A. Précurseur

Bonjour,

Jean Bonnot, c'est mon nom.
Un tel  blase aurait dû s’inscrire dans l’Histoire.
À l'école on m’appelait : « cuisse de cochon »

Mais c'est pour bien autre chose que j'aurais dû être célèbre. Pour mon invention,  dont personne ne fit grand cas à l’époque. Pourtant, à quelques industriels de temps-là, j’avais, si j’ose dire, tendu la perche. Mon idée ne les avaient pas séduits. Ces imbéciles n'avaient aucune vision de l'avenir.

Je suis l'inventeur de la perche à nettoyer les carreaux.

J'ai commencé mon activité au début du XXe siècle. J’allais de porte en porte proposer mes services.
Il fallait trouver les bonnes rues. Les quartiers riches disposaient de personnel de maison. Dans les quartiers pauvres  on manquait d’argent. Mais je finissais par trouver quelques clients. De quoi survivre plus que vivre.

Au fond de moi, rodait l'intuition que tout cela avait un avenir. Un jour je fis la rencontre d’un type qui revenait des Amériques, il me dit que là-bas ça existait les laveurs de carreaux. Je ne vois pas pourquoi cela ne prendrait pas en France.

J’ai même inventé le flyer avant l’heure. La preuve : la photo qu’on a bien voulu exhumer ici et provenant de mes archives personnelles.

Maintenant je sais.
De là où je suis. J'observe la terre. Il y a de grandes baies vitrées au paradis. Dieu à piqué ça aux musulmans arabes avec leurs tours de 450 étages. Mais c’est beaucoup mieux au Paradis, grâce au faux-vrai-père de Jésus-christ, qui, certes était charpentier, mais se vexait quand, fier de son fils, il se mettait devant lui en bombant un peu le torse. Alors les apôtres l’engueulait :
— «  Tire toi de là ton père est pas vitrier ! »

Le gars Joseph s’en est souvenu là-haut et, à peine arrivé, il inventa la baie-vitrée-lunette-astronomique, qui permet de voir la Terre en gros plan. Je ne sais pas si les hommes seront capables un jour d'inventer ce genre de choses.

Ici, sachez que votre Jean Bonnot est devenu le chef des anges laveurs de vitres. C'est un boulot assez peinard. Plus besoin de tendre les bras et soulever cette perche bien trop lourde du temps où j’étais sur terre. Les anges nettoient d’un battement d’ailes. C’est fastoche ! Et jamais un mot plus haut que l’autre, pas la moindre petite heure de grève en deux éternités !! Et que je te nettoie, et que je t’astique la vi-vitre !!

J'ignore à quelle époque vous vivez, vous qui lirez ces lignes, envoyées par mail-intergalactique.
Je vous ai donc fait un peu petit hologramme prouvant que mon intuition était juste quant aux laveurs de carreaux arrivés trente ans après ma mort.