A. Onirisme
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Charlotte
Escandélia
catsoniou
Sherkane
8 participants
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A. Onirisme
Ça a débuté comme ça. Un banal accident. Ce jour-là je venais de décrocher un contrat de caricatures avec un journal local. Du pain béni pour moi qui galérais depuis plusieurs années. Je fêtais cela avec des amis. A la manière slave. Vodka et discussions sans fin.
C’est en arrivant chez moi que je me suis aperçu que j’avais oublié mes clés de maison chez mes amis. Qu’importe ! La fenêtre du grenier était entrouverte et en bon ancien stégophile cela serait un jeu d’enfant de l’atteindre et d’entrer dans la maison.
C’était sans compter avec les années qui m’avaient un peu rouillé et la vodka qui m’avait bien embrumé l’esprit.
Une crampe, un pied qui ripe et me voilà projeté lourdement par terre.
Il parait que je suis resté une semaine dans le coma. Quand j’ai repris connaissance, j’étais cassé de partout. De multiples fractures mais la chance inouïe de n’avoir aucune séquelle de mon choc au crâne.
« Du temps » me disaient les médecins. « Avec du temps tout va se réparer et vous trotterez de nouveau comme un lapin». En attendant il y avait la douleur. Sourde, lancinante, constante. Heureusement mes amis venaient me voir et me glissaient discrètement des flasques de vodka pour m’aider à supporter.
Mon compagnon de chambre n’était guère mieux loti que moi. Une vraie momie égyptienne. Peu bavard il mâchouillait chaque soir des drôles de feuilles que lui amenait son épouse péruvienne. Du coca pensais-je.
Un soir nous fîmes un échange. Lui la vodka moi ces drôles de feuilles qui n’étaient pas de la coca mais quelque chose de plus fort selon lui.
Je plongeai aussitôt dans un sommeil peuplé de rêves oniriques et surréalistes. Ce que je n’avais jamais connu avec la vodka qui elle me donnait plutôt un sommeil pâteux et lourd. Il y avait quelque de très apaisant dans ces rêves. Aussi chaque nuit je naviguais dans un monde surréaliste et doux. Tantôt homme poisson parmi d’autres hommes poissons. Tantôt assis sur un chapeau melon volant et traversant ainsi sous un ciel d’un vert criard le désert d’Atacama peuplé de cactus. Tantôt à bicyclette sur un fil de lettres tendu entre deux mondes.
Je devins vite accroc. J’attendais avec impatience la nuit et son monde onirique et la journée je dessinais fébrilement des tableaux reprenant ces songes nocturnes. C’est ainsi que je supportais l’hôpital puis les séances douloureuses de rééducation.
Quand mon voisin quitta le centre de rééducation, il me glissa un petit papier dans la main où il avait griffonné son adresse. Au cas où….
Les journées suivant son départ furent difficiles. Je ne savais pas ce qui me manquait le plus. L’oubli de la douleur que me procuraient ces feuilles où l’absence de ces rêves oniriques. Mon inspiration s’était tarie et les journées redevinrent longues et pesantes.
Au bout de 9 mois je repris ma vie normale et mes galères. Une vie d’expédients et de petits contrats. La nécessité de se refaire un nom dans l’illustration caricaturale.
C’est un soir où je faisais du rangement que je remis la main sur mon album de tableaux oniriques. J’en tournais les pages avec beaucoup de perplexité. Je ne me reconnaissais pas dans ces tableaux ! Ce n’était pas ma sensibilité moi qui était plutôt versé dans la caricature.
C’est alors que la sonnette tinta. L’ami qui venait me voir avait le bras long et des accointances dans le monde de l’édition. Apercevant l’album il en tourna lentement les pages.
« Mazette ! Ces tableaux sont supers ! Pourquoi ne les as-tu jamais proposés pour l’édition ? Je suis sûr que tu ferais un tabac »
Je lui racontais mon histoire. Je lui avouais que sans ces fameuses feuilles je n’avais aucune inspiration onirique. Que je serais incapable de sortir un autre album, ce qu’attendrait certainement un éditeur.
« Réfléchis ! C’est une vraie mine d’or ton album »
Je sortis la bouteille de vodka et nous refîmes le monde en ingurgitant verre sur verre. De temps en temps je triturais dans ma poche le petit bout de papier où figurait l’adresse de mon voisin d’hôpital.
Irais-je ou n’irais-je pas ?
C’est en arrivant chez moi que je me suis aperçu que j’avais oublié mes clés de maison chez mes amis. Qu’importe ! La fenêtre du grenier était entrouverte et en bon ancien stégophile cela serait un jeu d’enfant de l’atteindre et d’entrer dans la maison.
C’était sans compter avec les années qui m’avaient un peu rouillé et la vodka qui m’avait bien embrumé l’esprit.
Une crampe, un pied qui ripe et me voilà projeté lourdement par terre.
Il parait que je suis resté une semaine dans le coma. Quand j’ai repris connaissance, j’étais cassé de partout. De multiples fractures mais la chance inouïe de n’avoir aucune séquelle de mon choc au crâne.
