A. Mon livre
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July_C
Sherkane
virgul
Admin
Amanda.
Escandélia
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A. Mon livre
Mon livre.
J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier. C’est exactement l’impression que j’avais en lisant celui-ci !
Un livre qui ne parlait pas de moi. Mais un livre si proche de mon histoire, étrange, non ?
Lorsque je l’achetai au rayon culture de mon supermarché, j’avais besoin de lire. De lire beaucoup. C’est ainsi qu’il arriva dans mon caddie parmi de nombreuses autres choses éthéroclytes.
A peine m’étais-je plongée dans sa lecture, qu’il me parlait déjà. J’étais en plein Paris, au cœur de Mon quartier. Je parcourais les rues au fil des pages. Ces rues je les connaissais si bien ! Près de vingt ans que je ne les avais plus revues ! Elles étaient là sous mes yeux. Elles étalaient leurs parfums faits d’épices et de café au lait. Leurs mille et une couleurs éclataient au soleil de la Butte. Dépeintes telles que je les avais connues avant de les quitter.
Le chapitre suivant, l’auteur m’embarquait avec lui dans le métro. Ses bagages qu’il transportait depuis Marcadet jusqu’ à la gare de Lyon, je les portais avec lui. Je me revis quittant mon travail le vendredi après-midi, prenant le même métro, parcourant les mêmes stations pour prendre le même train presque vingt -cinq ans après lui. Ce train qui me donnait des hauts le cœur, tant son odeur nauséabonde me transperçait.
Nevers vint me réveiller. Puis ce fut Moulin, Saint Germain des Fossés, enfin Clermont Ferrand ! Clermont Ferrand ! Pensez donc ! Mon Clermont ! Combien de fois je l’ai pleuré ! Combien de fois il m’a manqué ! Je l’ai tant espéré, je l’ai tant aimé !
Mon regard se fit plus profond. La lecture de ce livre devint plus intense et s’accéléra.
L’auteur descendit du train, ou bien était ce moi ? Nous nous confondîmes alors, quai numéro trois quand il monta dans la Micheline en direction d’Issoire. Il devint moi quand il attendit le car devant la gare pour prendre la direction de Saint Martin des Plains, puis Sauxillanges. Mon Dieu que c’est étrange ! Sauxillanges … Mais qui était-il donc, ce mystérieux passager ?
Le car s’ébranla le long de la petite route quittant la place centrale de Sauxillanges. Il ne prit pas la direction des Escandèles, longeant le petit ruisseau qui bruissonnait. Au carrefour de la Coierie, il bifurqua, empruntant la route qui longe le Vaisson. La Vachère, premier arrêt. Il tourna à gauche. Chaméane était tout près. Il suivit un troupeau de vaches allant au pré. Lorsque l’autobus s’engagea sur la route blanche de Saint Genès, l’auteur redevint moi ou je redevins lui ? Devant la maison du forgeron, la Jeanne m’attendait - l’attendait - nous attendait. Sa tourte de pain bis voisinait avec les bagages, au fond du tombereau tiré par la Mascotte et la Mignonne, je n’eus pas aucun mal à reconnaitre les contours si familiers.
La Mignonne resta la Mignonne, la Mascotte devint pour un instant, rien que pour moi, la Jolie, ou la Jaccade. La Jeanne devint ma mère, et moi toute jeune enfant, je me laissais bercer par le bruit grinçant des roues en bois cerclées de fer, sur les cailloux du grand chemin. J’étais chez moi ! Je passais alors les plus merveilleuses vacances depuis ma tendre enfance. Je gardais les vaches dans les mêmes près, avec le même chien qui s’appelait Lorette.
J’allais aux foins avec les mêmes jambes que mon auteur, tenant le même râteau dans mes mains frêles. Les talus avaient la même herbe fraîche, les mêmes fleurs les parfumaient. Une eau semblable nous abreuvait. Le vent nous caressait pareillement. Quand il de venait violant sur les bois de Saint Germain, nous nous précipitions avec le même élan pour échapper au même orage avant que la grêle ne s’abatte sur le troupeau.
Le temps d’un été, les gens qui m’étaient familiers devinrent son quotidien. Leur souvenir effleura ma mémoire le temps d’un livre, le temps d’un livre, sans le savoir, écrit pour moi.
Que d’émotion en lisant ces pages qui me transportaient si près des miens, si près des jours heureux !
