Coups de foudre

Coups de foudre

« Comme la vie est triste lorsque le soleil luit ! »
Se lamentait un jour un pauvre parapluie
« Car il est bien connu que la pluie nous déploie
Tandis que le soleil replie nos peaux de soie. »
C’était un vieux pébroque à la défroque noire
Habitué des églises, crucifix et ciboires.
Ses plus longues balades menaient au cimetière
A la main éplorée d’austères héritières.

Quelques pépins jeunots pleins de vives couleurs
Moquaient insolemment l’aïeul et ses valeurs
« C’est normal à ton âge d’aimer le temps morose
Nous voulons, Bleu, Vert, Rouge, vivre la vie en rose
Nous dorer au soleil côtoyer les oiseaux
Echapper aux humains car on n’est pas maso. »

Et bandant leurs baleines ils bondirent en l’air
Se gorgeant d’azur pur et de rayons solaires.
Ils vécurent ainsi un jour de papillon
Tout empli de bonheur et de folles passions.
Hélas dans la soirée les nuages s’entassèrent
Un orage éclata foudroyant Bleu et Vert.
Rouge désespéré ne savait plus que faire
Attendre de la foudre une fatale salve ?
Retourner chez les hommes pour leur servir d’esclave ?
Alors de tout là-haut il vit, tout en bas dans un champ,
Un gars et une fille fuyant le temps méchant.
En quête d’un abri, ils choisirent un pin,
Variété parasol, en guise de pépin.
Mais ils n’eurent le temps de se chanter victoire
L’arbre sous l’eau était une passoire.

Rouge voyant cela écoute son instinct
Et descend pour offrir son étanche satin.
Serrés sous son arcade, les deux se regardèrent :
Coup de foudre innocent issu de leur galère.

Peu importe la pluie, l’amour est un soleil
Dispensateur de joie et maitre sans pareil.
Et Rouge renonça aux envolées célestes
S’acceptant parapluie aux ambitions modestes

Comme quoi il faut parfois quelques détours
Pour céder au destin prévu depuis toujours

 j'aime beaucoup. Quelle imagination!

Par contre deux remarques :

"Rouge voyant cela écoute son instinct
Et descend pour offrir son étanche satin"
Il me semble qu'ici il faudrait le passé simple car tout le reste de ton poème est à l'imparfait. Alors pourquoi ici le présent?

Sinon je trouve que les deux vers de la fin (un genre de morale) est inutile et casse un peu l'ambiance légère et gaie du reste du texte.
Mais ce n'est que mon avis....

Encore un joli texte parfaitement construit. Ce poème raconte une histoire plaisante. J'en aime la chute :"Et Rouge renonça aux envolées célestes S’acceptant parapluie aux ambitions modestes". Bref une belle histoire, des alexandrins heureux, notamment en début de texte autour du parapluie noir.
Bel effet de contraste entre l'ancien tout noir et les jeunots en couleur pleins d'enthousiasme et de joie de vivre. J'ai trouvé qu'il y a une légère perte de rythme de l'histoire autour du changement du parapluie rouge ver les amants au sol. Un "feeling" tout au plus.

Reste l'admiration pour un joli travail de versification autour d'une histoire fraîche et souriante. Bien joué !

Rouge devait connaître la chanson de Brassens "Un p'tit coin d'parapluie.... Une jolie histoire en forme de fable, d'où la "morale" je pense.

Belle histoire d'amour, de coup de foudre (dans tous ses sens du terme), qui se lit avec plaisir.
Mais n'oublions pas que le parapluie peut aussi servir à se protéger du soleil, peut-être que Rouge le découvrira dans sa nouvelle demeure

J'aime beaucoup !!!
C'est rythmé, bien raconté en plus de cela. Une belle émotion pour le message de ce texte : donner de soi et accepter sa condition.
MERCI ! et merci !

Est-ce une vie d'esclave quand on décide enfin
D'offrir un peu de soi à la lueur des destins ?
C'est bien là un rouge tout d'un coup généreux
Qui descend et se bouge pour des êtres mal heureux.

Une poésie en forme de fable, je n'y aurais pas pensé mais qu'elle belle idée et joliment mise en mots

J'arrive bonne dernière et aux autres comm's j'adhère !

Tu n'es pas la dernière Amanda et comme les autres j'adore cette fable, si joliment construite si joliment contée

Habitué des églises, crucifix et ciboires.
Ses plus longues balades menaient au cimetière
A la main éplorée d’austères héritières.

Image très réaliste qui me rappelle les enterrements du passé quand le cortège suivait le corbillard avec ses "ménettes"* de noir vêtues abritées sous leurs grands parapluies noirs .