A- Un mur porteur
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Martine27
Amanda.
Sherkane
Charlotte
Myrte
Cassy
10 participants
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A- Un mur porteur
Je le regardai s’éloigner dans ce paysage presque irréel avec cette douleur tapie au creux de ma poitrine, de celle que l’on éprouve au moment des adieux, lorsqu’on a la certitude que l’au revoir est probablement définitif.
J’étais venue chercher cette lumière particulière que l’on ne trouve que sur ce bout de terre, juste avant que la nuit polaire ne recouvre cette partie de l’Arctique.
J’étais venue en étrangère pour rencontrer un homme et raconter sa vie dans un coin perdu de la Toundra. J’avais des tas de questions à lui poser : pourquoi avait-il choisi de vivre ici, comment supportait-il la solitude, envisageait-il de quitter un jour cet endroit inhospitalier. Que faisait-il de ses journées, à quoi rêvait-il.
Finalement je ne lui ai rien demandé. Tout était écrit dans ses gestes, dans sa silhouette, dans ses yeux incroyablement bleus. J’ai trouvé quelques réponses dans les silences de Slava. Il se fond dans le paysage comme une évidence. Il est là où il doit être, là où il se sent le mieux. Il est un mur porteur de ces grands espaces. Le regard qu’il pose sur ce qui l’entoure est comme la lumière du jour sur cette étendue de neige et de glace : humble et naturelle.
Le pas de Slava est léger, si léger qu’il ne laisse qu’une fine empreinte dans la neige fraîche. Il s’enfonce parfois dans la Toundra et disparait derrière un écran de flocons. J’ai alors l’impression que c’est le vent qui vient le cueillir sur le pas de la porte et l’emporte dans une longue promenade ponctuée de secrets échangés qu’eux seuls peuvent partager.
Slava parle le vent, la neige et la nuit polaire. Il parle le froid, le blanc et l’aurore boréale. Il parle le soleil qui se couche pour de longs mois, le feu qui crépite dans le pieux poêle, l’eau qui bruisse dans la théière. Mais à moi il ne parle pas. Aucun son ne glisse au-delà de ses lèvres. Je me contente de suivre son regard. C’est ainsi que j’entre dans son monde, c’est ma façon de l’apprivoiser.
Je le regardai s’éloigner dans ce paysage irréel avec la certitude de le savoir heureux ici, à Hodovarikha et le sentiment d’appartenir pour une infime partie de mon être à ce bout de terre.
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A- Un mur porteur
Très beau portrait. C'est bien ainsi que je l'imaginais.
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A- Un mur porteur
Très beau texte et un très beau portrait de Slava
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A- Un mur porteur
Cet homme doit effectivement être un roc pour vivre dans de telles conditions, mais aussi un sacré philosophe.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A- Un mur porteur
Un très beau texte qui fait parfaitement écho à l'atmosphère qui se dégage des photographies
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- Un mur porteur
Un régal! Une solitude pleine de silences qui nous mènent vers l'être, la beauté, l'âme du profond... et des étendues vierges où file notre imagination. Magistralement écrit.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A- Un mur porteur
J’aime beaucoup cette façon de comprendre sans mots le mystère d’un être :
Tout était écrit dans ses gestes, dans sa silhouette, dans ses yeux incroyablement bleus. J’ai trouvé quelques réponses dans les silences de Slava
Beaucoup de poésie, pas pour faire joli, mais pour restituer au mieux l’image de cet homme :
J’ai alors l’impression que c’est le vent qui vient le cueillir sur le pas de la porte et l’emporte dans une longue promenade ponctuée de secrets échangés qu’eux seuls peuvent partager.
Ce voyage aura été initiatique pour la journaliste. Et ton texte aussi nous fait toucher quelque chose d’essentiel.
Tout était écrit dans ses gestes, dans sa silhouette, dans ses yeux incroyablement bleus. J’ai trouvé quelques réponses dans les silences de Slava
Beaucoup de poésie, pas pour faire joli, mais pour restituer au mieux l’image de cet homme :
J’ai alors l’impression que c’est le vent qui vient le cueillir sur le pas de la porte et l’emporte dans une longue promenade ponctuée de secrets échangés qu’eux seuls peuvent partager.
Ce voyage aura été initiatique pour la journaliste. Et ton texte aussi nous fait toucher quelque chose d’essentiel.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A- Un mur porteur
Yes tu sais écrire et nous faire ressentir si bien les sensations de Evgenia la visiteuse.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
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