Demain...

Y a comme un goût amer en nous
Comme une déchirure au ventre
Une puissante usure de nos rêves les plus doux.

Tout s’est évaporé
Une seconde d’éternité
Un hoquet de l’univers
Un balbutiement d’atomes.

Avant, il y avait les arbres et les maisons
Avant, les enfants jouaient dans les jardins
Nous vivions dans une coupable insouciance
Imbus de nos savoirs et de nos certitudes.

Y a plus que des ruines, des amas de poussière
Y a plus de mots, plus de musique
L’Homme ne chante plus sur la Terre dévastée.

Juste un silence assourdissant
Une pause dans le tempo du vent
Et mes larmes épuisées
Sur mes joues incolores.

La peur les a muselé, a rétréci leur âme
Ils sont restés tapis dans leurs nids de fortune
Ne plus rien voir, plus rien entendre
Tremblants, ils ont renoncé
Et ont tendus les mains
À ceux qui les détruisent.

Je n’ai pas accepté, je ne suis pas soumise
Abandonner, c’est mourir à nouveau
Je refuse de crever sous le joug d’un bourreau.

J’ai fui
J’ai traversé des lunes et des soleils
Me suis échouée sur ce monde en éveil
En vie.

Tatouer ce désert de mon pas décidé.
M’enfoncer plus avant vers une lande fertile
Installer là mon corps, reposer mon chagrin
Demain…

Une, deux, trois silhouettes
Quatre, cinq, six, fuient ma tête
Fantômes d’un passé évanoui
Poupées d’argile d’une autre vie

Le vent les dissipera sitôt
Que ma mémoire les perdra
Ils ne sont plus.

J’ai comme un goût amer en moi.

Quel beau texte, plein de toi ! J'aime particulièrement la deuxième strophe d'une justesse absolue et puis ces mots, çà et là : "une pause dans le tempo du vent" ou encore "tatouer ce désert de mon pas décidé".

Un vrai moment de poésie. Merci, cela fait beaucoup de bien !

J'aime beaucoup la répétition de ton incipit à la fin.
Très belle lecture pour moi, mention particulière pour:

Pati a écrit:Juste un silence assourdissant
Une pause dans le tempo du vent
Et mes larmes épuisées
Sur mes joues incolores.

Bon retour chez toi

Un très beau poème qui m'amène à revendiquer ta présence  régulière sur kalé ...

Pati écrit :

Nous vivions dans une coupable insouciance
Imbus de nos savoirs et de nos certitudes.

Deux lignes révélatrices : tout peut s'écrouler subitement, ne l'oublions pas , sachons préserver l'essentiel !!!

Oui, c'est un très beau poème que tu nous proposes là, Pati  

De mon coté, c'est cette strophe que j'aime particulièrement :

Pati a écrit:
Tout s’est évaporé
Une seconde d’éternité
Un hoquet de l’univers
Un balbutiement d’atomes.

Que dire de plus qui ne l'ait déjà  été ? Il y a tout dans ton texte. Si je n'avais pas l'image sous les yeux, j'aurais pu l'imaginer à la seule lecture de ton texte. Un grand

Je retiens aussi " tatouer le désert" mais au fond je retiens tout, tellement c'est beau !

Un superbe texte post-apocalyptique qui démontre, comme si c'était nécéssaire, que tu nous manques sur Kalé !

Que dire de plus que quelle beauté dans tes vers, quelle poésie....

Y'a plein plein plein de passages que j'adore dans ton texte.
Certains passages, c'est pour leur poésie, pour d'autres leur justesse et pour leur sens profond !!!! Merci !

Et +1 pour ta deuxième strophe !!

Tu ne peux pas me manquer car je ne connaissais pas ta plume (par rapport aux commentaires des autres) mais je vote pour que tu reviennes plus souvent quand même !!

Sur un thème classique de SF, un poème magnifique de bout en bout, avec des images superbes :

Une pause dans le tempo du vent
Un hoquet de l’univers
Un balbutiement d’atomes.

Ma préférée étant celle-ci, qui allie l'originalité de l'image au rythme et à la musicalité :
Tatouer ce désert de mon pas décidé

Ma seule réserve :
Juste un silence assourdissant. Cet oxymore est tellement galvaudé, a tellement été mis à toutes les sauces (politique entre autres) qu'il est devenu un cliché.

Mais cette parenthèse refermée, bravo pour ce poème !

Aaah ça m'avait manqué!
Toujours de belles images Pati, j'aime tellement ton style!
Ton poème est magnifique ..

Rien à rajouter. Un beau texte