A. L'étudiant
2 participants
Page 1 sur 1
A. L'étudiant
A. L'étudiant
Oui madame, je suis un type ordinaire, j'étais un type ordinaire, un bon peintre en lettres. Je savais faire de belles lettres, de toutes les formes, sur toutes les surfaces, de toutes les couleurs
J'ai toujours voulu, Madame, être étudiant à l'université, à la faculté des lettres. J'étais un élève très studieux qui se donnait beaucoup de peine, essentiellement pour les langues et l'histoire. Malgré le manque d'intérêt de ma famille et notre situation financière, j'ai voulu me lancer dans ces études.
Lorsque j'étais à l'école obligatoire, j'arrivais à suivre facilement. J'ai pu entrer au lycée bien que mon père aurait préféré que je devienne peintre en bâtiments comme lui et que je reprenne son entreprise une fois qu'il aurait été à la retraite. Il ne lui était jamais venu à l'esprit que son fils unique envisage de faire un autre métier que le sien. Il est vrai qu'il était très fier de la PME qu'il avait fondée et fait prospérer année après année. Il était d'abord seul avec ma mère comme secrétaire. Ensuite, il a pu engager un ouvrier, puis un deuxième. Il a même pris un apprenti et il pensait qu'il pourrait me transmettre ce patrimoine et cet amour des couleurs et des formes. Lui-même avait appris le métier sur le tas en Italie. Il n'avait aucun diplôme, ses mains et son regard étaient ses seules richesses. Il était persuadé que mon désir de suivre des études n'était qu'une lubie d'adolescent.
Avec un père non familier avec les études et pour qui le travail manuel était tout, il est certain qu'il ne pouvait pas me comprendre ni m'aider financièrement. Notre relation s'est donc détériorée une fois que je suis rentré à l'université. Ma mère mettait un peu d'argent de côté pour diminuer mes tracas quotidiens, car une fois le loyer de ma chambre payé, il ne me restait plus grand chose. Mes économies ont fondu comme neige au soleil. De mon côté, je travaillais comme serveur dans un café. Plus le temps avançait, plus j'avais du mal à joindre les deux bouts. J'avais également de plus en plus de difficultés à me concentrer. J'ai donc commencé à voler de l'argent dans la caisse du café qui m'employait, puis j'ai volé de la nourriture dans les commerces. Ensuite, je me suis pris au jeu et j'ai volé des objets qui, au contraire de la nourriture, n'étaient pas indispensables. J'avais une seule règle, par respect pour mon père, je n'allais jamais commettre de larcin chez un peintre en bâtiments.
Plus je volais, plus je me sentais puissant, jusqu'au jour où, lors d'un vol, j'ai tabassé un commerçant qui avait eu la mauvaise idée de se trouver là. C'est ainsi, Madame, que je me retrouve à vous écrire de Fleury-Mérogis. Arrivant en fin de peine, et voulant me réinsérer dans la société, je suis tombé, Madame, sur votre annonce dans le journal qui cherche quelqu'un sachant peindre des lettres sur des enseignes. Je connais toutes les techniques de peinture de lettres car lorsque j'étais adolescent, mon père m'a appris l'art de les peindre pour me faire croire qu'aller en lettres à la faculté n'était pas nécessaire et inutile.
En espérant recevoir une réponse de votre part et pour que vous ayez une idée de mon talent, je vous envoie, Madame, quelques modèles de lettres que j'ai peintes sur du papier.
André Roche, 447561 Fleury-Mérogis le 30.5.1990
Oui madame, je suis un type ordinaire, j'étais un type ordinaire, un bon peintre en lettres. Je savais faire de belles lettres, de toutes les formes, sur toutes les surfaces, de toutes les couleurs
J'ai toujours voulu, Madame, être étudiant à l'université, à la faculté des lettres. J'étais un élève très studieux qui se donnait beaucoup de peine, essentiellement pour les langues et l'histoire. Malgré le manque d'intérêt de ma famille et notre situation financière, j'ai voulu me lancer dans ces études.
Lorsque j'étais à l'école obligatoire, j'arrivais à suivre facilement. J'ai pu entrer au lycée bien que mon père aurait préféré que je devienne peintre en bâtiments comme lui et que je reprenne son entreprise une fois qu'il aurait été à la retraite. Il ne lui était jamais venu à l'esprit que son fils unique envisage de faire un autre métier que le sien. Il est vrai qu'il était très fier de la PME qu'il avait fondée et fait prospérer année après année. Il était d'abord seul avec ma mère comme secrétaire. Ensuite, il a pu engager un ouvrier, puis un deuxième. Il a même pris un apprenti et il pensait qu'il pourrait me transmettre ce patrimoine et cet amour des couleurs et des formes. Lui-même avait appris le métier sur le tas en Italie. Il n'avait aucun diplôme, ses mains et son regard étaient ses seules richesses. Il était persuadé que mon désir de suivre des études n'était qu'une lubie d'adolescent.
Avec un père non familier avec les études et pour qui le travail manuel était tout, il est certain qu'il ne pouvait pas me comprendre ni m'aider financièrement. Notre relation s'est donc détériorée une fois que je suis rentré à l'université. Ma mère mettait un peu d'argent de côté pour diminuer mes tracas quotidiens, car une fois le loyer de ma chambre payé, il ne me restait plus grand chose. Mes économies ont fondu comme neige au soleil. De mon côté, je travaillais comme serveur dans un café. Plus le temps avançait, plus j'avais du mal à joindre les deux bouts. J'avais également de plus en plus de difficultés à me concentrer. J'ai donc commencé à voler de l'argent dans la caisse du café qui m'employait, puis j'ai volé de la nourriture dans les commerces. Ensuite, je me suis pris au jeu et j'ai volé des objets qui, au contraire de la nourriture, n'étaient pas indispensables. J'avais une seule règle, par respect pour mon père, je n'allais jamais commettre de larcin chez un peintre en bâtiments.
Plus je volais, plus je me sentais puissant, jusqu'au jour où, lors d'un vol, j'ai tabassé un commerçant qui avait eu la mauvaise idée de se trouver là. C'est ainsi, Madame, que je me retrouve à vous écrire de Fleury-Mérogis. Arrivant en fin de peine, et voulant me réinsérer dans la société, je suis tombé, Madame, sur votre annonce dans le journal qui cherche quelqu'un sachant peindre des lettres sur des enseignes. Je connais toutes les techniques de peinture de lettres car lorsque j'étais adolescent, mon père m'a appris l'art de les peindre pour me faire croire qu'aller en lettres à la faculté n'était pas nécessaire et inutile.
En espérant recevoir une réponse de votre part et pour que vous ayez une idée de mon talent, je vous envoie, Madame, quelques modèles de lettres que j'ai peintes sur du papier.
André Roche, 447561 Fleury-Mérogis le 30.5.1990
carbone- Prend ses marques
- Humeur : nerveuse
Re: A. L'étudiant
La manière comme André postule depuis la prison, son honnêteté directe de raconter son passé, me suscitent de la sympathie pour cet homme.
C'est surtout du à la manière comme tu as écrit ton texte, je le trouve très beau.
Pourvu que cette Madame embauche André Roche.
C'est surtout du à la manière comme tu as écrit ton texte, je le trouve très beau.
Pourvu que cette Madame embauche André Roche.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|