où paissent en robes bigarrées, Montbéliardes et Ferrandaises. La qualité de leur lait vous fait le Saint Nectaire parfumé à souhait, mais aussi la fourme, celle d'Ambert, une des plus persillées, le fromage fermier qui n'a pas de nom particulier mais dont chaque ferme avait le secret, décoré de fleurs jaune, ou rouille signe de sa parfaite maturité.  Choisir un bon fromage, ne s'improvise pas : il faut qu'il soit ferme, mais pas trop, juste à cœur, et crémeux. Sa croute doit être brune, de petite bêtes parsemée ( ce sont elles qui le font murir et lui donnent son délicat fumet.  Ma mère faisait son fromage, c'est avec elle que j'ai appris tout ce que je sais.
Cette femme n'était pas faite pour le bonheur. A 20 ans elle perdit son père. C'était après la guerre. Les filles n'avaient pas d'autre solution pour vivre que de louer leurs bras, de se marier, et d'avoir autant d'enfant que le ciel ou leur mari ? avait choisit de leur donner. Ma mère fit des tricots (elle était experte) pour les dames de Paris. Plus tard, elle se maria, eu 7 enfants, dont je suis l'ainée. A la campagne, il faut trimer, c'est ce qu'elle fit. Sans relâche. Les enfants, la ferme, le bétail, le travail de la terre, les lessives, la cuisine, garder le sourire, et même parfois chanter en écoutant la radio le matin, en tricotant. Nous fredonner une chanson le soir en nous endormant. Tant de choses qu'une maman sait faire sans même l'avoir appris : aimer ses enfants sans le leur dire, à la campagne les choses ne se disent pas. Quand je fus née, c'est le pépé qui me gardait , quand venait l'heure de la tétée, il me donnait le biberon, maman elle était aux  près, aux champs, où à l'étable. Quand je grandis un peu, avec elle , les vaches j'allais garder. Il n'y avait ni landau ni poussette, c'est sur la brouette ou bien dans la remorque que je faisais les trajets. Nous emmenions un petit goûter, pour le 10 h, mon préféré : du pain et du lard  que l'on coupait délicatement en petites bouchées. Eh oui, j'ai été baptisée au lard de ferme, moi, avant d'aller au bénitier !
La Lorette notre chien de berger, jolie chienne bâtard de couleur gris clair tachetée de noire, tantôt courait derrière les vaches leur mordillant le talon, tantôt chassait les musaraignes, les mulots, sautait pour attraper un insecte, un papillon ou bien dormait à nos pieds. Maman tricotait des chaussettes, des tricots, dont jamais je n'en vis de si beaux. J'avais beaucoup de fierté a les porter, plus tard à l'école,  quand la cantinière s'extasiait et proclamait  devant tous :"que ce tricot est beau ! c'est ta maman qui l'a fait, je reconnait  son travail elle a toujours su travailler  ta maman ! Que j'aimais cette femme, véritable protectrice en l'absence de maman . Le monde ne serait pas le monde si nous n'aimions pas être complimenté !




Il est 10h . Derrière le carreau, je vois la lumière du soleil qui tente vaillement de percer un nuage, résidu de l'orage dernier. Il a plu hier en fin de journée. Nous sommes rentré sous les premières goutes. La nuit déjà plombait le ciel. Mon linge au jardin avait pris l'humidité. Nous l'avons étendu près du radiateur.

Ah ! la bonne chaleur de nos maisons !  comme Maman l'aurait appréciée ! elle qui n'eut pour se chauffer qu'un mauvais poêle  dont s'échappait une fumée acre de bois mouillé.

C'était un poêle en fonte, bleue émaillée avec sur le côté un réservoir pour l'eau chaude que nous appelions la bouillotte. Sur le devant un robinet permettait d'en extraire le liquide qui servait pour la pâtée des cochons, pour la toilette des mains après les gros travaux, (le reste ne se lavant que plus occasionnellement).
Une porte donner sur un four où des briques étaient à demeure entreposées. L'hiver, entourées de papier, elles réchauffaient nos lits. Nous y posions nos pieds glacés et nous nous endormions ainsi pelotonnés. La journée par grand froid, nous nous chauffions les pieds au four, papa rouspétait. Nous faisions sortir la chaleur. Nous ne comprenions pas très bien à quoi pouvait servir cette chaleur si nous ne pouvions en bénéficier. Maman, n'avait pas le temps de faire des gâteaux. A moins que ce ne soit pour les briques qui de toute évidence seraient un peu moins chaudes le soir quand nos corps fatigués  s'en iraient dormir dans nos petits lits glacés.

