crève salopard
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crève salopard
Je suis là, affalé sur ce balcon, laissé à l’abandon par une ingrate. J’étais pourtant son ami, je ne la quittais pas d’une semelle. Tel un chien fidèle qui ramène le ballon à chaque fois qu’on le lui lance, mais elle ne voulait plus de moi, elle avait déjà tout essayé pour m’évincer.
On ne se débarrasse pas de moi comme ça, d’un simple claquement de doigt.
« Dessinez votre peur » lui expliquait son psy « vous ne la combattrez que mieux »
Elle se goinfrait de pistaches jusqu’à s’en faire vomir, puis me dessinait sous des formes diverses.
Je devenais tour à tour zombie, squelette, ou sorcière rachitique, des dessins qu’elle froissait et brûlait dans la cheminée. Mais j’étais toujours là, bien accroché à elle. Elle pleurait alors et je me nourrissais de ses larmes sans jamais être repu.
De quelques bouts de bois, elle fabriqua un pantin qu’elle mit en vitrine, pensant m’enfermer derrière des barreaux. Mais je brisai la vitre et la rattrapai bien vite. Au moment où je touchai sa main, elle hurla sans fin, et ça me fit du bien. Elle me jeta aussitôt au feu mais à chaque fois, je renaissais de mes cendres, toujours plus fort, toujours plus amoureux.
Ce soir-là il avait beaucoup neigé et elle avait beaucoup bu. Elle était d’humeur joyeuse, elle s’est précipitée dehors, s’est jetée sur le tapis blanc immaculé, et m’a transformé en bonhomme de neige. Une écharpe, un bonnet et une pancarte autour du cou. J’ai su alors que j’étais condamné.
PEUR avait-elle marquée en gras et bien rouge.
Après une dernière gorgée de whisky, elle m’a souri, puis d’un geste sec et précis m’a précipité par-dessus le balcon. J’ai atterri à l’étage en dessous. Quelques secondes après, le reste de la bouteille est venu m’assommer. Ma fin était proche et je sentis la peur m'envahir, c'était mon tour.
Le soleil commençait à poindre au-dessus du toit et la neige fondait tout doucement. Dans un voile d’incompréhension, je l’ai vu danser sur le balcon du haut, elle tournait et tournait, dans le plus simple appareil, chuchotant plus que chantant :
Adieu salopard, crève, disparaît de ma vue et ne reviens jamais.
Et à mesure que je fondais, son pas de danse se faisait plus léger et son chant plus mélodieux…
On ne se débarrasse pas de moi comme ça, d’un simple claquement de doigt.
« Dessinez votre peur » lui expliquait son psy « vous ne la combattrez que mieux »
Elle se goinfrait de pistaches jusqu’à s’en faire vomir, puis me dessinait sous des formes diverses.
Je devenais tour à tour zombie, squelette, ou sorcière rachitique, des dessins qu’elle froissait et brûlait dans la cheminée. Mais j’étais toujours là, bien accroché à elle. Elle pleurait alors et je me nourrissais de ses larmes sans jamais être repu.
De quelques bouts de bois, elle fabriqua un pantin qu’elle mit en vitrine, pensant m’enfermer derrière des barreaux. Mais je brisai la vitre et la rattrapai bien vite. Au moment où je touchai sa main, elle hurla sans fin, et ça me fit du bien. Elle me jeta aussitôt au feu mais à chaque fois, je renaissais de mes cendres, toujours plus fort, toujours plus amoureux.
Ce soir-là il avait beaucoup neigé et elle avait beaucoup bu. Elle était d’humeur joyeuse, elle s’est précipitée dehors, s’est jetée sur le tapis blanc immaculé, et m’a transformé en bonhomme de neige. Une écharpe, un bonnet et une pancarte autour du cou. J’ai su alors que j’étais condamné.
PEUR avait-elle marquée en gras et bien rouge.
Après une dernière gorgée de whisky, elle m’a souri, puis d’un geste sec et précis m’a précipité par-dessus le balcon. J’ai atterri à l’étage en dessous. Quelques secondes après, le reste de la bouteille est venu m’assommer. Ma fin était proche et je sentis la peur m'envahir, c'était mon tour.
Le soleil commençait à poindre au-dessus du toit et la neige fondait tout doucement. Dans un voile d’incompréhension, je l’ai vu danser sur le balcon du haut, elle tournait et tournait, dans le plus simple appareil, chuchotant plus que chantant :
Adieu salopard, crève, disparaît de ma vue et ne reviens jamais.
Et à mesure que je fondais, son pas de danse se faisait plus léger et son chant plus mélodieux…
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: crève salopard
Ah les histoires de couple !!!
