A. Dernière nuit
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Escandélia
Admin
Sherkane
7 participants
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A. Dernière nuit
C’est la dernière nuit. Je le devine aux agissements de l’homme. Il a passé l’après-midi avec ses borders collies à trier les brebis selon leurs propriétaires. Puis en fin de journée, il a nettoyé à grande eau le refuge. Il a empli de bois le petit réduit au cas où quelqu’un aurait besoin de s’abriter cet hiver.
Maintenant il discute avec l’autre homme, celui au gros camion remorque qui nous a amenés ici en début d’été. S’il est revenu c’est que l’heure du départ approche.
Le retour me semble plus précoce que d’habitude. Le brame du cerf dans la forêt de Lente débute à peine. Les gelées matinales n’ont pas encore fait leur apparition.
De toute façon j’ai hâte de retourner dans la vallée. J’en ai plein les coussinets. Comme l’homme d’ailleurs.
Une estive difficile cette année. La canicule, même ici à1300m d’altitude. Des nuits étouffantes. Une herbe rase et vite jaunie. Les moutons n’ont pas autant profité que d’habitude. Une partie a dû être déplacée sur un autre pâturage.
Une surveillance continuelle. Protéger notre troupeau de 1200 bêtes des chiens errants, des randonneurs trop curieux. Poursuivre voir tuer les premiers. Intimider les seconds par notre prestance et quelques grognements dissuasifs au besoin.
Les loups ! Une autre histoire !
Cette nuit-là. Deux d’entre eux furtifs autour de l’enclos. Mes aboiements furieux mêlés à ceux des deux autres patous, ont réveillé l’homme. Il a déboulé fusil en main et tiré. Un tir de défense. Permis. Les loups se sont enfuis.
Heureusement le troupeau n’a pas paniqué. Imaginez si cela avait été le cas ! Notre pâturage, le plateau d’Ambel est bordé de hautes falaises. Une panique générale et cela peut faire des dizaines de brebis qui se précipitent dans le vide avant que les borders collies ne puissent les ramener au calme.
Depuis cette nuit nous ne dormons que d’un œil l’homme et nous. Toujours sur le qui-vive. Des loups parcourent la forêt de Lente depuis plusieurs années. Une forêt giboyeuse : cerfs, biches, chevreuils, sangliers, chamois, mouflons, bouquetins…. Assez pour calmer leur appétit. Jusqu’à cette nuit jamais ils ne s’étaient approchés des troupeaux. Ils reviendront. L’homme et nous nous en sommes sûrs.
La nuit est tombée. C’est la pleine lune. La forêt de Lente résonne du brame de dizaine de cerfs. Les hommes fument la pipe sur le pas de la porte du refuge. L’air est doux. Je m’endormirais presque mais je dois veiller sur le troupeau.
Demain nous nous mettrons en route vers le col de la Bataille où le camion nous attend pour redescendre dans la vallée.
Maintenant il discute avec l’autre homme, celui au gros camion remorque qui nous a amenés ici en début d’été. S’il est revenu c’est que l’heure du départ approche.
Le retour me semble plus précoce que d’habitude. Le brame du cerf dans la forêt de Lente débute à peine. Les gelées matinales n’ont pas encore fait leur apparition.
De toute façon j’ai hâte de retourner dans la vallée. J’en ai plein les coussinets. Comme l’homme d’ailleurs.
Une estive difficile cette année. La canicule, même ici à1300m d’altitude. Des nuits étouffantes. Une herbe rase et vite jaunie. Les moutons n’ont pas autant profité que d’habitude. Une partie a dû être déplacée sur un autre pâturage.
Une surveillance continuelle. Protéger notre troupeau de 1200 bêtes des chiens errants, des randonneurs trop curieux. Poursuivre voir tuer les premiers. Intimider les seconds par notre prestance et quelques grognements dissuasifs au besoin.
Les loups ! Une autre histoire !
Cette nuit-là. Deux d’entre eux furtifs autour de l’enclos. Mes aboiements furieux mêlés à ceux des deux autres patous, ont réveillé l’homme. Il a déboulé fusil en main et tiré. Un tir de défense. Permis. Les loups se sont enfuis.
Heureusement le troupeau n’a pas paniqué. Imaginez si cela avait été le cas ! Notre pâturage, le plateau d’Ambel est bordé de hautes falaises. Une panique générale et cela peut faire des dizaines de brebis qui se précipitent dans le vide avant que les borders collies ne puissent les ramener au calme.
Depuis cette nuit nous ne dormons que d’un œil l’homme et nous. Toujours sur le qui-vive. Des loups parcourent la forêt de Lente depuis plusieurs années. Une forêt giboyeuse : cerfs, biches, chevreuils, sangliers, chamois, mouflons, bouquetins…. Assez pour calmer leur appétit. Jusqu’à cette nuit jamais ils ne s’étaient approchés des troupeaux. Ils reviendront. L’homme et nous nous en sommes sûrs.
La nuit est tombée. C’est la pleine lune. La forêt de Lente résonne du brame de dizaine de cerfs. Les hommes fument la pipe sur le pas de la porte du refuge. L’air est doux. Je m’endormirais presque mais je dois veiller sur le troupeau.
Demain nous nous mettrons en route vers le col de la Bataille où le camion nous attend pour redescendre dans la vallée.
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Dernière nuit
J'aime beaucoup ton texte qui donne le premier rôle au Patou. Voilà un chien courageux et protecteur dont on ne connaît pas assez l'importance . Bravo
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Dernière nuit
Très beau texte aussi pour moi qui apprécie ces doux chiens pas si commodes que ça en vérité, mais tellement utiles !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Dernière nuit
Un chien consciencieux qui a tout donné dans son travail de garde. On comprend sa fatigue et sa hâte de rejoindre la vallée. Cet été, particulièrement pénible,n'a pas été de tout repos. Pas très agréable aussi à ses yeux.
Invité- Invité
Re: A. Dernière nuit
Ton récit nous permet très bien d'imaginer ce que peux ressentir ce Patou, ses sensations, ses inquiétudes, le sens de sa responsabilité. Et tout cela parait très bien documenté.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A. Dernière nuit
Tout n'est pas idyllique à l'estive comme les ignorants citadains pourraient le croire et ton Patou nous rappelle à la réalité, celle des aléas climatiques, de la menace des prédateurs en tout genre, de la fatigue des hommes et des bêtes.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Dernière nuit
Belle façon de nous décrire les difficultés de l'estive au travers du chien très impliqué dans son travail. De belles images aussi, autant de signes, pour traduire cette fin d'estive.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Dernière nuit
Un texte plein de réalisme; oui, tout n'est pas facile en estive. Les hommes et les chiens ont travaillé du lever au coucher du soleil, de longues journées aux multiples tâches. Et pourtant.... la vie à la montagne, au grand air a quelque chose de grisant, quelque chose qui appelle à nouveau.... J'aime bien comme tu parles de cette vie à travers le regard "humain" du chien.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
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