A - Enfance en rouge et noir
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Amanda.
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Escandélia
Martine27
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A - Enfance en rouge et noir
Un grand portail. Pousser la porte sur le côté. Entrer.
Une cour, au fond, une remise, des voitures rouges y sont garées, grande échelle, fourgon pompe-tonne. Est-ce pour cela que le rouge reste ma couleur préférée ?
Juste à l'entrée le standard avec fils et fiches.
Denis la Malice s'amuse à me voir courir après ce qu'il appelle le calot fantôme, en dessous un lot pour le 14 juillet, c'est un cochon d'Inde borgne noir, blanc et roux, elle s'appellera Mélanie et restera à la maison. Dans le bureau, le képi de mon père posé à l'envers, dedans une boule de poils noire et blanche, elle aussi lot pour le 14 juillet, c'est ma Poussy et elle me suivra jusqu'à mes 18 ans.
Un large espace derrière la remise, dévidoirs vidés, tuyaux mis à sécher, à la fois terrain de manœuvre et terrain de jeu. Un haut portique, des cordes lisses, j'y grimpe ou je les noues pour en faire une balançoire.
Le réfectoire, tables et chaises poussées, j'y fais du patin à roulette. Au comptoir, le cuistot m'abreuve d'Orangina pour faire passer les barres de Nuts généreusement offertes.
Un vélo, un de mes "grands frères" pompiers court derrière moi pour m'empêcher de tomber. Le cheval d'arçon devient un vrai cheval et je chevauche au-delà du gigantesque tas de coke qui sert à chauffer la caserne et que j'escalade avec les enfants du second de mon père.
Logement de fonction, je refuse de monter dans le grenier seule, il y a un affreux nain dessiné sur un poteau je ne veux pas lui tourner le dos et s'il allait de sauter dessus ?
De jour comme de nuit, la sirène, stridente qui retentit, les pompiers se précipitent, le portail s'ouvre, les camions démarrent, pin-pon, tiens bon. Nous, les enfants nous poussons, il ne faut pas gêner, ma trottinette en a fait les frais, aplatie par la grande échelle.
Lorsqu'ils reviennent parfois une odeur de brûlé les accompagne. La nuit je n'entends plus vraiment l'alarme, j'émerge quelques instants au son des lourdes bottes de mon père qui dévalent l'escalier, je sais qu'au pied du lit de mes parents, le pantalon est déjà en partie enfoncé dans les bottes, le casque et le veston de peau juste à côté, en quelques secondes il est prêt à décaler.
De cette enfance je garde précieusement sens de l'humour noir, esprit de corps et loyauté.
Une cour, au fond, une remise, des voitures rouges y sont garées, grande échelle, fourgon pompe-tonne. Est-ce pour cela que le rouge reste ma couleur préférée ?
Juste à l'entrée le standard avec fils et fiches.
Denis la Malice s'amuse à me voir courir après ce qu'il appelle le calot fantôme, en dessous un lot pour le 14 juillet, c'est un cochon d'Inde borgne noir, blanc et roux, elle s'appellera Mélanie et restera à la maison. Dans le bureau, le képi de mon père posé à l'envers, dedans une boule de poils noire et blanche, elle aussi lot pour le 14 juillet, c'est ma Poussy et elle me suivra jusqu'à mes 18 ans.
Un large espace derrière la remise, dévidoirs vidés, tuyaux mis à sécher, à la fois terrain de manœuvre et terrain de jeu. Un haut portique, des cordes lisses, j'y grimpe ou je les noues pour en faire une balançoire.
Le réfectoire, tables et chaises poussées, j'y fais du patin à roulette. Au comptoir, le cuistot m'abreuve d'Orangina pour faire passer les barres de Nuts généreusement offertes.
Un vélo, un de mes "grands frères" pompiers court derrière moi pour m'empêcher de tomber. Le cheval d'arçon devient un vrai cheval et je chevauche au-delà du gigantesque tas de coke qui sert à chauffer la caserne et que j'escalade avec les enfants du second de mon père.
Logement de fonction, je refuse de monter dans le grenier seule, il y a un affreux nain dessiné sur un poteau je ne veux pas lui tourner le dos et s'il allait de sauter dessus ?
De jour comme de nuit, la sirène, stridente qui retentit, les pompiers se précipitent, le portail s'ouvre, les camions démarrent, pin-pon, tiens bon. Nous, les enfants nous poussons, il ne faut pas gêner, ma trottinette en a fait les frais, aplatie par la grande échelle.
Lorsqu'ils reviennent parfois une odeur de brûlé les accompagne. La nuit je n'entends plus vraiment l'alarme, j'émerge quelques instants au son des lourdes bottes de mon père qui dévalent l'escalier, je sais qu'au pied du lit de mes parents, le pantalon est déjà en partie enfoncé dans les bottes, le casque et le veston de peau juste à côté, en quelques secondes il est prêt à décaler.