J'ai l'impression que, par tes mots, tu suggères le harcèlement et la violence psychologique dans le couple.
Difficile de s'en défaire que le crime est devenue la seule solution pour s'en délivrer.
Si c'est ça, je trouve cela intéressant de se mettre à la place du harceleur.
Mais j'ai un peu l'impression qu'il y a confusion entre le narrateur/auteur qui veut faire passer des messages et qui ne colle pas assez avec la psychologie du personnage.
J'ai du mal à voir un mec de ce genre se dire et poser un tel regard : "Et à mesure que je fondais, son pas de danse se faisait plus léger et son chant plus mélodieux…"
Ou alors, j'ai pas assez d'imagination et suis trop ancrée dans le réel
J'ai du mal à exprimer mon ressenti, mais si tu ne comprends ce que j'essaie de dire, je retenterai.
J'ai l'impression que, par tes mots, tu suggères le harcèlement et la violence psychologique dans le couple.
Difficile de s'en défaire que le crime est devenue la seule solution pour s'en délivrer.
Si c'est ça, je trouve cela intéressant de se mettre à la place du harceleur.
Mais j'ai un peu l'impression qu'il y a confusion entre le narrateur/auteur qui veut faire passer des messages et qui ne colle pas assez avec la psychologie du personnage.
J'ai du mal à voir un mec de ce genre se dire et poser un tel regard : "Et à mesure que je fondais, son pas de danse se faisait plus léger et son chant plus mélodieux…"
Ou alors, j'ai pas assez d'imagination et suis trop ancrée dans le réel
J'ai du mal à exprimer mon ressenti, mais si tu ne comprends ce que j'essaie de dire, je retenterai.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: crève salopard
J'ai trouvé ce texte agréable à lire, bien que n'en ayant pas saisi toutes les subtilités. C'est toujours très difficile d'imaginer un être de chair et d'os dans la peau d'un bonhomme de neige. J'avoue qu'au début du texte, je me suis même posé la question de savoir si c'était pas au chien à qui tu t'adressais ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: crève salopard
Le bonhomme de neige n'est pas une personne, ni un animal, c'est la peur, celle avec laquelle vivent les phobiques . Il faut se mettre dans la peau d'une personne victime d'agoraphobie ou de phobie sociale pour comprendre le texte, exercice difficile je le conçois
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: crève salopard
Ceci explique cela... et du coup, j'étais à côté de la plaque. J'étais quasi sûre de pas tout saisir.
Je comprends mieux le sens du texte et cela me paraît enfin plus cohérent
Une question, pourquoi ne pas avoir accordé le Je au féminin ?
La peur, ou la personnification de la peur...
Je comprends mieux le sens du texte et cela me paraît enfin plus cohérent
Une question, pourquoi ne pas avoir accordé le Je au féminin ?
La peur, ou la personnification de la peur...
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: crève salopard
July_C a écrit:Une question, pourquoi ne pas avoir accordé le Je au féminin ?
La peur, ou la personnification de la peur...
La peur chez un phobique n'est pas de la peur, c'est bien plus que ça. On ne peut pas l'apparenter à la peur que tu peux ressentir lorsque tu as une anxiété tout à fait normale car c'est totalement différent, le sentiment de peur n'est qu'un symptôme parmi plein d'autres dont une "déréalisation" On ne la nomme donc pas "Peur" mais Max.
Max englobe tous les symptômes d'un phobique en situation d'attaque de panique.
Si j'avais remplacé Peur par Max, cela aurait encore plus prêté à confusion, en tout cas dans mon idée. L'ensemble des symptômes se pense au masculin.
Bon c'est un peu compliqué je l'avoue mais ce n'est pas important, chaque lecteur peut interpréter mon texte comme il le souhaite
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: crève salopard
Texte très bien écrit mais il m'a fallu lire tous les coms qui suivent pour comprendre.
J'ai pensé à un certain moment qu'il s'agissait d'un rite vaudou quand la personne fabrique un pantin qu'elle place dans une vitrine comme on le ferait d'une poupée que l'on transperce d'aiguilles pour conjurer le sort ou plutôt jeter un sort.
Mais en fait il s'agit de la peur que l'on veut exterminer. Très psychologique.
J'ai pensé à un certain moment qu'il s'agissait d'un rite vaudou quand la personne fabrique un pantin qu'elle place dans une vitrine comme on le ferait d'une poupée que l'on transperce d'aiguilles pour conjurer le sort ou plutôt jeter un sort.
Mais en fait il s'agit de la peur que l'on veut exterminer. Très psychologique.