J’ai relus ce livre avec le même plaisir, me disant une nouvelle fois : « J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier. »
J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier. C’est exactement l’impression que j’avais en lisant celui-ci !
Un livre qui ne parlait pas de moi. Mais un livre si proche de mon histoire, étrange, non ?
Lorsque je l’achetai au rayon culture de mon supermarché, j’avais besoin de lire. De lire beaucoup. C’est ainsi qu’il arriva dans mon caddie parmi de nombreuses autres choses éthéroclytes.
A peine m’étais-je plongée dans sa lecture, qu’il me parlait déjà. J’étais en plein Paris, au cœur de Mon quartier. Je parcourais les rues au fil des pages. Ces rues je les connaissais si bien ! Près de vingt ans que je ne les avais plus revues ! Elles étaient là sous mes yeux. Elles étalaient leurs parfums faits d’épices et de café au lait. Leurs mille et une couleurs éclataient au soleil de la Butte. Dépeintes telles que je les avais connues avant de les quitter.
Le chapitre suivant, l’auteur m’embarquait avec lui dans le métro. Ses bagages qu’il transportait depuis Marcadet jusqu’ à la gare de Lyon, je les portais avec lui. Je me revis quittant mon travail le vendredi après-midi, prenant le même métro, parcourant les mêmes stations pour prendre le même train presque vingt -cinq ans après lui. Ce train qui me donnait des hauts le cœur, tant son odeur nauséabonde me transperçait.
Nevers vint me réveiller. Puis ce fut Moulin, Saint Germain des Fossés, enfin Clermont Ferrand ! Clermont Ferrand ! Pensez donc ! Mon Clermont ! Combien de fois je l’ai pleuré ! Combien de fois il m’a manqué ! Je l’ai tant espéré, je l’ai tant aimé !
Mon regard se fit plus profond. La lecture de ce livre devint plus intense et s’accéléra.
L’auteur descendit du train, ou bien était ce moi ? Nous nous confondîmes alors, quai numéro trois quand il monta dans la Micheline en direction d’Issoire. Il devint moi quand il attendit le car devant la gare pour prendre la direction de Saint Martin des Plains, puis Sauxillanges. Mon Dieu que c’est étrange ! Sauxillanges … Mais qui était-il donc, ce mystérieux passager ?
Le car s’ébranla le long de la petite route quittant la place centrale de Sauxillanges. Il ne prit pas la direction des Escandèles, longeant le petit ruisseau qui bruissonnait. Au carrefour de la Coierie, il bifurqua, empruntant la route qui longe le Vaisson. La Vachère, premier arrêt. Il tourna à gauche. Chaméane était tout près. Il suivit un troupeau de vaches allant au pré. Lorsque l’autobus s’engagea sur la route blanche de Saint Genès, l’auteur redevint moi ou je redevins lui ? Devant la maison du forgeron, la Jeanne m’attendait - l’attendait - nous attendait. Sa tourte de pain bis voisinait avec les bagages, au fond du tombereau tiré par la Mascotte et la Mignonne, je n’eus pas aucun mal à reconnaitre les contours si familiers.
La Mignonne resta la Mignonne, la Mascotte devint pour un instant, rien que pour moi, la Jolie, ou la Jaccade. La Jeanne devint ma mère, et moi toute jeune enfant, je me laissais bercer par le bruit grinçant des roues en bois cerclées de fer, sur les cailloux du grand chemin. J’étais chez moi ! Je passais alors les plus merveilleuses vacances depuis ma tendre enfance. Je gardais les vaches dans les mêmes près, avec le même chien qui s’appelait Lorette.
J’allais aux foins avec les mêmes jambes que mon auteur, tenant le même râteau dans mes mains frêles. Les talus avaient la même herbe fraîche, les mêmes fleurs les parfumaient. Une eau semblable nous abreuvait. Le vent nous caressait pareillement. Quand il de venait violant sur les bois de Saint Germain, nous nous précipitions avec le même élan pour échapper au même orage avant que la grêle ne s’abatte sur le troupeau.
Le temps d’un été, les gens qui m’étaient familiers devinrent son quotidien. Leur souvenir effleura ma mémoire le temps d’un livre, le temps d’un livre, sans le savoir, écrit pour moi.
Que d’émotion en lisant ces pages qui me transportaient si près des miens, si près des jours heureux !
J’ai relus ce livre avec le même plaisir, me disant une nouvelle fois : « J'ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier. »
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Mon livre
Je ne connais pas ce livre mais tu en parles tellement bien au point de l'illustrer par des photos.
