A. Panne d'ascenseur

Les portes se ferment, j’appuie sur le bouton 0 et l’ascenseur glisse doucement vers le rez-de-chaussée.

Dans ma tête, les images de ma longue journée de travail affluent dans le désordre. Je termine ma semaine avec le sentiment du devoir accompli. Je suis restée bien après l’heure pour partir en week-end détendue. Mes collègues m’ont quittée l’un après l’autre et je suis restée seule dans le bâtiment. La nuit est tombée.

Soudain, l’ascenseur émet quelque chose qui ressemble à un gros soupir et se fige brusquement. Les lampes halogènes clignotent. Mon sang se glace.

Mes pensées se bousculent. Nous sommes vendredi soir, tout le monde est parti, je suis seule, coincée dans un ascenseur en panne.

Mon coeur bat la chamade et la panique s’empare de moi. Je me raisonne, reste calme, respire lentement, rien de grave, réfléchis à ce qu’il faut faire. D’abord actionner le bouton d’appel. Cela déclenche des bip continus en attendant une sonnerie.

Bip bip bip bip bip bip … et pas de sonnerie.

Mes mains sont moites et ma gorge sèche.

Bip bip bip bip bip … toujours pas de sonnerie

Vite, le bouton d’alarme. Une sorte de klaxon retentit qui me vrille les tympans.

Mais s’il n’y a plus personne dans l’immeuble, qui va l’entendre ?

Le téléphone portable, dernière solution. Pas de réseau ! Je suis au bord des larmes.

J’actionne tous les boutons frénétiquement. Un, deux, trois, quatre, les dix étages, l’ouverture et la fermeture des portes. Je m’acharne sur celui d’appel, sur l’alarme.

Rien n’y fait.

Alors, je me mets à hurler. Au secours, je suis coincée dans l’ascenseur !

Y a-t-il un gardien le soir ? Une équipe de nettoyage ?

J’appelle encore. Je commence à avoir chaud. Très chaud. Je manque d’air.

Les cabines d’ascenseur sont-elles ventilées ? Celui-ci est assez vieux. Est-il aux normes ? Vais-je mourir asphyxiée ?

L’angoisse m’étreint.

Toujours pas de réseau sur mon téléphone portable.

J’essaye d’être rationnelle. Pierre va s’inquiéter. Il ne pourra pas me joindre.

A partir de quand va-t-il faire des recherches ?

Je tente à nouveau un appel. Bip bip bip… Puis rien…

Je sonne encore et encore. Je pleure, je crie, j’appelle désespérément.

Il est vingt et une heure. Je ne rentre jamais aussi tard.

Pierre ! Pierre ! Viens me chercher, je n’en peux plus.

Les larmes montent.

Soudain les portes s’ouvrent … et je vois un mur de béton !

C’est encore plus angoissant !

Des hurlements sortent de tout mon corps. Je ne contrôle plus rien. Je ne supporte plus d’être enfermée et tambourine violemment les parois avec mes poings. J’en ai mal aux doigts.

Les portes se referment brusquement et l’ascenseur s’ébranle. J’ai l’impression qu’il descend à une vitesse prodigieuse. Il va se fracasser ! Je vais mourir ! Au secours !

Un grand bruit. L’ascenseur s’arrête. La lumière s’éteint. Les portes s’ouvrent.

Un technicien se tient dans l’encadrement. Alors ma petite dame, on a eu chaud ?

oulala! faudrait pas trop qu'il se moque de "la petite dame", ce technicien, ou je lui colle une baffe, non mais :-)
(on la sent, l'angoisse)

Il est vrai que depuis la mise aux normes des ascenseurs… l'alarme est directement donnée à la centrale de l'ascensoriste...

Mais quand même ... le suspense est très bien mené, l'histoire bien construite, on suit très bien la scène.
Bravo pour ce texte !

On dirait du vécu ?
C'est tellement bien dosé jusqu'à la panique totale et le technicien sauveteur !

Un récit tres angoissant pour la phobique que je suis. Tu décris parfaitement la montée en puissance de la peur, jusqu'à la crise de panique

C'est très bien observé et on partage les émotions et les angoisses de la narratrice. La porte qui s'ouvre sur un mur de béton, là ça n'est plus de la peur qu'on ressent, c'est de l'épouvante !

Tu traduis très bien la montée de la peur qui se transforme peu à peu en angoisse, puis en panique, et j'aime particulièrement le contraste avec le flegme goguenard du dépanneur.

Bonjour le flip ! Morale : Eviter de prendre l'ascenseur quand on est le dernier à partir (ou se munir d'une batte de base ball pour en flanquer un bon coup au technicien humoriste !)

Hou la la, j'aurais pas aimé être à sa place dans l'ascenseur. On sent très bien la montée de la peur, la panique, l'angoisse qui fait perdre tout contrôle. Heureusement que le technicien a entendu l'appel. Sinon, je ne sais pas si la dame en serait sortie vivante! Brrrr! Ton histoire me fait frissonner.