La Pomponnette
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July_C
Nerwen
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La Pomponnette
Sur la placette, près de la fontaine, il y eut d'abord un cercle d'enfants, puis la cloche de l’église sonna trois heures : c’était le moment !
Les enfants attendaient que l’Aimable ouvre sa boutique pour se ruer sur les brassados qu’il n’avait pas manqué de cuire pour leur plus grand plaisir. Les brassados d’Aimable Castanier étaient célèbres dans toute la région ! Et moi, profitant de cette agitation, je me glissai entre toutes ces jambes nues et ces genoux couronnés et gagnai le large…
Ça fait plusieurs jours déjà que je guette l’occasion, plusieurs jours que j’ai des envies d’ailleurs. Je sens de curieux picotements au creux des reins qui me reviennent à chaque printemps et sont le signe évident d’un besoin d’escapade…
Une petite voix me chuchote : Que vas-tu chercher malheureuse ? N’as-tu pas tout ce qu’il te faut à la maison ? Le vivre et le couvert assuré et aussi la tendresse d’un compagnon modèle, d’un compagnon de longue date… »
Justement ! Je suis fatiguée de la tendresse. Elle m’ennuie la tendresse ! Je rêve de « passants du clair de lune », d’amours de contrebande, violents, tumultueux, la nuit dans la chaleur de la garigue …
Pour l’occasion, je connais un certain rouquin, là-bas au mas de l’Esquirou, qui fera bien l’affaire… Il est jeune, plein de feu et beau ! Bien sur, il a une oreille ébréchée, mais c’est d’autant plus excitant que c’est la conséquence d’une bagarre, pleine de bruit et de fureur, pour les beaux yeux verts d’une jeunesse ! Il y a bien longtemps que le Pompon ne se bat plus pour moi ! Il se fait vieux, pour lui, la chose est affaire de routine et moi, la routine je ne peux pas la supporter.
Me voilà à pied d’œuvre… La promenade m’a échauffé les sangs et je sens rouler dans ma gorge un discret feulement qui enfle et devient sonore, avec l’effet attendu : là-bas, sous le buisson, le Beau Roux a capté mon appel, ses oreilles ont frémi. Mais il ne bouge pas, mine de rien, il fait son indifférent, blasé par le succès. Il va falloir que je sorte le grand jeu, la danse horizontale et reptilienne, sur le ventre, à la renverse, sur le dos… Je rampe, simule la soumission, je roule d’un côté, de l’autre, le corps tour à tour arqué et détendu …
Tiens, il approche d’un air conquérant, pour lui l’affaire est faite…Tu vas voir mon gars ! Une gifle soudaine, bien appliquée sur son museau sensible, le fait reculer d’un bond. La ruse suprême, celle qui attise le désir, faire semblant de ne plus vouloir… Il a l’air désorienté mon beau séducteur. Il ne faudrait pas le décourager. Allons y : je m’aplatis sur le sol, creuse les reins, patine des pattes de derrière… Qu’est-ce qu’il attend ? Ah, oui, ma queue ! Il se méfie encore et me contourne avec lenteur… Soudain il me chevauche d’un mouvement vif accompagné d’un roucoulement de colombe. Je sens ses crocs plantés dans ma nuque touffue, je crie : c’est bref et intense…
Il est très tard quand je regagne la boulangerie, la lune éclaire le sentier et j’ai faim. Pompon doit m’attendre, il attend toujours quand je découche. Je vais avoir droit à un sermon. Bien que satisfaite de mon aventure, je sens néanmoins une petite pointe de remord, mais alors, toute petite…
Les enfants attendaient que l’Aimable ouvre sa boutique pour se ruer sur les brassados qu’il n’avait pas manqué de cuire pour leur plus grand plaisir. Les brassados d’Aimable Castanier étaient célèbres dans toute la région ! Et moi, profitant de cette agitation, je me glissai entre toutes ces jambes nues et ces genoux couronnés et gagnai le large…
Ça fait plusieurs jours déjà que je guette l’occasion, plusieurs jours que j’ai des envies d’ailleurs. Je sens de curieux picotements au creux des reins qui me reviennent à chaque printemps et sont le signe évident d’un besoin d’escapade…
Une petite voix me chuchote : Que vas-tu chercher malheureuse ? N’as-tu pas tout ce qu’il te faut à la maison ? Le vivre et le couvert assuré et aussi la tendresse d’un compagnon modèle, d’un compagnon de longue date… »
Justement ! Je suis fatiguée de la tendresse. Elle m’ennuie la tendresse ! Je rêve de « passants du clair de lune », d’amours de contrebande, violents, tumultueux, la nuit dans la chaleur de la garigue …
Pour l’occasion, je connais un certain rouquin, là-bas au mas de l’Esquirou, qui fera bien l’affaire… Il est jeune, plein de feu et beau ! Bien sur, il a une oreille ébréchée, mais c’est d’autant plus excitant que c’est la conséquence d’une bagarre, pleine de bruit et de fureur, pour les beaux yeux verts d’une jeunesse ! Il y a bien longtemps que le Pompon ne se bat plus pour moi ! Il se fait vieux, pour lui, la chose est affaire de routine et moi, la routine je ne peux pas la supporter.
