Fuir le baron

Que médite ce personnage pareil à un corbeau perché entre deux branches?

Je ne l’aime pas, je le crains. Son air réfléchi et pacifique, je le ressens hypocrite, un air de vouloir me dominer, me blesser, voire m’éliminer. Son regard absent m’angoisse de plus en plus, ce qui me pousse à fuir.

Qu’il pleuve ou que le temps soit sec, c’est comme si la foudre s’abat sur moi et que je n’ai pas de parapluie me servant de bouclier pour me protéger. Plus grave, je ne saisis pas le bruit de mes larmes coulant du ciel, le silence du baron me glace.
Je cours seul, personne pour me guider, pour me consoler, pour laisser éclater mes peurs, mes colères et mes doutes.

Ou vais-je? Ce que je sais, c’est que je veux déguerpir de cet enfer, car le mutisme est pire que de se faire houspiller. Je veux sortir de cette pénombre et rejoindre une lueur d'espoir qui me paraissait proche, pourtant elle est encore si éloignée.

Je m’arrête subitement, un homme est là, sa valise posée à terre, semblant chercher son chemin.

Parle-t-il? Je ne sais pas; je n’entends que moi en train d’exprimer avec force et égoïsme mes émotions. Comme dirait Pierre Doris, «Entre le premier cri et le dernier râle, il n’y a qu’une suite de mots sans importance».

Mon problème n’est pas résolu, cependant qu’importe l’avenir, je suis soulagé, car je me sens enfin écouter.