Les hivers en ce temps étaient rudes. La neige  qui faisait son apparition de la Toussaint jusqu'à Pâques bloquait souvent les portes des étables. Pépé qui avait de ses mains bâtit notre maison, avait choisit d'y apposer 2 marches un peu hautes pour rehausser la porte d'entrée et ainsi éviter qu'on ne put sortir pour soigner le bétail et se ravitailler en eau potable à la source du village.
Papa prenait alors une large pelle et déblayait la neige. Les vaches devaient être traites et aussi abreuvée. Au bas de la courette qui bordait la maison, deux petites marches permettaient l’accès à l'étable. Avec un balai à neige, nous faisions la trace pour aller à la grange. Celle ci communiquait avec l'étable. Le foin était par brassée donner aux vaches. Mais l'eau était au bac en bois que pépé avait fait,  en bordure du chemin, pour récupérer l'eau de la source.
Ce n'est qu'en 1968 que nous eûmes l'eau au robinet. Jusqu'alors, nous  la puisions au dehors. Nous n'avions ni commodités, ni bien sûr de machine à laver.  Maman lavait son linge à la serve derrière notre maison.
Son trop plein se déversait dans un réservoir à l'intérieur. Papa y faisait sa toilette le dimanche. Élevé à la dur, il ne craignait pas le froid, disait-il !  ses bronchites chroniques  attestaient du contraire, mais incorrigible, il ne voulait pas d'un confort coûteux qui aurait mangé le bénéfice d'années de travail. Nous nous contentions alors d'un rudiment de bien être, nous tassés près du poêle, eux vaquant à leurs occupations. Se maintenir actif fait oublier le froid quand la misère est trop grande.

Ces conditions assez rudes n'épargnaient peu de monde à l'époque. La petite paysannerie, même propriétaire de quelques lopins, ne connaissait ni le luxe, ni le repos. Travaillant du matin jusqu'au soir, les enfants souvent étaient mis à contribution. Tout cela était naturel et personne ne songeait à s'en offusquer. C'est ainsi qu'avec mes sœurs, nous nous partagions travaux des champs, travaux ménagers, éducation des plus jeunes. Bien que polyvalente et très courageuse, maman ne pouvait pas être présente partout où elle faisait besoin. Malgré cette vie difficile, je garde de mon enfance le souvenir merveilleux de l'insouciance et ces temps heureux. Maman me manque aujourd'hui, elle qui sa vie durant ne connu de bonheur que celui de l'enfance, est partie après des heures de souffrances et sans que je puisse lui dire adieu. Mes regrets et mes pleurs aujourd'hui n'y pourraient rien changer. Mais s'il est entre toutes, une femme que j'admire, c'est maman plus que personne.
Escandélia
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Message  Invité Mer 22 Jan - 14:18

On sent que tu as laissé aller ta plume sans contrôle. Cela donne un texte riche, passionné où se mêlent des sujets brûlants évoqués avec force mais aussi des souvenirs teintés de nostalgie. Encore une fois, tu te livres sans fard Escandélia et c'est à la mesure de ta nature généreuse.

Invité
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Message  Admin Mer 22 Jan - 14:50

Quel bonheur de lire ce texte qui me renvoie à ma propre enfance. Il sent tellement bon ton texte Delia  Merci 
Admin
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Message  Kz Mer 22 Jan - 17:06

J'ai bien aimé ce texte qui part de l'ici et maintenat d'un clavier défectueux pour traverser quelques questions de société, s'arrêter sur une comparaison souriante du bistrot et de l'église, fustiger la pensée unique pour finalement se recentrer sur les valeurs traditionnelles reçues dans l'univers de son enfance. Il y aurait matière à discussion. Reste que c'est agréablement écrit et que cela se lit avec plaisir.  clap 
Kz
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Message  Nerwen Mer 22 Jan - 17:21

On te suit avec plaisir dans le cheminement des tes pensées au cours de ce marathon, et tu éveilles en nous des sensations et des souvenirs  anciens, bien agréables à retrouver.  flower
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Message  Amanda. Jeu 23 Jan - 15:35

Le titre est tout à fait approprié ! Il y a un peu de tout sur tout et sur ce clavier comme tu dis, tu tapes à une vitesse surprenante...

On sent tes pensées bondir plus vite même que l'éclair, on te suit sur la course un peu folle qui mêle allègrement des pensées philosophiques, des critiques sur la société d'aujourd'hui et des bribes de ton enfance,

C'est un joyeux " melting-pot" et Escandelia n'a pas la langue dans sa poche, elle ne vous l'envoie pas dire !

Un plaisir de te lire que je vais continuer sur le Marathon ! Smile 

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