A.L'homme de la place du marché
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Sherkane
Mesange
Escandélia
Amanda.
Night
9 participants
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A.L'homme de la place du marché
Ca a débuté comme çà … par hasard … je l’ai vu et j’ai craqué…
Il était assis par terre sur le trottoir avec son chien. Ses vêtements étaient misérablement vieux mais il portait un beau chapeau melon pour se protéger du soleil qui, ce jour là brillait insolemment sur la place du marché. Et détail surprenant : il lisait … détaché de reste du monde dont le va et vient ne semblait aucunement le perturber, concentré qu’il était dans sa lecture.
Je me suis arrêté, curieuse de découvrir le titre du livre qui le passionnait. Il entamait la dernière page… et je n’ai pas vu, pas pu, je n’ai pas osé lui parler. Je me demande bien pourquoi.
C’est durant la nuit que je me suis reposée la question tout en me traitant de tous les noms. C’est comme si j’avais besoin de me trouver une excuse expliquant ma lâcheté, comme s’il me fallait d’une façon ou d’une autre la réparer.
Et tout à coup j’ai eu une illumination. Demain, je vais lui apporter un livre me suis-je dit car il sera en manque certainement. Ce matin, en effet, n’était -il arrivé à sa dernière page ?... et d’imaginer toute sa tristesse de n’avoir plus rien à lire.
J’eus alors une idée de génie…
Je me suis levée tôt et je me suis fait belle ! Quand je suis arrivée à la place du marché il était bien là à la même place, il avait l’air fatigué, son chien dormait d’ailleurs à ses pieds avec le chapeau de son maître sur la tête. Il n’y avait pourtant pas de soleil mais c’était sans doute pour se protéger de la pluie qui doucement tombait. Sous un parapluie il lisait encore courbé sur la dernière page de son livre un peu mouillé.
Je me suis approché je lui ai dit : Bonjour Monsieur je crois que nous partageons la même passion c’est pourquoi je vous ai apporté un livre. Et de lui tendre : « Le chapeau de Mitterrand » d’Antoine Laurain .
Là il leva ses yeux vers moi étonné et me dit : » Comment saviez- vous que j’admirais beaucoup ce François ? »
Et là je suis restée bouche bée enfin tout bête ne sachant plus quoi dire et je suis partie comme une lâche une fois de plus. Je me demande encore ce qui m’a pris…
Le lendemain et la semaine suivante et encore après, j’ai remis cà et suis revenue avec un avec des livres.
La dernière fois, c’était il y a un mois, un an, comme d’habitude je me suis rendue à la place du marché . Il était toujours à sa même place mais, cette fois son chien n’était pas là et je me suis inquiétée, il m’a dit qu’il avait été écrasé par un chauffard.
Je lui avais apporté « Voyage au bout de la nuit de Céline »
Alors pour la première et dernière fois, il s’est levé et m’a embrassée.J’étais tout émotionnée . Il a retiré de sa tête son beau chapeau melon, m’a saluée et me l’a donné en me disant : « C’est pour vous remercier je n’ai que çà à vous donner…
Imbécile ,je me suis taillée à toute vitesse, toute secouée, sans dire merci, sans me retourner : je ne voulais pas qu’il me voit pleurer.
Je ne l’ai plus jamais revu .
Ca a fini comme çà.
Il était assis par terre sur le trottoir avec son chien. Ses vêtements étaient misérablement vieux mais il portait un beau chapeau melon pour se protéger du soleil qui, ce jour là brillait insolemment sur la place du marché. Et détail surprenant : il lisait … détaché de reste du monde dont le va et vient ne semblait aucunement le perturber, concentré qu’il était dans sa lecture.
Je me suis arrêté, curieuse de découvrir le titre du livre qui le passionnait. Il entamait la dernière page… et je n’ai pas vu, pas pu, je n’ai pas osé lui parler. Je me demande bien pourquoi.
C’est durant la nuit que je me suis reposée la question tout en me traitant de tous les noms. C’est comme si j’avais besoin de me trouver une excuse expliquant ma lâcheté, comme s’il me fallait d’une façon ou d’une autre la réparer.
Et tout à coup j’ai eu une illumination. Demain, je vais lui apporter un livre me suis-je dit car il sera en manque certainement. Ce matin, en effet, n’était -il arrivé à sa dernière page ?... et d’imaginer toute sa tristesse de n’avoir plus rien à lire.
