A - Toujours pro (suite et fin)

**silhène** Jeu 6 Oct - 22:15

Après plusieurs semaines, mon enquête n’avait pas avancé. Rien, pas le moindre indice, la moindre piste, le néant.
J’avais pourtant durement payé de ma personne, en testant tous les restos, cafés, que je trouvais sur ma route. A m’avait précisé « budget illimité, le ministre attend une réponse ».
Ne décevons pas le ministre.

Mais les restaurateurs, patrons de bar, ne savaient rien, ou ne voulaient rien dire.
Avec une bonhomie à l’accent du sud, ils juraient leurs grands dieux que leur établissement ne servait que du frais et du fait maison. Le discours habituel, mais faux, tout estomac un peu averti le sait.

J’étais dans l’impasse, et quand j’en parlais à A, lors de nos briefings réguliers, elle semblait détachée, distante, comme si cette affaire n’était finalement plus si importante.
Je naviguais à vue, avec la désagréable impression d’être un pion dans une histoire qui me dépassait.

Je piétinais, et pire que ça, je commençais à être bien connue dans le coin comme la journaliste (ma couverture pour la mission) un peu trop curieuse qu’il valait mieux éviter.
Ma présence provoquait des remous, et j’avais appris par mes collègues au siège, qui me suivaient de loin, que les vrais journalistes s’intéressaient à moi et ne tarderaient pas à m’aborder.

Ma couverture commençait à griller, je n’avais plus le choix, il me fallait rentrer au QG et rendre compte de l’échec de ma mission, la mort dans l’âme.

Le lendemain j’étais de retour au bercail, mon bureau était tel que je l’avais laissé un mois auparavant, rien n’avait changé.
Je pensais être convoquée rapidement par A, mais elle était absente et en mission très spéciale, d’après sa secrétaire.
Impossible d’en savoir plus, inutile d’insister.

J’avais un peu de temps pour boucler mon rapport, je me doutais bien de toute façon de la façon dont il serait perçu.

Je me trompais….

Trois jours plus tard, la convocation est tombée.
La mine grave, mais pas sévère, comme je l’aurais cru, A m’attendait dans son bureau, en compagnie du Boss, le chef des chefs des services.
Très inhabituel que cet homme se déplace pour assister à un compte-rendu de mission, l’entrevue prenait un drôle de tour.

Sans un mot ils m’ont tendu un papier, un communiqué plutôt, sur lequel était écrit en rouge : « confidentiel, secret d’état ».
Il y était question d’un haut politicien trempé jusqu’au coup dans une sombre histoire de contrefaçons alimentaires, et qui allait être mis en examen.

Sans le nommer, le communiqué parlait d’un agent qui avait servi de leurre afin de remuer la vase autour de l’affaire pour obliger les responsables à réagir et se protéger.

Le ministre, qui suspectait le politicien depuis longtemps, avait chargé A et le Boss de monter l’opération pour obliger le loup à sortir de sa tanière.

Mission réussie, finalement….