A. Mal de terre
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A. Mal de terre
Je pars le coeur en vrac. Il se serre à chaque remous que caresse la coque du navire qui nous embarque loin de Saint Kilda. Loin de ma terre. Chaque mètre qui nous éloigne me remue un peu plus l'estomac.
C'était notre décision de quitter cette île, une sorte de pied de nez à la fatalité. Puisque l'île nous devenait hostile, laissant germer les infections et les maladies, nous sommes partis. Mais qui sait quel mal nous attend au-delà des vagues ?
Je pense à notre repas, celui que nous avons pris avec ma femme avant de fermer les yeux une dernière fois sous le ciel de Saint Kilda. Le vent sifflait à nos oreilles. Quelques pommes de terres que nous avions fait bouillir avec des légumes. Un souper silencieux, comme à notre habitude. Mais cette fois-ci, ma femme sanglotait. Et n'a fait aucune moue répressive quand je me suis servi une troisième portion.
Avant de partir, l'un des nôtre a allumé un dernier feu en haut du Conochair. Cette falaise fut longtemps notre fanal, et cela me fait mal au coeur de penser que le phare de Saint Kilda ne sert plus à éloigner les bateaux plutôt que de les guider. Les falaises semblent plonger dans eaux salées, la campagne se délite et le paysage se brouille. Je me sens mal.
Je m'accroche à la rambarde du navire. Les souvenirs tanguent dans ma tête et manquent de chavirer. Avec les années, j'ai vu partir mes amis, mes fils. Plus rien ne me retient sur cette île. Pourtant le mal est bien présent, impossible à chasser. Ma gorge se serre et je jette la tête en avant. Sur le pont boisé reposent à présent des évocations de pommes de terre. L'odeur amère du souvenir reste dans l'arrière-gorge.
Mal de terre. Maudites vagues. Je ne sais pas ce qui m'attend de l'autre côté de la mer, mais une chose dont je suis sûr à propos de cette traversée en bateau, c'est que je ne m'en remettrai pas.
C'était notre décision de quitter cette île, une sorte de pied de nez à la fatalité. Puisque l'île nous devenait hostile, laissant germer les infections et les maladies, nous sommes partis. Mais qui sait quel mal nous attend au-delà des vagues ?
Je pense à notre repas, celui que nous avons pris avec ma femme avant de fermer les yeux une dernière fois sous le ciel de Saint Kilda. Le vent sifflait à nos oreilles. Quelques pommes de terres que nous avions fait bouillir avec des légumes. Un souper silencieux, comme à notre habitude. Mais cette fois-ci, ma femme sanglotait. Et n'a fait aucune moue répressive quand je me suis servi une troisième portion.
Avant de partir, l'un des nôtre a allumé un dernier feu en haut du Conochair. Cette falaise fut longtemps notre fanal, et cela me fait mal au coeur de penser que le phare de Saint Kilda ne sert plus à éloigner les bateaux plutôt que de les guider. Les falaises semblent plonger dans eaux salées, la campagne se délite et le paysage se brouille. Je me sens mal.
Je m'accroche à la rambarde du navire. Les souvenirs tanguent dans ma tête et manquent de chavirer. Avec les années, j'ai vu partir mes amis, mes fils. Plus rien ne me retient sur cette île. Pourtant le mal est bien présent, impossible à chasser. Ma gorge se serre et je jette la tête en avant. Sur le pont boisé reposent à présent des évocations de pommes de terre. L'odeur amère du souvenir reste dans l'arrière-gorge.
Mal de terre. Maudites vagues. Je ne sais pas ce qui m'attend de l'autre côté de la mer, mais une chose dont je suis sûr à propos de cette traversée en bateau, c'est que je ne m'en remettrai pas.
Christa77- Kaléïd'habitué
- Humeur : Rêveuse
Re: A. Mal de terre
Je trouve ton texte intéressant et agréable à lire. La fin est inattendue, tragi-comique, c'est à dire qu'elle me fait sourire malgré le tragique de la situation. Et ton personnage est très crédible. J'aime bien cette version.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. Mal de terre
C'est vrai que la fin est " spéciale " un peu en décalage avec le reste du texte.
J'aime beaucoup ton titre et je trouve que ton texte va parfaitement avec ce titre.
Et grâce à cette drôle de fin, ce titre a un double sens tres révélateur.
La forme de ton texte est parfaite. Je trouve que tu mets extrêmement de soin à la forme de tes textes ( j'en profite pour te le dire ici) et que cela se ressent à la lecture qui en devient très agréable.
Tu as réussi à faire quelque chose de différent des autres et avec les consignes tres dirigées ce n'était pas facile. Bravo
J'aime beaucoup ton titre et je trouve que ton texte va parfaitement avec ce titre.
Et grâce à cette drôle de fin, ce titre a un double sens tres révélateur.
La forme de ton texte est parfaite. Je trouve que tu mets extrêmement de soin à la forme de tes textes ( j'en profite pour te le dire ici) et que cela se ressent à la lecture qui en devient très agréable.
Tu as réussi à faire quelque chose de différent des autres et avec les consignes tres dirigées ce n'était pas facile. Bravo
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Mal de terre
Contrairement à Admin, je ne trouve pas ton texte en décalage. Elle correspond à une facette de l'histoire, à une personnalité, parmi les trente six , avec son vécu.
Un texte supplémentaire agréable à lire.
Un texte supplémentaire agréable à lire.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Mal de terre
Une belle plume, j'aime beaucoup la façon dont tu as écrit.
L'angle que tu as pris me plait beaucoup.
L'angle que tu as pris me plait beaucoup.
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
Re: A. Mal de terre
Merci à tous pour vos gentils commentaires... malgré les jours qui se sont accumulés depuis! J'ai en effet essayé de trouver un angle différent après avoir lu les textes des autres contributeurs, j'avais espéré faire quelque chose de plus drôle mais le sujet ne s'y prêtait pas vraiment...
A très bientôt!
A très bientôt!
Christa77- Kaléïd'habitué
- Humeur : Rêveuse
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