J’eus alors une idée de génie…
Je me suis levée tôt et je me suis fait belle ! Quand je suis arrivée à la place du marché il était bien là à la même place, il avait l’air fatigué, son chien dormait d’ailleurs à ses pieds avec le chapeau de son maître sur la tête. Il n’y avait pourtant pas de soleil mais c’était sans doute pour se protéger de la pluie qui doucement tombait. Sous un parapluie il lisait encore courbé sur la dernière page de son livre un peu mouillé.
Je me suis approché je lui ai dit : Bonjour Monsieur je crois que nous partageons la même passion c’est pourquoi je vous ai apporté un livre. Et de lui tendre : « Le chapeau de Mitterrand » d’Antoine Laurain .
Là il leva ses yeux vers moi étonné et me dit : » Comment saviez- vous que j’admirais beaucoup ce François ? »
Et là je suis restée bouche bée enfin tout bête ne sachant plus quoi dire et je suis partie comme une lâche une fois de plus. Je me demande encore ce qui m’a pris…
Le lendemain et la semaine suivante et encore après, j’ai remis cà et suis revenue avec un avec des livres.
La dernière fois, c’était il y a un mois, un an, comme d’habitude je me suis rendue à la place du marché . Il était toujours à sa même place mais, cette fois son chien n’était pas là et je me suis inquiétée, il m’a dit qu’il avait été écrasé par un chauffard.
Je lui avais apporté « Voyage au bout de la nuit de Céline »
Alors pour la première et dernière fois, il s’est levé et m’a embrassée.J’étais tout émotionnée . Il a retiré de sa tête son beau chapeau melon, m’a saluée et me l’a donné en me disant : « C’est pour vous remercier je n’ai que çà à vous donner…
Imbécile ,je me suis taillée à toute vitesse, toute secouée, sans dire merci, sans me retourner : je ne voulais pas qu’il me voit pleurer.
Je ne l’ai plus jamais revu .
Ca a fini comme çà.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.L'homme de la place du marché
Beau texte...
Il y a quelques points dans ta ponctuation qui m'ont gêné ( n'y fais pas attention, je suis facilement gêné par la ponctuation des autres ) mais, franchement, beau texte.
Petite question, même si j'ai mon avis je préfère avoir le tien, pourquoi avoir fait un texte aussi court ( au vu de l'histoire que tu nous as écrite, ton texte m'a paru bien court ;w; ) ? °A°
Il y a quelques points dans ta ponctuation qui m'ont gêné ( n'y fais pas attention, je suis facilement gêné par la ponctuation des autres ) mais, franchement, beau texte.
Petite question, même si j'ai mon avis je préfère avoir le tien, pourquoi avoir fait un texte aussi court ( au vu de l'histoire que tu nous as écrite, ton texte m'a paru bien court ;w; ) ? °A°
Night- Occupe le terrain
- Humeur : Nocturnement joyeuse...
Re: A.L'homme de la place du marché
Night a raison, moi aussi je suis restée sur ma faim avec ta fin...
Cependant je te tire mon chapeau ( ah, ah, jeu de mots facile, hein) pour le choix du sujet et la forme que tu donnes à ton texte.
Bref, Charlotte il me plaît ce texte même si ce que j'en extrais me laisse perplexe :
j’ai remis cà et suis revenue avec un avec des livres.
Cependant je te tire mon chapeau ( ah, ah, jeu de mots facile, hein) pour le choix du sujet et la forme que tu donnes à ton texte.
Bref, Charlotte il me plaît ce texte même si ce que j'en extrais me laisse perplexe :
j’ai remis cà et suis revenue avec un avec des livres.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.L'homme de la place du marché
"j'ai remis çà" c'est à dire je suis retournée à la place du marché ... avec un avec des livres....vu que je suis revenue des tonnes de fois...
C'est vrai que mon texte aurait pu être plus long d'autant plus que la vérité est que cet homme existe vraiment et que je me disais en écrivant le texte que j'irais bien le voir et lui apporter un livre aujourd'hui ( vu que je ne l'ai jamais fait en vrai...) Mais bon je n'y ai pas été parce que.... mais j'irai certainement bientôt vraiment.
C'est vrai que mon texte aurait pu être plus long d'autant plus que la vérité est que cet homme existe vraiment et que je me disais en écrivant le texte que j'irais bien le voir et lui apporter un livre aujourd'hui ( vu que je ne l'ai jamais fait en vrai...) Mais bon je n'y ai pas été parce que.... mais j'irai certainement bientôt vraiment.