« Du temps » me disaient les médecins. « Avec du temps tout va se réparer et vous trotterez de nouveau comme un lapin». En attendant il y avait la douleur. Sourde, lancinante, constante. Heureusement mes amis venaient me voir et me glissaient discrètement des flasques de vodka pour m’aider à supporter.
Mon compagnon de chambre n’était guère mieux loti que moi. Une vraie momie égyptienne. Peu bavard il mâchouillait chaque soir des drôles de feuilles que lui amenait son épouse péruvienne. Du coca pensais-je.
Un soir nous fîmes un échange. Lui la vodka moi ces drôles de feuilles qui n’étaient pas de la coca mais quelque chose de plus fort selon lui.
Je plongeai aussitôt dans un sommeil peuplé de rêves oniriques et surréalistes. Ce que je n’avais jamais connu avec la vodka qui elle me donnait plutôt un sommeil pâteux et lourd. Il y avait quelque de très apaisant dans ces rêves. Aussi chaque nuit je naviguais dans un monde surréaliste et doux. Tantôt homme poisson parmi d’autres hommes poissons. Tantôt assis sur un chapeau melon volant et traversant ainsi sous un ciel d’un vert criard le désert d’Atacama peuplé de cactus. Tantôt à bicyclette sur un fil de lettres tendu entre deux mondes.
Je devins vite accroc. J’attendais avec impatience la nuit et son monde onirique et la journée je dessinais fébrilement des tableaux reprenant ces songes nocturnes. C’est ainsi que je supportais l’hôpital puis les séances douloureuses de rééducation.
Quand mon voisin quitta le centre de rééducation, il me glissa un petit papier dans la main où il avait griffonné son adresse. Au cas où….
Les journées suivant son départ furent difficiles. Je ne savais pas ce qui me manquait le plus. L’oubli de la douleur que me procuraient ces feuilles où l’absence de ces rêves oniriques. Mon inspiration s’était tarie et les journées redevinrent longues et pesantes.
Au bout de 9 mois je repris ma vie normale et mes galères. Une vie d’expédients et de petits contrats. La nécessité de se refaire un nom dans l’illustration caricaturale.
C’est un soir où je faisais du rangement que je remis la main sur mon album de tableaux oniriques. J’en tournais les pages avec beaucoup de perplexité. Je ne me reconnaissais pas dans ces tableaux ! Ce n’était pas ma sensibilité moi qui était plutôt versé dans la caricature.
C’est alors que la sonnette tinta. L’ami qui venait me voir avait le bras long et des accointances dans le monde de l’édition. Apercevant l’album il en tourna lentement les pages.
« Mazette ! Ces tableaux sont supers ! Pourquoi ne les as-tu jamais proposés pour l’édition ? Je suis sûr que tu ferais un tabac »
Je lui racontais mon histoire. Je lui avouais que sans ces fameuses feuilles je n’avais aucune inspiration onirique. Que je serais incapable de sortir un autre album, ce qu’attendrait certainement un éditeur.
« Réfléchis ! C’est une vraie mine d’or ton album »
Je sortis la bouteille de vodka et nous refîmes le monde en ingurgitant verre sur verre. De temps en temps je triturais dans ma poche le petit bout de papier où figurait l’adresse de mon voisin d’hôpital.
Irais-je ou n’irais-je pas ?
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Onirisme
Sans aucune hésitation, faut y aller ...
Si au rendez-vous, il y a l'inspiration et les rêves oniriques, pourquoi hésiter ?
Toutefois, en cas de clefs égarées ( ce qui est à attendre avec l'ingestion de feuilles hallucinatoires ) il serait prudent de se mettre en rapport avec serrurier et couvreur ...
(Merci pour le "stégophile" que je ne connaissais pas jusqu'à ce matin ...)
Si au rendez-vous, il y a l'inspiration et les rêves oniriques, pourquoi hésiter ?
Toutefois, en cas de clefs égarées ( ce qui est à attendre avec l'ingestion de feuilles hallucinatoires ) il serait prudent de se mettre en rapport avec serrurier et couvreur ...
(Merci pour le "stégophile" que je ne connaissais pas jusqu'à ce matin ...)
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Onirisme
C'est pas la Vodka qui avait provoqué cet effet là ?Cats a écrit:Toutefois, en cas de clefs égarées ( ce qui est à attendre avec l'ingestion de feuilles hallucinatoires ) il serait prudent de se mettre en rapport avec serrurier et couvreur ...
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Onirisme
Je reviens dans 5 minutes, le temps d'aller me rincer avec un petit coup de vodka pour envoyer ensuite un commentaire ....digne de tes dessins
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Onirisme
Mais quel délire, Sherkane ! Je ne m'en remets pas...
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Onirisme
Une superbe histoire tout droit sortie de ton imagination. Aurais-tu abusé de certaines feuilles????? J'ai adoré te lire.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. Onirisme
In vodka et coca veritas! J'aime l'interrogation sur la fin qui sauve pudiquement la morale...mais, qui sait?
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Onirisme
Que voilà un mélange détonnant et hallucinant
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
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