De cette enfance je garde précieusement sens de l'humour noir, esprit de corps et loyauté.
Dernière édition par Martine27 le Mer 7 Sep - 13:15, édité 2 fois
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Enfance en rouge et noir
On retrouve bien l'ambiance de la caserne dans ton texte. J'y retrouve aussi quelques souvenirs en fin de récit qui m'ont été contés par mon beau père, lui aussi était pompier.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - Enfance en rouge et noir
Est-ce qu'il est possible que tu édites ton texte afin de l'aérer un peu? (à moins que tu veuilles absolument garder cette forme).
Je trouve en effet que ça ne facilite pas la lecture et que ton texte mériterait quelques sauts de ligne.
Sur le fond, j'ai beaucoup aimé pousser la porte de la caserne et voir ce qui se passe derrière. Il y a beaucoup de simplicité et de pudeur dans ta description. Ta condition de vie était pour toi naturelle, mais pour un enfant de l'extérieur, elle devait paraître extraordinaire.
Ce thème pourrait faire l'objet d'une véritable nouvelle, peut-être d'un livre de souvenirs, tant tu dois avoir d’anecdotes à raconter. Y-a-tu pensé?
Tu dois avoir d'incroyables souvenirs car un tel terrain de jeux n'est pas banal.
Tu aurais pu donner comme titre: mon père ce héros
J'ai beaucoup aimé ton texte, mais aère
Je trouve en effet que ça ne facilite pas la lecture et que ton texte mériterait quelques sauts de ligne.
Sur le fond, j'ai beaucoup aimé pousser la porte de la caserne et voir ce qui se passe derrière. Il y a beaucoup de simplicité et de pudeur dans ta description. Ta condition de vie était pour toi naturelle, mais pour un enfant de l'extérieur, elle devait paraître extraordinaire.
Ce thème pourrait faire l'objet d'une véritable nouvelle, peut-être d'un livre de souvenirs, tant tu dois avoir d’anecdotes à raconter. Y-a-tu pensé?
Tu dois avoir d'incroyables souvenirs car un tel terrain de jeux n'est pas banal.
Tu aurais pu donner comme titre: mon père ce héros
J'ai beaucoup aimé ton texte, mais aère
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A - Enfance en rouge et noir
@ Escandélia : Ambiance années 60, je ne sais pas si c'est toujours aussi "détendu" aujourd'hui, surtout à Paris. Lorsque mes parents recevaient d'anciens pompiers je dois avouer que j'adorais les écouter raconter leurs histoires, encore et encore. Mon seul regret est d'être née trop tôt pour perpétuer la tradition familiale (mon oncle était pompier lui aussi).
@ Admin : Sir, yes sir , j'ai encore un peu de mal avec la mise en page.
Comme tu le dis ayant vécu en caserne (à Paris) de ma naissance à mes onze ans cette manière de vivre était tout-à-fait normale pour moi.
Intéressante ton idée, je m'en vais jeter mes souvenirs sur le papier, comme ils viennent, ils peuvent être le témoignage d'un "art de vivre" qui n'existe plus je le crains.
Mon père ce héros effectivement, mais il n'aurait pas aimé ce titre, pour lui c'était simplement son métier et ce qu'il faisait était naturel.
@ Admin : Sir, yes sir , j'ai encore un peu de mal avec la mise en page.
Comme tu le dis ayant vécu en caserne (à Paris) de ma naissance à mes onze ans cette manière de vivre était tout-à-fait normale pour moi.
Intéressante ton idée, je m'en vais jeter mes souvenirs sur le papier, comme ils viennent, ils peuvent être le témoignage d'un "art de vivre" qui n'existe plus je le crains.
Mon père ce héros effectivement, mais il n'aurait pas aimé ce titre, pour lui c'était simplement son métier et ce qu'il faisait était naturel.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Enfance en rouge et noir
Super, c'est bien plus agréable à. Lire avec ton texte aéré
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A - Enfance en rouge et noir
Très intéressant ce texte, belle évocation d'une enfance dans un lieu particulier, une vie certainement mal connue de tout un chacun.
Y ajouter la notion de couleurs y met un piment particulier
J'adore l'évocation des différents objets jusqu'à leur finalité
Y ajouter la notion de couleurs y met un piment particulier
J'adore l'évocation des différents objets jusqu'à leur finalité
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Enfance en rouge et noir
On pousse la porte et on y est. Bravo!
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A - Enfance en rouge et noir
Belle évocation de ton enfance, c'était comme si j'y étais... le lieu, les objets, les boules poils...
Merci ! :-)
Merci ! :-)
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A - Enfance en rouge et noir
Merci à toutes
@ Amanda : La vie en caserne c'est en effet quelque chose de bien particulier. Pour les objets, il faut remercier notre Admin qui m'a incitée à aérer mon texte, c'est comme ça que je me suis rendue compte qu'il y avait effectivement un objet au début de chaque phrase, j'étais vraiment en écriture automatique sur ce coup là
@ Madeleine : Bienvenue dans mon monde.
