A. Le témoin
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Mesange
Amanda.
Admin
virgul
8 participants
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A. Le témoin
Cela ne pouvait manquer. Dès leur entrée, les illustres clients de l’hôtel n’avaient d’yeux que pour moi. Le buste d’Eugénie, au regard si doux, les invitait cordialement à emprunter mes 108 marches qui les mèneraient aux trois étages.
Je pouvais être fier. Ma hauteur et mes larges marches revêtues d’un tapis rouge, et bordées de leur rampe sculptée, participaient à la majesté du grand hall. Pour rendre mon ascension plus douce, c’est en trois étapes qu’il fallait me gravir pour atteindre l’étage. La coquetterie des dames qui m’empruntaient les conviait d’ailleurs à ralentir, voir à s’arrêter en mon milieu, pour plonger leur regard en bas du hall à la recherche de quelque échange complice.
Dames, comme j’ai aimé vous porter dans vos robes si belles dont les étoffes précieuses caressaient mes contremarches, et vos mains gantées qui effleuraient ma balustrade, lui rendant son lustre. A vos pas, lents et lourds, légers ou précipités, je pouvais deviner vos humeurs. Je me faisais un honneur de vous soulager ou de vous retenir.
De jour, vos conversations feutrées s’étiolaient en mon centre pour aller s’éteindre tout en haut de mon édifice. La nuit, je transportais parfois un visiteur courbé, qui m’empruntais sur la pointe des pieds pour changer d’étage, et que je perdais au coin du couloir. Discrétion oblige, j’évitais alors tout craquement impromptu.
Oui, j’aimais vous servir, vous emmener, vous accompagner à déambuler dans notre bel hôtel, toujours dressé fièrement, à la fois beau et solide. Et vous me le rendiez bien, que de compliments ai-je reçus à cette époque.
La belle époque ! Car depuis de nombreuses années mon bel hôtel est abandonné. Seuls quelques rares photographes intrépides osent parfois me monter. Relégué en vestige, je m’évertue à tenir, à ne pas m’écrouler. Les murs, les portes et fenêtres et même les planchers, lassés d’attendre, ont capitulés. Moi, aidé du doux regard d’Eugénie, j’ai décidé de me battre, de rester le témoin de notre splendeur passée, de leur montrer ce que nous étions et ce que nous pouvons redevenir, le magnifique hôtel des Princes.
Je pouvais être fier. Ma hauteur et mes larges marches revêtues d’un tapis rouge, et bordées de leur rampe sculptée, participaient à la majesté du grand hall. Pour rendre mon ascension plus douce, c’est en trois étapes qu’il fallait me gravir pour atteindre l’étage. La coquetterie des dames qui m’empruntaient les conviait d’ailleurs à ralentir, voir à s’arrêter en mon milieu, pour plonger leur regard en bas du hall à la recherche de quelque échange complice.
Dames, comme j’ai aimé vous porter dans vos robes si belles dont les étoffes précieuses caressaient mes contremarches, et vos mains gantées qui effleuraient ma balustrade, lui rendant son lustre. A vos pas, lents et lourds, légers ou précipités, je pouvais deviner vos humeurs. Je me faisais un honneur de vous soulager ou de vous retenir.
De jour, vos conversations feutrées s’étiolaient en mon centre pour aller s’éteindre tout en haut de mon édifice. La nuit, je transportais parfois un visiteur courbé, qui m’empruntais sur la pointe des pieds pour changer d’étage, et que je perdais au coin du couloir. Discrétion oblige, j’évitais alors tout craquement impromptu.
Oui, j’aimais vous servir, vous emmener, vous accompagner à déambuler dans notre bel hôtel, toujours dressé fièrement, à la fois beau et solide. Et vous me le rendiez bien, que de compliments ai-je reçus à cette époque.
La belle époque ! Car depuis de nombreuses années mon bel hôtel est abandonné. Seuls quelques rares photographes intrépides osent parfois me monter. Relégué en vestige, je m’évertue à tenir, à ne pas m’écrouler. Les murs, les portes et fenêtres et même les planchers, lassés d’attendre, ont capitulés. Moi, aidé du doux regard d’Eugénie, j’ai décidé de me battre, de rester le témoin de notre splendeur passée, de leur montrer ce que nous étions et ce que nous pouvons redevenir, le magnifique hôtel des Princes.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Le témoin
C'est vrai que l'escalier fut le témoin de bien de montées de marche, et si on l'avait doté de la parole, il aurait certainement raconté ce que tu écris dans ce texte.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Le témoin
Un escalier qui parle ! Voilà une manière habile et originale de raconter la belle vie de cette demeure !
En plus un escalier qui se veut le sauveur de cet édifice !
Belle plongée dans le passé !
En plus un escalier qui se veut le sauveur de cet édifice !
Belle plongée dans le passé !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Le témoin
Quelle idée originale que de faire parler l'escalier. J'aime son combat!
Mon passage préféré:
Mon passage préféré:
virgul a écrit:Dames, comme j’ai aimé vous porter dans vos robes si belles dont les étoffes précieuses caressaient mes contremarches, et vos mains gantées qui effleuraient ma balustrade, lui rendant son lustre. A vos pas, lents et lourds, légers ou précipités, je pouvais deviner vos humeurs. Je me faisais un honneur de vous soulager ou de vous retenir.
Mesange- Kaléïd'habitué
- Humeur : en phase de reconcentration
Re: A. Le témoin
J'aime beaucoup ton texte Virgul et mon passage préféré est le même que celui de Mésange.
Une belle idée de prendre l'angle de l'escalier pour raconter cette époque
Une belle idée de prendre l'angle de l'escalier pour raconter cette époque
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Le témoin
La personnification de l'escalier dans toute sa splendeur !!!
Quelle belle idée !
J'aime beaucoup ton texte.
Quelle belle idée !
J'aime beaucoup ton texte.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Le témoin
Un témoin-clé des splendeurs passées de l'Hôtel des Princes qui, par l'intermédiaire de ta plume, nous restitue l'atmosphère de luxe et de légèreté du lieu et de l'époque. Une très belle idée.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Le témoin
Très original, d’avoir fait parler l’escalier, témoin de bien des choses en effet. J’aime beaucoup quand il raconte qu’il évitait de craquer, se faisant complice d’expéditions galantes (je suppose) à travers les étages.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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