A. L'allumeur

Petit, j’avais un rêve, je voulais être allumeur de réverbères.
Papa a dit «  Ce n’est pas un métier pour toi, ça »
Maman a dit «  Laisse-le tenter sa chance »

Merci Maman, j’ai passé le brevet, pas facile.
J’étais trop petit !
Le jour de l’examen, un vent mauvais a soufflé la faible flamme que j’avais réussi à allumer, debout sur une échelle et sur la pointe des pieds.
De mon échelle j’ai chu et me suis cassé le nez.
Et pour l’épreuve, c’était raté.

Petit, je suis et je reste. Il m’a donc fallu trouver une autre occupation.
J’ai repris le métier de mon grand-père.
On me disait déjà un peu toqué, je suis devenu toqueur.
Quelle ironie !
Muni d’un bout de bambou, j’allais taper aux fenêtres des bourgeois fortunés de la ville.
J’étais en quelque sorte, l’ancêtre vivant du réveille-matin, inventé des années plus tard.

Chaque matin, dès potron minet, Maman me réveillait, me secouait sans ménagement : «  Allons, il est temps ! »
Chaque matin, je me répétais in petto «  Ce n’est pas un métier pour toi ! »
C’est que, je ne suis pas et ne serai jamais du matin.
C’est pour cela que j’aurais préféré devenir allumeur de réverbères, on se lève moins tôt !

J’avais une liste avec des numéros, simple…
Je frappe au numéro deux, c’est chez Mam’zelle Angèle.
Mais quel métier fait-elle ? Elle coud des pantalons et des p’tits chapeaux ronds.
Elle n’est pas belle, Mam’zelle Angèle, mais c’est une très gentille fille.
Elle me file des sous et des cachous.

Je frappe au numéro trois, c’est chez un homme de loi.
Il me fait peur, j’attends avec terreur qu’il se montre à la fenêtre.
A chaque fois il m’envoie paître et je m’en vais bredouille, le cœur en quenouille.

Je frappe au numéro neuf chez Monsieur Lebœuf , qui est veuf.
C’est sa fille Amélie qui ouvre la fenêtre et là, je me sens renaître.
Mon cœur bat la chamade, je lui ferais bien une aubade
Mais, comme déjà dit, je suis trop petit.

Quand elle se penche en avant pour me donner quelque argent
Je vois briller dans ses yeux une lueur coquine
Comme des étoiles dans le ciel, comme quand c’est Noël.

Alors, je me dis qu’il n’y a pas de sot métier.
Je me dis que tapeur ou même pompier
Chacun a le pouvoir d’être quelque part
Un allumeur de lumière si pas de réverbère.

Je suis petit certes, mais j’ai de l’esprit !

J'aime beaucoup ton texte Amanda, il est plein de poésie. Voilà un texte que j'aurais aimé écrire

Un excellent texte! J'aime beaucoup

Il aurait dû faire grève au numéro 3 et passer directement chez l'Amélie ton allumeur de lumières.

Très, très bon. Pour les idées, les personnages, le dernier paragraphe aussi. Sans oublier le rythme et les sonorités dont tu ponctues ton texte.Vraiment bien "léché".

Un texte très rytmé  dans lequel, comme ton héros, tu ne manques ni d'esprit, ni d'humour ! On se prend à le suivre dans sa "randonnée" quotidienne et on se demande où il (tu) va(s) nous emmener.

Certainement, le défunt Jacques Martin aurait aimé ton texte. C'est très drôle, plein de verve. J'ai bien ri.

Bravo Amanda, comme admin j'aurais aimé écrire ce texte !

Tout me plait.

WOW Très beau texte !!!!
Sensibilité et émotions.
J'aime beaucoup beaucoup beaucoup !

Oh Amanda, que c'est beau.

Délicatesse, humour fin, vers bien balancés, une texte agréable à lire et à aimer. Oui J'AIME! Avec le texte de Sherkane, cela fera peut-être deux nouvelles chansons à chantonner lors des longues soirées d'hiver ...

Tendresse, drôlerie, imagination, rythme, on sent ta jubilation de jouer avec les mots, les idées et les situations. Et tu nous fais partager ça  plein pot.
Et c'est un joli éloge des petits. ça me rappelle cette pub pour une voiture ; "Quand on est intelligent, on peut se permettre d'être petit  (non non, vous n'allez quand même pas vous imaginer que je suis concerné ! )

que dire de plus que mes prédécesseurs
Douce musique
Personnage attachant.