@ Julie : Bienvenue à toi aussi, d'où elles sont mes boules de poils te saluent
@ Amanda : La vie en caserne c'est en effet quelque chose de bien particulier. Pour les objets, il faut remercier notre Admin qui m'a incitée à aérer mon texte, c'est comme ça que je me suis rendue compte qu'il y avait effectivement un objet au début de chaque phrase, j'étais vraiment en écriture automatique sur ce coup là
@ Madeleine : Bienvenue dans mon monde.
@ Julie : Bienvenue à toi aussi, d'où elles sont mes boules de poils te saluent
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Enfance en rouge et noir
Les pompiers, tout le monde semble les connaître, ils sont là quand il y a besoin d'eux, quand il y a péril, c'est établi.
Mais tu nous montres les coulisses, la vie civile au quotidien et le fantastique terrain de jeu pour les mômes.
C'était pour toi une enfance normale, ton enfance, mais elle est vraiment peu banale
Mais tu nous montres les coulisses, la vie civile au quotidien et le fantastique terrain de jeu pour les mômes.
C'était pour toi une enfance normale, ton enfance, mais elle est vraiment peu banale
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
Re: A - Enfance en rouge et noir
j'aime beaucoup cette évocation d'un lieu et d'une enfance qui sont pour moi des terrains entièrement inconnus!
Adrienne- Kaléïd'habitué
- Humeur : brouillonne
Re: A - Enfance en rouge et noir
@ Silhène et Adrienne (et à tous) merci d'avoir partagé mon terrain de jeu. J'en profite pour vous mettre une citation extraite de la pièce de la pétillante Maria Pâcome "Une mesure d'avance" :
C'est inoubliable un pompier. Archétype de l'homme avec un grand H. C'est pourquoi tout le monde les adore, les bourges, comme les prolos, les caissières comme les intellos, les jeunes comme les vieux. Et puis en plus il est auréolé du mythe du héros. Il éteint le feu, il se jette dans le danger, il protège la veuve et l'orphelin, ils débarquent à quatre pour sauver le petit chat qui est coincé dans une gouttière. On l'admire, il ne fait pas peur, il est fort mais jamais brutal, tendre mais jamais faible.
C'est inoubliable un pompier. Archétype de l'homme avec un grand H. C'est pourquoi tout le monde les adore, les bourges, comme les prolos, les caissières comme les intellos, les jeunes comme les vieux. Et puis en plus il est auréolé du mythe du héros. Il éteint le feu, il se jette dans le danger, il protège la veuve et l'orphelin, ils débarquent à quatre pour sauver le petit chat qui est coincé dans une gouttière. On l'admire, il ne fait pas peur, il est fort mais jamais brutal, tendre mais jamais faible.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Enfance en rouge et noir
Très belle description d'un lieu de vie particulier et inconnu du grand public. Généralement, tout le monde aime les pompiers pour leur bravoure et dévouement sans compter, sachant qu'une partie d'entre eux n'est indemnisé que modestement. On ignore, je pense, qu'il y a derrière tout cela, une vie de caserne ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A - Enfance en rouge et noir
Effectivement Catsoniou être pompier est une vocation et parfois elle est mal récompensée, ne serait-ce que lorsque des imbéciles les caillassent (ça me fiche hors de moi ça). De mon côté c'est dans une caserne de pompiers de Paris que j'ai vécu c'était du plein temps donc et j'étais "au spectacle" pour les entraînements, le nettoyage du matériel au retour des interventions et aussi pour la préparation du fameux bal du 14 juillet, un sacré boulot comme tu peux le voir ici (mon père en première ligne !)
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Enfance en rouge et noir
C'est chouette de nous avoir fait vivre l'ambiance particulière de la caserne et le quotidien des pompiers au travers de tes yeux d'enfant. J'ai aussi aimé le style: tu plantes les objets et les endroits en début de phrase et tu nous en fait suivre le parcours, comme une visite animée. Très agréable lecture au cours de laquelle on te suit volontiers.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A - Enfance en rouge et noir
Merci à toi de m'avoir accompagnée dans ma revisite du passé. Je n'ai pas eu conscience de mettre un objet en début de phrase en écrivant, tout l'intérêt de l'écriture semi-automatique, le cerveau conscient doit se mettre un peu en veille.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Enfance en rouge et noir
J'aime beaucoup l'évocation de ce lieu où tu as vécu une partie de ton enfance: les objets, mais aussi tes peurs, la place que tu occupes ou que tu dois laisser, le tout vécu intensément, le mélange de ton vécu enfant et ton regard d'aujourd'hui. Bravo!
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A - Enfance en rouge et noir
Merci. Je pense que c'est le regard d'adulte que je porte maintenant sur mon enfance qui me permet de l'apprécier encore plus et surtout j'ai pas mal de photos qui me permettent de me replonger dans ce monde à part
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
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