Invité- Invité
Re: crève salopard
J’ai rapidement compris que ce narrateur est la personnification d’un sentiment immatériel. Au début je pensais qu’il s’agissait de folie d’obsession, la peur n’en étant qu’une manifestation parmi d’autres.
A partir de PEUR avait-elle marquée en gras et bien rouge, il est clair que c’est de la peur elle-même qu’il s’agit. Comme Yvanne, J’ai vu ce pantin devenu bonhomme de neige comme une poupée de sorcellerie chargée d’exorciser une hantise. D’ailleurs je la vois encore ainsi.
J’aime bien l’idée de faire de cette peur le narrateur et qu’il se dise amoureux de sa proie.
Par contre pour moi non plus le masculin n’est pas passé. Et en effet, ce « max » ne pouvait qu’être incompréhensible aux non initiés.
Ça me rappelle que dans l’excellent film d’animation « Mary et Max », ce dernier est atteint du syndrome d’Asperger. Y aurait-il là une allusion à ce Max de la phobie sociale ?
A partir de PEUR avait-elle marquée en gras et bien rouge, il est clair que c’est de la peur elle-même qu’il s’agit. Comme Yvanne, J’ai vu ce pantin devenu bonhomme de neige comme une poupée de sorcellerie chargée d’exorciser une hantise. D’ailleurs je la vois encore ainsi.
J’aime bien l’idée de faire de cette peur le narrateur et qu’il se dise amoureux de sa proie.
Par contre pour moi non plus le masculin n’est pas passé. Et en effet, ce « max » ne pouvait qu’être incompréhensible aux non initiés.
Ça me rappelle que dans l’excellent film d’animation « Mary et Max », ce dernier est atteint du syndrome d’Asperger. Y aurait-il là une allusion à ce Max de la phobie sociale ?
Dernière édition par tobermory le Sam 14 Fév - 18:18, édité 1 fois
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: crève salopard
J'avais bien compris que tu parlais de la peur... Et je suis contente de voir que tu parles d'elle dans le texte au passé.Naturellement elle peut toujours renaître de ses cendres mais si on peut la jeter au feu une fois il est possible de recommencer l'opération s'il le faut .
Le problème de la peur c'est qu' il y a la peur de la peur. Allez tous ensemble contre la peur !
Le problème de la peur c'est qu' il y a la peur de la peur. Allez tous ensemble contre la peur !
Charlotte- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: crève salopard
Tres beau texte, très fort, surtout a la deuxième lecture avec les explications des com. A la première lecture j'avais pensé comme July a un harceleur, mais la peur telle qu'elle est décrite doit être ressentit comme un harcèlement et une délivrance quand elle fond. bravo
Myriel- Kaléïd'habitué
- Humeur : Girouette
Re: crève salopard
un de tes plus jolis textes sur ta phobie. un des rares où tu la fais parler. ça donne un joli résultat, quand tu mets toi-même les mots dans la bouche de Max.
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: crève salopard
Un texte à vocation cathartique...
Mais l'usage du masculin crée une confusion qui n'est levée que par les explications de texte...
Bien sûr j'ai pensé à une personnification de la peur ... mais.... que venait faire le masculin ?
Un peu dommage que Max ne soit pas un peu explicité qq part dans le texte lui-même.
Mais l'usage du masculin crée une confusion qui n'est levée que par les explications de texte...
Bien sûr j'ai pensé à une personnification de la peur ... mais.... que venait faire le masculin ?
Un peu dommage que Max ne soit pas un peu explicité qq part dans le texte lui-même.
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: crève salopard
De prime abord, je suis passé à côté du texte que j'i mieux compris après avoir lu les commentaires.
Kz- Kaléïd'habitué
- Humeur : bonne
Re: crève salopard
Une bonne façon d'exorciser ta Peur est d'en parler, à tous et à tout le monde.
Cela clarifie les choses.
Cela explique certains comportements que les non-initiés pourraient prendre pour de l'indifférence, voire de l'hostilité.
Tu as eu le Courage de te lancer avec ce texte assez sybillin en première lecture.
C'est encore pour toi un grand pas en avant.
Continue sur ta lancée, et dis-toi bien que rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais perdu non plus !
Cela clarifie les choses.
Cela explique certains comportements que les non-initiés pourraient prendre pour de l'indifférence, voire de l'hostilité.
Tu as eu le Courage de te lancer avec ce texte assez sybillin en première lecture.
C'est encore pour toi un grand pas en avant.
Continue sur ta lancée, et dis-toi bien que rien n'est jamais acquis, rien n'est jamais perdu non plus !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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