A. La fée blonde des Eaux Bonnes
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Nerwen
Admin
Pati
Mesange
AlainX
SO-leille
Amanda.
Cassy
12 participants
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A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Dans la pénombre du rez-de-chaussée, je pars à votre recherche. J’ai poussé la lourde porte de l’entrée par hasard. Elle s’est ouverte dans un long grincement, une plainte déchirant le silence d’un soir d’automne.
Chaque fois que je suis venu ici, je me suis arrêté devant l’imposant édifice : Le Grand Hôtel des Princes, dont la gloire traversa les frontières pendant presque un siècle, avant de décliner lentement et irrémédiablement, au profit des stations de ski devenues à la mode.
À chacun de mes passages, je me suis ému de le voir abandonné à son triste sort. Malgré la prestance de sa façade haussmannienne qui résiste autant qu’il le peut aux outrages du temps, je sais qu’à l’intérieur, le délabrement le gagne.
J’ai espéré longtemps avoir la chance de pénétrer dans ce lieu chargé d’histoire. Aujourd’hui, enfin, par je ne sais quel miracle, la porte s’est entrouverte. Je me suis glissé dans l’étroit passage qui s’est aussitôt refermé derrière moi.
J’arpente les cuisines et l’immense salle à manger. Chaque objet abandonné là me raconte un peu de vous. Dans le grand salon, je glisse mes doigts sur un vieux piano désaccordé. Les notes de musique emplissent le silence et les fantômes du grand hôtel viennent à ma rencontre.
Les robes à crinoline, les rires et les conversations animées envahissent l’espace. On y parle des vertus bienfaitrices des eaux thermales, de l’avancée des travaux concernant le pont Napoléon qui traversera le Gave de Gavarnie et de l’inauguration de l’hôpital militaire.
Je vous cherche des yeux au milieu de ces élégantes et de ces messieurs portant redingote et chapeaux haut de forme. Ne vous trouvant pas, j’abandonne le piano et me dirige vers le vestibule.
L’escalier d’acajou, sculpté à votre effigie, m’invite à monter dans les étages. Je m’arrête au second, inspiré par une main invisible qui me pousse vers une double-porte vitrée. Elle s’ouvre sur mon passage. La pièce est vide. Seul un immense miroir trône au dessus d’une cheminée en marbre. De belles flammes dansent dans l’âtre et une douce chaleur m’envahit.
Un bruissement d’étoffe attire mon regard et vous m’apparaissez enfin. Belle muse de ce bout de montagne, vous illuminez ce lieu de votre beauté impériale. Ici, entre ces murs qui se meurent et autour, dans les rues de la vieille ville, vous restez notre fée blonde.
Altesse, me ferez-vous l’honneur d’une valse fredonnée du bout de mes lèvres ? Ne fut-ce que quelques instants. Le temps de ce rêve insensé.
De la suite j’ai tout oublié, votre main délicate posée sur mon épaule, mon bras enserrant votre taille de guêpe. Votre parfum flottant dans l’air, la douceur de vos paroles murmurées, notre valse endiablée et le sol qui se déroba brusquement sous mes pieds.
Ici, les eaux sont réputées guérir de presque tout. Me guériront-elles de la nostalgie qui ne me quitte plus? À moins qu’elles ressuscitent ces murs délabrés pour qu’à nouveau de belles dames et des messieurs habillés de neuf valsent sur ces parquets cirés.
Alors je fermerai les yeux pour mieux vous retrouver.
Chaque fois que je suis venu ici, je me suis arrêté devant l’imposant édifice : Le Grand Hôtel des Princes, dont la gloire traversa les frontières pendant presque un siècle, avant de décliner lentement et irrémédiablement, au profit des stations de ski devenues à la mode.
À chacun de mes passages, je me suis ému de le voir abandonné à son triste sort. Malgré la prestance de sa façade haussmannienne qui résiste autant qu’il le peut aux outrages du temps, je sais qu’à l’intérieur, le délabrement le gagne.
J’ai espéré longtemps avoir la chance de pénétrer dans ce lieu chargé d’histoire. Aujourd’hui, enfin, par je ne sais quel miracle, la porte s’est entrouverte. Je me suis glissé dans l’étroit passage qui s’est aussitôt refermé derrière moi.
J’arpente les cuisines et l’immense salle à manger. Chaque objet abandonné là me raconte un peu de vous. Dans le grand salon, je glisse mes doigts sur un vieux piano désaccordé. Les notes de musique emplissent le silence et les fantômes du grand hôtel viennent à ma rencontre.
Les robes à crinoline, les rires et les conversations animées envahissent l’espace. On y parle des vertus bienfaitrices des eaux thermales, de l’avancée des travaux concernant le pont Napoléon qui traversera le Gave de Gavarnie et de l’inauguration de l’hôpital militaire.