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.L'homme de la place du marché
J'ai bien aimé cette partition humaniste que tu as faite de la consigne. Il est vrai que souvent nous avons peur d'aborder les gens assis dans la rue, en compagnie de leur chien. Peur peut être de devoir finir ainsi à notre tour ? Peur sans doute et gêne surement face à un monde que nous ne connaissons pas et redoutons. Je trouve dommage que la sensibilité de ta donneuse de livre, évoquée à la fin de ton texte, ne soit pas offerte à cet homme en mal de considération par ses semblables. Comme pour dire, nous dire : osez le contact, ne fuyez pas vos émotions, voyez, ce n'est pas grand chose, donner un livre, un sourire, et pourtant, pour celui qui le reçoit, c'est tellement précieux.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.L'homme de la place du marché
Merci Charlotte de tes explications.
Vas-y alors, ose !
Vas-y alors, ose !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.L'homme de la place du marché
J'aime bien ton histoire. En lisant, je me demandais, s'il y avait du vrai là-dedans. Ton commentaire me donne la réponse. Les émotions que tu abordes, en particulier la gêne dans cette situation, je la connais aussi. Il me manque comme les mots pour communiquer, alors même que je le désire et je finis par m'enfuir...... Prendre le temps d'oser semble murmurer ton texte.... Et il est beau! Feras-tu le pas?
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A.L'homme de la place du marché
Oui, mais je ne sais pas quand
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.L'homme de la place du marché
Un très beau texte plein de sensibilité. Tout en pudeur aussi.
Bon...j'aurais préféré que le chien ne se fasse pas écraser par un chauffard ...
Bon...j'aurais préféré que le chien ne se fasse pas écraser par un chauffard ...
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A.L'homme de la place du marché
C'est un beau texte Charlotte, mais quelle est donc cette pudeur paralysante qui nous empêche d'aller vers les démunis ? Probablement la peur que notre geste soit interprété comme de la condescendance, et donc d'en remettre une couche, ce qui serait un comble!
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Un si beau cadeau
J’aime bien la construction de ton texte, l’imaginaire qui le soutient avec ses ruptures et ses chutes.
Et puis tu dis cette difficulté, cette gêne qui nous (me) paralyse, empêche, bloque, et nous interdit une vraie rencontre avec l’autre qui nous semble d’un autre monde parce que sdf, sans emploi, handicapé…, alors même qu’il éprouve les mêmes sentiments exacerbés à notre égard.
Ici comme ailleurs, j’y suis confronté au quotidien : la famille gitane qui tôt le matin fouille les poubelles de la rue pour s’approvisionner ; les jeunes et moins jeunes SDF qui font la manche auprès du supermarché ; le jeune homme handicapé qui dissimule autant qu’il peut une malformation qui l’oblige à une marche désarticulée, descend du tram, se prend les pieds dans les rails, s’étale de tout song et pousse un cri de colère contre les personnes qui veulent l’aider…
J’avoue que je me sens parfois désemparé, bien démuni face à ce type de situation. Ton récit sur ce plan est vraiment merveilleux Et il nous donne la clé la relation avec l’autre. Toute simple lorsque l’on se place sur même plan, à égalité, malgré toutes les différences, comme tu le dis dans ton récit.
Un récit vraiment chouette, superbe, tu nous fais un beau cadeau.
Merci Charlotte
Tadig
Et puis tu dis cette difficulté, cette gêne qui nous (me) paralyse, empêche, bloque, et nous interdit une vraie rencontre avec l’autre qui nous semble d’un autre monde parce que sdf, sans emploi, handicapé…, alors même qu’il éprouve les mêmes sentiments exacerbés à notre égard.
Ici comme ailleurs, j’y suis confronté au quotidien : la famille gitane qui tôt le matin fouille les poubelles de la rue pour s’approvisionner ; les jeunes et moins jeunes SDF qui font la manche auprès du supermarché ; le jeune homme handicapé qui dissimule autant qu’il peut une malformation qui l’oblige à une marche désarticulée, descend du tram, se prend les pieds dans les rails, s’étale de tout song et pousse un cri de colère contre les personnes qui veulent l’aider…
J’avoue que je me sens parfois désemparé, bien démuni face à ce type de situation. Ton récit sur ce plan est vraiment merveilleux Et il nous donne la clé la relation avec l’autre. Toute simple lorsque l’on se place sur même plan, à égalité, malgré toutes les différences, comme tu le dis dans ton récit.
Un récit vraiment chouette, superbe, tu nous fais un beau cadeau.
Merci Charlotte
Tadig
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A.L'homme de la place du marché
Ton commentaire me touche beaucoup. Merci
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.L'homme de la place du marché
Une bien belle histoire, les livres sont vraiment une merveilleuse manière de partager. Maintenant pas sympa pour le chien
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
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