A. Une vie grise
+5
Martine27
Amanda.
plumentete
Cassy
AlainX
9 participants
Page 1 sur 1
A. Une vie grise
Une vie grise
Lorsque s'en vient le soir la mélancolie descend sur lui à mesure que le soleil décline à l'horizon.
« La vie n'est pas ce qu'elle doit être », telle est la pensée qui lui revient systématiquement, comme un mantra négatif, une sorte de pollution de l'esprit, qu'il croit souvent apercevoir en même temps que s'élève du sol cette légère brume diaphane et insaisissable, à l'identique des pensées de son cerveau encombré des poussières d'un passé révolu.
Le jour, il a l'occupation ordinaire. Toutes ces petites choses que l'on fait machinalement et qui permettent à la pensée d'éviter son déroulement pénible et mortifère. Sa vie est terne comme un mur gris. D'aussi longtemps qu'il s'en souvienne, il n'a fait que longer ce mur, ou se cogner la tête contre lui, comme s'il allait pouvoir un jour devenir passe muraille. À chaque fois, le souvenir de Bourvil dans le film du même nom, revient lui enfler la cervelle.
Combien de fois n'a-t-il pas imaginé traverser ce mur gris et trouver de l'autre côté une herbe fraîche, un soleil réchauffant, et pourquoi pas quelque chose qui aurait pu ressembler à de l'amour.
Lorsque s'en vient le soir il est déjà trop tard pour réussir une journée qui, une fois de plus, lui aura totalement échappé. Demain sera pareil à hier et le surlendemain identique à la veille. La boucle est bouclée, il n'y a rien à recevoir, aucun enseignement. Pourtant il en avait vu des graffitis sur ce mur gris : des bêtises, des hiéroglyphes, des bites stylisés avec de grosses paires de couilles, et en dessous un numéro de téléphone suivi d'une mention : « je suce pour pas cher ». Pour rien au monde il n'aurait appelé, il avait horreur des trucs à trop bas prix.
Et puis est-ce que c'était cela vivre ? Satisfaire des besoins primaires ? Après une si longue évolution en arriver seulement à une vague montée d'une demi-marche, à peine un peu plus que l’animalité ?
Lorsque survient le soir ce serait peut-être le moment d'en appeler à la mort. Comme une délivrance définitive, venant mettre fin à une naissance qui n'aurait même pas dû être. Il paraît qu'on l'avait trouvé nu, dans cette poussière grise. Il ne criait même plus. Cette bonne volonté qui l’amena jusqu'à l'orphelinat voisin, avait-elle eu raison d'agir ainsi ?
Il se souvint avoir entendu la parole d'un autre, un jour, prononcée comme ça, il ne sait plus où :
« L’enfer est pavé de bonnes intentions ».
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Une vie grise
Alainx, c'est un de tes plus beaux textes
Jusqu'au bout plusieurs lectures possibles mais on reste sur un doute, l'image est la, on l'a en tête et tu décris parfaitement l'enfermement qu'évoque ce mur mais les enfants, ou l'enfant, sî important dans la photo, on le cherche pour avoir le lien. Et puis on l'oublie car ton texte nous emporte. Et la fin arrive, cet enfant, nu, abandonné là. Alors tout ton texte prend du sens.
Je suis admirative, j'aurais aimé ecrire ce texte. Qu'est ce que j'aurais aimé ecrire ce texte
Jusqu'au bout plusieurs lectures possibles mais on reste sur un doute, l'image est la, on l'a en tête et tu décris parfaitement l'enfermement qu'évoque ce mur mais les enfants, ou l'enfant, sî important dans la photo, on le cherche pour avoir le lien. Et puis on l'oublie car ton texte nous emporte. Et la fin arrive, cet enfant, nu, abandonné là. Alors tout ton texte prend du sens.
Je suis admirative, j'aurais aimé ecrire ce texte. Qu'est ce que j'aurais aimé ecrire ce texte
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Une vie grise
Bien évidemment, je suis beaucoup touché par ton commentaire.
