Complainte du Terre Neuva
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Complainte du Terre Neuva
NB : en italiques les paroles de la chason de Tri Yann "Le Dauphin"
Sur la lande déserte, une femme fredonne,
Pour son enfant et pour elle aussi :
"Je connais ton père, petit bonhomme,
Il vit très loin, très loin d'ici."
Je suis un Terre Neuva et fier de l’être ! Je passe la majeure partie de l’année sur le chalutier « Le Téméraire » à pêcher la morue sur les bancs de Terre Neuve. 2-3 campagnes par an. Tout cela pour un salaire de misère mais il me faut bien nourrir ma famille. Ma femme m’attend sur l’ile d’Ouessant avec mes deux enfants. Un garçon et une fille.
Cela fait deux mois que nous sommes partis. La pêche a été bonne et les cales sont presque pleines. Nous allons bientôt pouvoir retourner au pays !
Un soir de tempête, il est entré.
Mon dieu, la tête qu'il avait !
Il dit s'asseyant sur le lit :
"C'est moi le père du petit."
Qu’est ce qu’il a à rester dans les jupes de sa mère ? J’ai l’impression que je lui fais peur. Faut dire que je suis vanné. Cela fait des jours que je n’ai quasiment pas dormi. On a subi une violente tempête en arrivant au large des cotes françaises. La pire que j’ai connue ! Des creux de 6-7 mètres. Le chalutier était balloté comme un fétu de paille. Nous avons tous cru que notre dernière heure était venue.
Je suis de l’ile d’Ouessant et Dieu sait que je connais les tempêtes qui balayent le phare de la Jument. Les vagues qui se brisent sur l’édifice et qui l’engloutissent le temps d’un instant. On dit qu’il n’y a pas pire et pourtant je vous jure que la tempête que nous avons essuyée était encore pire ! Vous n’êtes pas obligés de me croire même si pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter
"Je suis un homme sur la terre,
Je suis un dauphin dans la mer,
Je vis très loin, très loin d'ici,
Dans le courant du Sweal Scery."
J’ai le mal de terre dès que je reviens au pays. Je m’y sens à l’étroit, pas à ma place. La mer me manque. L’horizon, le grand large, les nuits étoilées. J’étouffe entre les quatre murs de notre maison. Alors je passe les après midi au café à parler de la mer et de nos exploits de pêcheurs. Je vois tous leurs yeux ébahis quand je décris les bandes de dauphins que nous avons parfois la chance d’apercevoir. Aucun de nous ne sait nager et notre plus grande terreur est de tomber dans la mer. Mon rêve serait d’attraper un aileron de dauphin et de plonger avec lui dans l’océan.
Jetant sur la table une bourse d'or,
Il dit : "Voilà pour ton effort.
Quant au petit, dès aujourd'hui,
Il faut te séparer de lui."
"Je viendrai le prendre un soir à la brume,
Quand le ciel s'accroche au filet meurtri,
Je lui apprendrai à prendre l'écume
Comme mon père me l'avait appris."
Il vient d’avoir 14 ans. Ce n’est plus un enfant. Il est temps qu’il vienne avec moi. Quand il reviendra il sera devenu un homme. Ses yeux auront gouté au grand large et plus jamais il ne se sentira à sa place sur la terre.
Ma pauvre femme ! Elle ne dit rien mais je vois bien ses yeux rougis. Elle sait pourtant que c’est la vie, que c’est notre vie de famille de pêcheurs. Elle ne restera pas seule, il lui reste notre fille.
"Un marin pêcheur tu épouseras,
Des harponneurs le plus adroit,
Et le premier coup qu'il décochera
Tuera mon fils, mon fils et moi !"
C’est la vie, c’est notre vie. La mer nous prend nos maris, nos fils, nos brus et nous ne pouvons rien faire d’autre que d’attendre. Attendre et prier pour le retour sain et sauf de nos hommes. Je suis femme de pêcheur Terre Neuva. Ma fille aussi épousera un marin et elle aussi elle attendra le retour de son homme.
Sur la lande déserte, une femme fredonne,
Pour son enfant et pour elle aussi :
"Je connais ton père, petit bonhomme.
Il vit très loin, très loin d'ici."
Sur la lande déserte, une femme fredonne,
Pour son enfant et pour elle aussi :
"Je connais ton père, petit bonhomme,
Il vit très loin, très loin d'ici."
Je suis un Terre Neuva et fier de l’être ! Je passe la majeure partie de l’année sur le chalutier « Le Téméraire » à pêcher la morue sur les bancs de Terre Neuve. 2-3 campagnes par an. Tout cela pour un salaire de misère mais il me faut bien nourrir ma famille. Ma femme m’attend sur l’ile d’Ouessant avec mes deux enfants. Un garçon et une fille.