Je vous cherche des yeux au milieu de ces élégantes et de ces messieurs portant redingote et chapeaux haut de forme. Ne vous trouvant pas, j’abandonne le piano et me dirige vers le vestibule.
L’escalier d’acajou, sculpté à votre effigie, m’invite à monter dans les étages. Je m’arrête au second, inspiré par une main invisible qui me pousse vers une double-porte vitrée. Elle s’ouvre sur mon passage. La pièce est vide. Seul un immense miroir trône au dessus d’une cheminée en marbre. De belles flammes dansent dans l’âtre et une douce chaleur m’envahit.
Un bruissement d’étoffe attire mon regard et vous m’apparaissez enfin. Belle muse de ce bout de montagne, vous illuminez ce lieu de votre beauté impériale. Ici, entre ces murs qui se meurent et autour, dans les rues de la vieille ville, vous restez notre fée blonde.
Altesse, me ferez-vous l’honneur d’une valse fredonnée du bout de mes lèvres ? Ne fut-ce que quelques instants. Le temps de ce rêve insensé.
De la suite j’ai tout oublié, votre main délicate posée sur mon épaule, mon bras enserrant votre taille de guêpe. Votre parfum flottant dans l’air, la douceur de vos paroles murmurées, notre valse endiablée et le sol qui se déroba brusquement sous mes pieds.
Ici, les eaux sont réputées guérir de presque tout. Me guériront-elles de la nostalgie qui ne me quitte plus? À moins qu’elles ressuscitent ces murs délabrés pour qu’à nouveau de belles dames et des messieurs habillés de neuf valsent sur ces parquets cirés.
Alors je fermerai les yeux pour mieux vous retrouver.
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Lire ce texte, c'est entrer doucement dans le passé, franchir la ligne qui nous sépare de la belle inconnue, découvrir ce qui se cache derrière ces murs, rêver avec toi cette valse et espérer que les vertus des eux thermales agissent sur ce bel inconnu à qui tu as prêté si joliment ta plume !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Tu nous décris de façon très poétique ce Grand Hôtel, avec une vraie fin.
Bravo !
Bravo !
SO-leille- Kaléïd'habitué
- Humeur : Joyeuse
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Très évocateur du temps....
Tout ce qui s'est imprègné dans les murs, les cloisons les meubles....
Et l'abandon de l'impératrice....
Elle qui eu qq amants....
J'ai bien aimé !
Tout ce qui s'est imprègné dans les murs, les cloisons les meubles....
Et l'abandon de l'impératrice....
Elle qui eu qq amants....
J'ai bien aimé !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
C'est beau comme tu décris ce lieu chargé d'histoire, comme tu laisser parler ton émotion, enfin! celle du visiteur. Il y a une nostalgie intense dans tes mots, une tristesse de voir des lieux de cette qualité se détériorer irrémédiablement et emporter avec eux toute une époque historique. Des responsables se laisseraient-ils toucher par ton évocation? Qui sait! On peut bien rêver un peu .
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
autant qu'elle le peut, non ?cassy a écrit:Malgré la prestance de sa façade haussmannienne qui résiste autant qu’il le peut aux outrages du temps,
un très joli texte empreint de nostalgie d'une époque qu'on ne peut qu'imaginer... j'ai beaucoup aimé
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Très beau texte plein de poésie. Entrer avec toi dans l'Hôtel des Princes c'est pénétrer dans son intimité et retrouver, le temps d'un rêve, sa splendeur passée.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Je suis moins fan de textes descriptifs bien que j'ai apprécié comment ton imagination s'est approprié le lieu.
Et plus attirée par la fin de ton texte :-)
Et plus attirée par la fin de ton texte :-)
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Un exercice pas si facile de se mettre dans la peau d'un homme, et pourtant très bien réussi. Un amoureux nostalgique d'Eugénie, mais, à travers elle, aussi de toute une époque et d'un lieu.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Un très beau texte tout en douceur et sensibilité. J'aime comment tu nous emmènes avec cet homme à la recherche d'Eugenie.
J'ai bien aimé que ce visiteur parle à Eugénie. Cela rend le texte plus fort.
J'ai bien aimé que ce visiteur parle à Eugénie. Cela rend le texte plus fort.
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. La fée blonde des Eaux Bonnes
Belle évocation par le biais de ce narrateur nostalgique, qui se laisse peu à peu gagner par l’sprit du lieu, jusqu’à s’ imaginer qu’il danse avec l’impératrice. Il y a une atmosphère de conte dans ce texte ( le passage qui s'ouvre devant le narrateur, puis se referme derrière lui, le piégeant dans son rêve.)
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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