Je ne sais pas vraiment pourquoi (j'en parlerai à mon psychanalyste !…), cette photo m'est apparue comme d'une infinie tristesse désespérante.
Il s'en est suivi ce texte qui est sorti « un peu tout seul » sous ma plume/clavier.
Quant à l'écriture elle-même, en tant que telle, j'avais tout à coup ce sentiment de tirer les bénéfices de plusieurs années d'ateliers d'écriture auxquels je participe « en live ».
J'ai toujours chez moi, pas bien loin de ma portée, ton dernier livre qui se prête bien à une lecture dans la durée. Tu écris aussi de beaux textes quand tu laisses ta sensibilité s'exprimer librement.
Comme tu as choisi d'être moins « en première ligne » sur Kalé, peut-être pourras-tu plus de consacrer à une écriture personnelle sur les consignes…
C'est ce que je te souhaite et nous souhaite.
Merci encore pour tes mots.
Je ne sais pas vraiment pourquoi (j'en parlerai à mon psychanalyste !…), cette photo m'est apparue comme d'une infinie tristesse désespérante.
Il s'en est suivi ce texte qui est sorti « un peu tout seul » sous ma plume/clavier.
Quant à l'écriture elle-même, en tant que telle, j'avais tout à coup ce sentiment de tirer les bénéfices de plusieurs années d'ateliers d'écriture auxquels je participe « en live ».
J'ai toujours chez moi, pas bien loin de ma portée, ton dernier livre qui se prête bien à une lecture dans la durée. Tu écris aussi de beaux textes quand tu laisses ta sensibilité s'exprimer librement.
Comme tu as choisi d'être moins « en première ligne » sur Kalé, peut-être pourras-tu plus de consacrer à une écriture personnelle sur les consignes…
C'est ce que je te souhaite et nous souhaite.
Merci encore pour tes mots.
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Une vie grise
Pfff, vous mettez la barre haut Cassy et toi, très haut! J'aime quand tu écris avec cette sensibilité là, un texte triste oui mais si beau, je vois très bien ton personnage, comme Cassy je me suis laissée emporter dans ton écriture et ta chute m'a ramenée à la consigne, bravo Merci pour ce texte si sensible et si beau...
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
Re: A. Une vie grise
Est-ce le côté obscur de la force qui resurgit en toi ?
J'ai vraiment été surprise d'abord, puis emportée par tes mots...
Ah, je crois qu'on n'a pas encore fait le tour de ce que tu peux nous apporter AlainX !
Continue à nous surprendre
J'ai vraiment été surprise d'abord, puis emportée par tes mots...
Ah, je crois qu'on n'a pas encore fait le tour de ce que tu peux nous apporter AlainX !
Continue à nous surprendre
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Une vie grise
Ce texte est d'autant plus important qu'il reflète - hélas ! - bien des vies gâchées ...
André Gide a écrit "Le bonheur de l'homme n'est pas dans la liberté, mais dans l'acceptation d'un devoir."
C'est bien là le hic : acceptation et devoir engendrent la monotonie et le désintérêt au point de souhaiter la mort...
André Gide a écrit "Le bonheur de l'homme n'est pas dans la liberté, mais dans l'acceptation d'un devoir."
C'est bien là le hic : acceptation et devoir engendrent la monotonie et le désintérêt au point de souhaiter la mort...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Une vie grise
Comme disait la chanson de Gilbert Bécaud, "Il y a toujours un côté du mur à l'ombre..." c'est le cas de celui de ton personnage. Ton texte a un ton poignant qui prend à la gorge.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Une vie grise
Un texte qui fait froid dans le dos. Comment peut on en arriver à cette totale désespérance et comment s'en sortir... si c'est possible...
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Une vie grise
L’image de ce mur gris et infranchissable contre lequel vient buter le narrateur est très parlante. Le désespoir d’un bout à l’autre du texte, que ni l’évocation de Bourvil, ni celle d’un geste altruiste ne vient éclairer. Même les pointes d’humour sont désespérées et ramènent l’humanité à un ramassis de bassesses. Existe-t-il une personne au monde qui n’ait jamais connu un instant de joie ou d’émerveillement ?
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|