Me voilà à pied d’œuvre… La promenade m’a échauffé les sangs et je sens rouler dans ma gorge un discret feulement qui enfle et devient sonore, avec l’effet attendu : là-bas, sous le buisson, le Beau Roux a capté mon appel, ses oreilles ont frémi. Mais il ne bouge pas, mine de rien, il fait son indifférent, blasé par le succès. Il va falloir que je sorte le grand jeu, la danse horizontale et reptilienne, sur le ventre, à la renverse, sur le dos… Je rampe, simule la soumission, je roule d’un côté, de l’autre, le corps tour à tour arqué et détendu …
Tiens, il approche d’un air conquérant, pour lui l’affaire est faite…Tu vas voir mon gars ! Une gifle soudaine, bien appliquée sur son museau sensible, le fait reculer d’un bond. La ruse suprême, celle qui attise le désir, faire semblant de ne plus vouloir… Il a l’air désorienté mon beau séducteur. Il ne faudrait pas le décourager. Allons y : je m’aplatis sur le sol, creuse les reins, patine des pattes de derrière… Qu’est-ce qu’il attend ? Ah, oui, ma queue ! Il se méfie encore et me contourne avec lenteur… Soudain il me chevauche d’un mouvement vif accompagné d’un roucoulement de colombe. Je sens ses crocs plantés dans ma nuque touffue, je crie : c’est bref et intense…
Il est très tard quand je regagne la boulangerie, la lune éclaire le sentier et j’ai faim. Pompon doit m’attendre, il attend toujours quand je découche. Je vais avoir droit à un sermon. Bien que satisfaite de mon aventure, je sens néanmoins une petite pointe de remord, mais alors, toute petite…
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: La Pomponnette
Arffffffffff
Bah alors, c'est période de chaleur pour Pomponnette ? :-D
Sacré animal qui en ce jour de huit mars montre bien qui c'est qui a le pouvoir hi hi hi :-)
Une vraie petite coquine qui sait s'y prendre avec le mâle en tout cas !
C'était une agréable lecture animale ! :-)
Bah alors, c'est période de chaleur pour Pomponnette ? :-D
Sacré animal qui en ce jour de huit mars montre bien qui c'est qui a le pouvoir hi hi hi :-)
Une vraie petite coquine qui sait s'y prendre avec le mâle en tout cas !
C'était une agréable lecture animale ! :-)
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: La Pomponnette
Tout du long j'ai parlé avec ta Pomponnette et... avé l'assent du Midi ! C'est super bien écrit.
Je vois que rien ne t'échappe en ce qui concerne les chats. Même pas leurs ébats ! Mais il paraît que toi aussi, tu es une spécialiste de ce félin, Nerwen. Et dire que je ne peux pas en avoir à cause de la route qui passe au fond de mon jardin ! Heureusement, je me console les WE avec Daisy et Gimly, les chattes de mes enfants.
Je vois que rien ne t'échappe en ce qui concerne les chats. Même pas leurs ébats ! Mais il paraît que toi aussi, tu es une spécialiste de ce félin, Nerwen. Et dire que je ne peux pas en avoir à cause de la route qui passe au fond de mon jardin ! Heureusement, je me console les WE avec Daisy et Gimly, les chattes de mes enfants.
Invité- Invité
Re: La Pomponnette
Ah la Pomponette ! La femme du boulanger de Pagnol si bien adaptée au cinéma. Il y manquait quand même ce chapitre, que tu nous offfres avec délice.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: La Pomponnette
Vraiment !!! Vraiment, une coquine, cette matoune ...
Dans une vie antérieure, Nerwen, n'as-tu pas fait un stage chez la gent féline ?
Comme Délia, j'ai pensé à Raimu et la Femme du boulanger ...
Dans une vie antérieure, Nerwen, n'as-tu pas fait un stage chez la gent féline ?
Comme Délia, j'ai pensé à Raimu et la Femme du boulanger ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: La Pomponnette
Quand Nerwen se met à écrire façon Pagnol, on y retrouve toute la saveur de " La femme du boulanger" mais en toutes chatteries !
J'ai particulièrement aimé, en cette journée de la femme le passage où elle dit " La tendresse j'en suis fatiguée"
Elle veut de la passion, du feu, quoi et c'est fort joliment qu'elle va séduire le mâle.
J'ai particulièrement aimé, en cette journée de la femme le passage où elle dit " La tendresse j'en suis fatiguée"
Elle veut de la passion, du feu, quoi et c'est fort joliment qu'elle va séduire le mâle.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: La Pomponnette
Et c'est ainsi que naquirent d'adorables chatons, mi-rouquin, mi-pomponnette, aussitôt adoptés par l'Aimable, qui ronchonna un peu, mais pas trop, juste pour la forme...
Bravo pour ton texte, Experte en séduction !
Bravo pour ton texte, Experte en séduction !
silhène- Kaléïd'habitué
- Humeur : la meilleure possible....
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