Kaléïdoplumes 3
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l'appel des cîmes (fin)

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Message  Escandélia Ven 22 Aoû - 18:49

Petit Pierre est sur le bord de la route avec son grand père. Ils attendent le passage des troupeaux tout en devisant.
En italique, reprise  du dernier paragraphe du texte précédant pour une meilleure lecture.

- "Regarde pépé !ce nuage de poussière,  je les voie, elles arrivent !
- Et tu les entends aussi ! Ecoute ces clarines ! comme elles sonnent clair !  Elles vont au point de rassemblement, c’est en train ou en camion qu’elles feront une grande partie du voyage. La dernière,  elles l’accompliront dans la poussière du flanc rocailleux de la grande montagne. La haut, sur l’estive, les clôtures ont remplacées les bergers. Tout l’été, elles brouteront l’herbe parfumée, seulement dérangées par les touristes, ces autres transhumants."


Là-haut, plus besoin de les traire, on ne fabrique plus le fromage, à présent, qu’à la laiterie. Le lait mêlé de tous les troupeaux a remplacé celui qu’à  chaque traite, durant l’estive on récoltait, séparant celui des jeunes mères de celui plus léger de chacune des vaches selon ce qu’elles avaient mangé. Les pâturages   de tendres pousses, de gentiane ou de ciste n’avaient rien de comparable avec ceux faits  de joncs ou de fougères, de landes et bruyères où l’herbe est rare et courte, mais tous ces multiples parfums donnaient aux fromages un goût unique chaque fois différent.

Quand un veau naissait, sa mère le nourrissait. Le surplus de son lait était partagé aux autres petits veaux dont les mères n’en avaient plus assez.
Aujourd’hui, on sèvre le veau à la naissance pour lui faire avaler un produit insipide fait de poudre et de farine. On le vend à 3 mois, blanc et grassouillet. Les gens de la ville le trouvent parait-il meilleur. Tout comme le poulet qu’ils préfèrent aux hormones, et les œufs bien calibrés. On vend, pour pas dire on le donne, le lait aux laiteries qui l’embouteillent et le transforment. Quand il y en a trop, on le fait couler dans la rigole, à cause des quotas laitiers, pendant que sur la terre, meure de faim une bonne partie de l’humanité.
- Dis pépé, j’en buvais aussi du lait moi quand j’étais petit ?
- Bien sûr, le lait à la campagne c’est la base de la nourriture depuis la naissance jusqu’à la fin de la vie, avec, on fait le beurre et le fromage. Le mairgue sert à nourrir les cochons. Avec les pommes de terre, on le marie. Avant, chaque famille avait, dans son étable,  au moins une laitière. Les moins fortunés possédaient une chèvre. Ainsi beaucoup d’enfants ont pu grandir sans craindre la famine ou  maladie.
- ça veut dire quoi la fin de la vie ?
- La fin de la vie ? C’est quand on n’est plus de ce monde. On nait, on vit et puis on meure.
- C’est comme pour les plantes ? La maîtresse, à l’école, elle nous dit que les plantes elles renaissent chaque année.
- En quelque sorte. Mais les plantes, elles sont petites graines avant d’éclore. Ensuite, elles poussent, puis forment une autre graine qui à son tour se sème et devient plante. Le cycle de la vie se perpétue ainsi.
- Dis, pépé, je faisais quoi, moi avant ma naissance ?
- Beuh….. !  Que voulais tu faire ? Rien ! puisque tu n’étais pas né !
- Mais avant d’exister, on est quoi ?
- Rien ! On est rien. Après non plus, et pendant,  on est si peu. Pas grand-chose nous sépare de l’autre versant.
Tu sais Petit Pierre, la vie c’est une montagne, on la grimpe lentement, mais quand la descente s’amorce, nombreuses sont les chutes. Le grand précipice nous guette  au moindre de nos faux pas.
Certains y courent très vite, d’autres prennent le temps, font des détours, tombent et se relèvent. Parfois sans même savoir comment. Cependant, tous y finissent un jour. Dans l’antre de la terre, ils redeviennent poussière, car c’est là que tout a commencé. On retourne à la terre, notre mère nourricière, lui rendant à jamais ce qu’elle nous a prêté.
- Moi je serais toujours quelqu’un !
- Bien sûr Petit Pierre, bien sûr, tu seras honnête et courageux. Tu aimeras les tiens. Tu considèreras l’ouvrage avec respect. Tu graviras ta montagne le cœur vaillant, en digne fils de ton père et de tous tes autres ascendants  et moi, dans mon autre univers,   je serais fier de toi.
Escandélia
Escandélia
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