Tu t'y retrouves parfaitement et ton enthousiasme est contagieux !
Tu t'y retrouves parfaitement et ton enthousiasme est contagieux !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Mon livre
Tu le racontes très bien ce livre qui n'est que pour toi
A travers tes mots, on sent l'attachement que tu as pour Paris où tu as passé pas mal d'années il me semble. Et ton attachement pour la campagne aussi. Je me suis toujours demandée comment on pouvait aimé les 2! J'aurais peut-être la réponse dans ce livre si un jour il me tombe dans les mains
A travers tes mots, on sent l'attachement que tu as pour Paris où tu as passé pas mal d'années il me semble. Et ton attachement pour la campagne aussi. Je me suis toujours demandée comment on pouvait aimé les 2! J'aurais peut-être la réponse dans ce livre si un jour il me tombe dans les mains
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Mon livre
Merci de vos coms Admin et Amanda. Pour le livre, je ne pouvais pas en dire plus dans mon texte : Le vent du Pouveyroux de James Gressier.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Mon livre
Je n'aurais jamais imaginé que tu avais vécu à Paris ! Tu fais si bien chanter les noms des endroits et des lieux-dits qui jalonnent ta campagne, que je t'y croyais née. Dans ton (le) livre tu nous promènes de Paris à la campagne, et de ton enfance à aujourd'hui. Merci pour cette belle ballade.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Mon livre
Mais c'est le cas, je suis née à la campagne, je m'en félicite et ne le regrette pas. J'ai vécu 20 ans à Paris et ne le regrette pas davantage. Que du bonheur !Virgul a écrit:Tu fais si bien chanter les noms des endroits et des lieux-dits qui jalonnent ta campagne, que je t'y croyais née.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Mon livre
Je n'aurais jamais cru qu'un livre puisse comme cela presque raconter notre vie! Mais tu le démontres ici que c'est possible.
J'ai été touchée par ton enthousiasme, ton émotion à la lecture de ce livre
J'ai été touchée par ton enthousiasme, ton émotion à la lecture de ce livre
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Mon livre
Ce que j'aurais aimé : faire passer l'émotion que j'ai ressentie en lisant ce livre et pouvoir au fil des pages retranscrire cette magie. Jusque au patois s'adressant aux bêtes ! Le croirez vous ? Une expérience unique !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Mon livre
Je crois imaginer la magie qui peut opérer.... Celle d'avoir l'impression que quelqu'un parle pour toi, dans une justesse au point où tu peux avoir l'impression qu'il est dans ta tête, qu'il a vu les mêmes choses que toi.
Ce truc qui ne laisse finalement pas de place à l'imaginaire, car toutes les images ont une forme claire et précise... Elles viennent raviver tous les souvenirs qui sont en liens avec les différents espaces-temps de ton histoire...
N'est-ce pas un peu cela ?
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Mon livre
C'est toujours émouvant de lire un livre qui évoque des lieux qui nous sont chers, que l'on aime. Notre lecture se déplace automatiquement et l'on se sent plus indulgent, plus réceptif vis à vis de l'auteur. Et je suis d'accord on peut adorer Paris et des coins reculés et déserts!
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: A. Mon livre
Je connais tes goûts en matière de lecture. Je les ai partagés un temps, le temps de mes années parisiennes et ils m'ont apporté beaucoup de bonheur parce qu'ils parlaient de mon pays, de mon enfance. Contrairement à toi, je n'ai pas aimé vivre à Paris : je manquais d'air et de liberté et je n'avais qu'une hâte, rejoindre mes champs et mes bois. Ils m'ont aidée à vaincre le cafard que j'avais bien souvent et je leur en suis reconnaissante.
Invité- Invité
Re: A. Mon livre
En ce jour, la narration du Paris que tu connais prend une autre signification , hélas, bien sombre ...
Mais Paris restera la plus belle ville du monde !
Mais Paris restera la plus belle ville du monde !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Mon livre
Un livre en parfaite adéquation avec la vie du lecteur ce doit être une expérience rare mais d'autant plus précieuse.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Mon livre
Je me suis un peu perdu dans ton texte, mais c’est aussi en cela que je le trouve fascinant ; il y a une telle symbiose entre le livre et ta vie qu’on ne sait plus si on est dans l’un ou dans l’autre ; je suppose que c’était le but recherché.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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