A. L'eau du thé
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Escandélia
Myrte
6 participants
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A. L'eau du thé
J’ai mis l’eau à chauffer pour ton thé.
Ce sont les derniers mots qu’il a prononcé avant de disparaître.
J’étais dans le jardin et somnolais au soleil.
D’habitude il disait je vais acheter le pain ou bien je pars chercher des cigarettes ou alors je vais faire un tour. C’était un code entre nous pour éviter les adieux.
Mais là, quand il a dit j’ai mis l’eau à chauffer pour ton thé, j’ai eu un frisson désagréable, un mauvais pressentiment.
Peut-être parce qu’il ne mettait jamais l’eau de mon thé à chauffer. Comme s’il avait envie de me faire plaisir une dernière fois. Comme s’il se sentait coupable.
Il avait son baluchon sur le dos comme à chaque départ, rien ne laissait imaginer qu’il ne reviendrait plus. Pourtant, je me suis levée brusquement et j’ai couru dans la chambre.
Il avait pris ses livres.
Mon cœur s’est mis à cogner très fort et les larmes me sont montées aux yeux. C’est fini, je me suis dit. Il a pris ses livres. Je me suis assise sur le bord du lit, désemparée. Puis je me suis mise à le détester.
Son parfum sauvage flottait encore dans l’air comme pour me narguer. Je me suis mise à le haïr aussi ce parfum. Sa brosse à dent oubliée, ses cheveux dans le lavabo, la forme de son corps sur le lit encore défait. Son odeur dans mes mains. Le goût de sa bouche sur mes lèvres. Tout cela pour la dernière fois.
Ben alors, tu as laissé la casserole brûler ?
C’était sa voix ! Il était revenu ! Je n’en croyais pas mes oreilles !
J’ai dévalé l’escalier en courant au risque de me rompre le cou.
Il était debout au milieu de la cuisine. Ça sentait le manche de casserole en bakélite brûlé.
Je me suis jetée dans ses bras.
Tu pleures ? Il a dit.
Non, j’ai une poussière dans l’œil. Pourquoi t’es revenu ?
J’avais oublié mes lunettes de soleil.
Dis, tu reviendras ?
Bien sûr ! Pourquoi cette question ?
Je ne sais pas, tu avais pris tes livres, j’ai eu peur que tu me quittes pour toujours.
Mais non, mon trésor, je dois les rendre à la bibliothèque.
Ce sont les derniers mots qu’il a prononcé avant de disparaître.
J’étais dans le jardin et somnolais au soleil.
D’habitude il disait je vais acheter le pain ou bien je pars chercher des cigarettes ou alors je vais faire un tour. C’était un code entre nous pour éviter les adieux.
Mais là, quand il a dit j’ai mis l’eau à chauffer pour ton thé, j’ai eu un frisson désagréable, un mauvais pressentiment.
Peut-être parce qu’il ne mettait jamais l’eau de mon thé à chauffer. Comme s’il avait envie de me faire plaisir une dernière fois. Comme s’il se sentait coupable.
Il avait son baluchon sur le dos comme à chaque départ, rien ne laissait imaginer qu’il ne reviendrait plus. Pourtant, je me suis levée brusquement et j’ai couru dans la chambre.
Il avait pris ses livres.
Mon cœur s’est mis à cogner très fort et les larmes me sont montées aux yeux. C’est fini, je me suis dit. Il a pris ses livres. Je me suis assise sur le bord du lit, désemparée. Puis je me suis mise à le détester.
Son parfum sauvage flottait encore dans l’air comme pour me narguer. Je me suis mise à le haïr aussi ce parfum. Sa brosse à dent oubliée, ses cheveux dans le lavabo, la forme de son corps sur le lit encore défait. Son odeur dans mes mains. Le goût de sa bouche sur mes lèvres. Tout cela pour la dernière fois.
Ben alors, tu as laissé la casserole brûler ?
C’était sa voix ! Il était revenu ! Je n’en croyais pas mes oreilles !
J’ai dévalé l’escalier en courant au risque de me rompre le cou.
Il était debout au milieu de la cuisine. Ça sentait le manche de casserole en bakélite brûlé.
Je me suis jetée dans ses bras.
Tu pleures ? Il a dit.
Non, j’ai une poussière dans l’œil. Pourquoi t’es revenu ?
J’avais oublié mes lunettes de soleil.
Dis, tu reviendras ?
Bien sûr ! Pourquoi cette question ?
Je ne sais pas, tu avais pris tes livres, j’ai eu peur que tu me quittes pour toujours.
Mais non, mon trésor, je dois les rendre à la bibliothèque.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. L'eau du thé
La chute est un bizarre, aller à la bibliothèque avec un balluchon sur le dos. T'es sûre ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. L'eau du thé
Non, Escandlia, il ne va pas à la bibliothèque tout de suite avec son baluchon.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. L'eau du thé
J'ai imaginé un amant épisodique de passage puisqu'ils ont leur code d'adieux à chaque départ. Où va-t-il ? Rejoindre son bateau pour plusieurs mois et elle craint de ne plus le revoir car cette fois-ci il a pris ses livres. Elle ne savait pas que ces livres ne lui appartenaient pas. Visiblement ce marin est un aventurier, il ne s'approprie pas.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. L'eau du thé
J'aime bien ce texte. Il est très plausible.
J'espère seulement qu'elle ne change pas trop souvent d'amant.
Son parfum, c'est certainement un parfum de myrte.
J'espère seulement qu'elle ne change pas trop souvent d'amant.
Son parfum, c'est certainement un parfum de myrte.
Invité- Invité
Re: A. L'eau du thé
Ah! le parfum de la myrte! C'est pour lui que j'ai choisi ce pseudonyme!
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. L'eau du thé
Myrte a écrit:Ah! le parfum de la myrte! C'est pour lui que j'ai choisi ce pseudonyme!
J'ignorais ce parfum "à l'odeur aromatique, résineuse, cireuse, légèrement fruitée", dixit Google.
J'ai immédiatement accroché à ton récit, son articulation, ses décrochements, sa simplicité, sa réalité du quotidien... Et puis ce code pour ne pas dire adieu, et le coup de la casserole, et puis naturellement la chute heureusement heureuse.
Dans ma naïveté je l'attendais... Merci
Le mot baluchon a failli me déstabiliser, il est d'un autre temps.
Tadig
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A. L'eau du thé
Houps! Que cet amour doit compliqué à vivre...
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A. L'eau du thé
Une héroïne à l'opposé de la mienne
J'aime beaucoup cette idée de rituel de départ. Tu traduis fort bien la tension qui monte, puis retombe comme par un coup de théâtre. Happy end!
J'aime beaucoup cette idée de rituel de départ. Tu traduis fort bien la tension qui monte, puis retombe comme par un coup de théâtre. Happy end!
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. L'eau du thé
Un amant épisodique auquel elle semble fort attachée! Pas facile de se battre contre le chant des sirènes.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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