trois fois rien

sous l'escalier, trois fois rien , une étagère qui supporte le monde:des pierres, des livres, quelques fleurs séchées et deux ou trois photos de ceux qui sont partis
sous l'escalier, une petite chaise de paille où poser son ennui et ses songes quelques instants en chantonnant des refrains oubliés
sous l'escalier, en colimaçon, toutes les pensées pendues comme des chauve-souris qui attendent pour se glisser en nous
sous l'escalier, des lambeaux de vies décomposées au fond de l'obscur
sous l'escalier, le huis-clos des paupières où serpentent les souvenirs
sous l'escalier, le regard un peu flou de qui ne sait plus trop où il va
sous l'escalier, un enclos où s'écrivent un dedans et un dehors
sous l'escalier, le sombre, le noir, l'obscur de ce qui s'y terre
sous l'escalier, une cabane pour l'enfant qui palpite encore
sous l'escalier, l'oasis où puiser les éclats bleus horizon
sous l'escalier, l'interstice où s'éveillent les mots nus
sous l'escalier, les voix qui réclament la langue
sous l'escalier, le miroir brisé de mille visages
sous l'escalier, l'arrière monde en filigrane
sous l'escalier, le repli des pensées
sous l'escalier, un cadastre
sous l'escalier, le silence
sous l'escalier, le creux
sous l'escalier, soi

Que dire? Tu m'as transportée. c'est exactement comme ça que je voyais la consigne, C'est beau, très très beau  

Un texte superbe sur le fond et sur la forme - au sens le plus ordinaire du terme.

Beaucoup aimé "une cabane pour l'enfant qui palpite encore." Le verbe "palpiter" emporte en lui-même un rapport à la vie et à sa fragilité ici remaquablement mis en valeur.

Le "cadastre" m'a intrigué dans la partie la plus resserée du texte, celle où on va vers l'essentiel. Il évoque pourtant justement ce rapport à la propriété, ici symbolisé par un espace propre nécessaire à l'épanouissement de chacun "sous l'escalier", au cas particulier.

Superbe.  

Bruyère, j'ai énormément aimé lire ton texte.
Cette façon de resserrer les phrases tout en gardant l'incipit a un coté lancinant, émouvant et extrêmement significatif, jusqu'aux derniers mots qui, comme le dit Kz, expriment l'essentiel.

Beaucoup de tes expressions sont très belles : moi aussi, je retiens l'enfant qui palpite, mais aussi le huis-clos des paupières.

Pour conclure :   et  

trois fois rien et pourtant l'essentiel, ces marches que l'on gravit avec toi. J'ai aime comme Sel et KZ la cabane à l'enfant, le huis clos des paupières le silence et le creux pour n'être plus que soi. Un poème émouvant où chacun retrouve un peu de sa vie.

J'aime beaucoup ton poème troublant, nostalgique, d'une sensibilité extrême. Et comme kz, j'en admire aussi la forme. Bravo Bruyère.

La forme et le contenu de ton poème sont absolument splendides ! Je le lis et le relis avec ravissement !    

Je ne peux rien  ajouter à tout ce qui a été dit: c'est superbe !  

Chouette, un calligramme ! Un joli poème qui nous entraine dans ce lieu étrange qu’est le dessous de l’escalier avec les pensées à la fois gaies et tristes qu’on peut y avoir. Un texte qui n’a pas seulement la forme d’un poème. Beaucoup de belles formules et images poétiques qui nous parlent. En plus de celles citées par les précédents commentaires, j’aime beaucoup, entre autres :
toutes les pensées pendues comme des chauve-souris
le huis-clos des paupières où serpentent les souvenirs
un enclos où s'écrivent un dedans et un dehors