Cela fait deux mois que nous sommes partis. La pêche a été bonne et les cales sont presque pleines. Nous allons bientôt pouvoir retourner au pays !
Un soir de tempête, il est entré.
Mon dieu, la tête qu'il avait !
Il dit s'asseyant sur le lit :
"C'est moi le père du petit."
Qu’est ce qu’il a à rester dans les jupes de sa mère ? J’ai l’impression que je lui fais peur. Faut dire que je suis vanné. Cela fait des jours que je n’ai quasiment pas dormi. On a subi une violente tempête en arrivant au large des cotes françaises. La pire que j’ai connue ! Des creux de 6-7 mètres. Le chalutier était balloté comme un fétu de paille. Nous avons tous cru que notre dernière heure était venue.
Je suis de l’ile d’Ouessant et Dieu sait que je connais les tempêtes qui balayent le phare de la Jument. Les vagues qui se brisent sur l’édifice et qui l’engloutissent le temps d’un instant. On dit qu’il n’y a pas pire et pourtant je vous jure que la tempête que nous avons essuyée était encore pire ! Vous n’êtes pas obligés de me croire même si pour que l'événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu'on se mette à le raconter
"Je suis un homme sur la terre,
Je suis un dauphin dans la mer,
Je vis très loin, très loin d'ici,
Dans le courant du Sweal Scery."
J’ai le mal de terre dès que je reviens au pays. Je m’y sens à l’étroit, pas à ma place. La mer me manque. L’horizon, le grand large, les nuits étoilées. J’étouffe entre les quatre murs de notre maison. Alors je passe les après midi au café à parler de la mer et de nos exploits de pêcheurs. Je vois tous leurs yeux ébahis quand je décris les bandes de dauphins que nous avons parfois la chance d’apercevoir. Aucun de nous ne sait nager et notre plus grande terreur est de tomber dans la mer. Mon rêve serait d’attraper un aileron de dauphin et de plonger avec lui dans l’océan.
Jetant sur la table une bourse d'or,
Il dit : "Voilà pour ton effort.
Quant au petit, dès aujourd'hui,
Il faut te séparer de lui."
"Je viendrai le prendre un soir à la brume,
Quand le ciel s'accroche au filet meurtri,
Je lui apprendrai à prendre l'écume
Comme mon père me l'avait appris."
Il vient d’avoir 14 ans. Ce n’est plus un enfant. Il est temps qu’il vienne avec moi. Quand il reviendra il sera devenu un homme. Ses yeux auront gouté au grand large et plus jamais il ne se sentira à sa place sur la terre.
Ma pauvre femme ! Elle ne dit rien mais je vois bien ses yeux rougis. Elle sait pourtant que c’est la vie, que c’est notre vie de famille de pêcheurs. Elle ne restera pas seule, il lui reste notre fille.
"Un marin pêcheur tu épouseras,
Des harponneurs le plus adroit,
Et le premier coup qu'il décochera
Tuera mon fils, mon fils et moi !"
C’est la vie, c’est notre vie. La mer nous prend nos maris, nos fils, nos brus et nous ne pouvons rien faire d’autre que d’attendre. Attendre et prier pour le retour sain et sauf de nos hommes. Je suis femme de pêcheur Terre Neuva. Ma fille aussi épousera un marin et elle aussi elle attendra le retour de son homme.
Sur la lande déserte, une femme fredonne,
Pour son enfant et pour elle aussi :
"Je connais ton père, petit bonhomme.
Il vit très loin, très loin d'ici."
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: Complainte du Terre Neuva
Quelle belle originalité pour traiter la consigne.
J'ai beaucoup aimé. Je l'ai lu comme une chanson dont les couplets seraient de toi et les refrains les paroles de Tri Yann .
La Bretagne et ses marins prennent toute leur valeur avec ton texte et je ne peux m'empêcher de penser à cette femme, à cette mère qui passe sa vie à attendre et à craindre.
J'ai beaucoup aimé. Je l'ai lu comme une chanson dont les couplets seraient de toi et les refrains les paroles de Tri Yann .
La Bretagne et ses marins prennent toute leur valeur avec ton texte et je ne peux m'empêcher de penser à cette femme, à cette mère qui passe sa vie à attendre et à craindre.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: Complainte du Terre Neuva
Un bel hommage aux marins que furent les Terre Neuva et à leurs familles Sherkane !
Invité- Invité
Re: Complainte du Terre Neuva
Un très beau texte ponctué par les paroles de la chanson ( une vraie découverte pour moi, merci !).
Je retiens aussi " J'ai le mal de terre" belle formule!
Ah, quel ennemie pour la femme et les enfants que cette mer si chérie par les hommes !
Je retiens aussi " J'ai le mal de terre" belle formule!
Ah, quel ennemie pour la femme et les enfants que cette mer si chérie par les hommes !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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