A. Août 2008
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catsoniou
July_C
Escandélia
Admin
Sherkane
9 participants
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A. Août 2008
Chaque livre que je lis me ressemble un peu car je le choisis parce qu’il me « parle ». Dans chaque livre je peux m’y reconnaitre mais de là à dire que j’ai toujours pensé qu’un livre est écrit pour tous mais qu’il peut n’être destiné qu’à une personne en particulier !
Et pourtant….
C’était la fin du mois d’août. J’étais venue passer quelques jours chez mon oncle et ma tante dans leur maison de Provence. J’ai trouvé mon oncle très amaigri. Atteint d’un cancer en phase terminale, j’appris qu’il avait fait choix de refuser tout traitement supplémentaire. Seulement des soins palliatifs et sa foi, leur foi à tous les deux.
Passionné de lecture, mon oncle me mit dès le premier jour un livre entre les mains : « Lis-le !». Je me retrouvais avec un bouquin à la couverture très sobre : bleu uni avec le titre et le nom de l’auteur en blanc. Un livre que je n’aurais sans doute jamais choisi de moi-même. Un titre peu accrocheur et une quatrième de couverture guère plus alléchante à mon gout.
De ces quelques jours passés chez eux, je me souviens d’un genre de « dédoublement ».
Je passais mes journées avec mon oncle et ma tante. Je notais ces longs moments de silence et le regard absent de mon oncle. Je ne savais alors que lui dire et que faire.
Le soir avant de m’endormir je lisais ce livre qu’il m’avait mis entre les mains. Un livre dur dévoilant les plus sombres facettes de la nature humaine. Une histoire qui se passe dans un village dont on ne connait ni le nom ni le pays auquel il appartient. Une histoire que l’on situe après la guerre de 39-45 mais sans plus de précisions.
Un récit où se mêlent le passé et le présent. Et toujours la même violence. La peur de l’étranger « l’anderer ». La haine des hommes. Leur violence et leurs débordements dès lors qu’ils sont en groupe. La domination de l’autre par la peur. L’instinct de survie. La capacité à tout supporter et à continuer de vivre malgré tout.
Lire ce livre me mettait mal à l’aise. Rien à voir entre l’histoire racontée et mon oncle et pourtant ! L’ambiance était la même, lourde et pleine de questions. A quoi pensait-il quand son regard était aussi loin de nous ? Comment appréhendait-il sa mort que tout le monde savait imminente ?
Je m’interrogeais aussi sur mes propres valeurs, mes propres convictions, mes propres violences, mes propres débordements ou dérapages possibles.
J’ai fini le livre. Je l’ai rangé dans la bibliothèque. Je quittais mon oncle et ma tante le lendemain. Moi d’habitude si pudique, j’enserrais très fort mon oncle que je savais ne jamais revoir.
Je n’ai jamais su pourquoi mais ce livre et ces derniers moments passés avec mon oncle resteront intimement liés. Oui ! Cette semaine-là ce livre m’avait vraiment été destiné pour ces instants précis.
Et pourtant….
C’était la fin du mois d’août. J’étais venue passer quelques jours chez mon oncle et ma tante dans leur maison de Provence. J’ai trouvé mon oncle très amaigri. Atteint d’un cancer en phase terminale, j’appris qu’il avait fait choix de refuser tout traitement supplémentaire. Seulement des soins palliatifs et sa foi, leur foi à tous les deux.
Passionné de lecture, mon oncle me mit dès le premier jour un livre entre les mains : « Lis-le !». Je me retrouvais avec un bouquin à la couverture très sobre : bleu uni avec le titre et le nom de l’auteur en blanc. Un livre que je n’aurais sans doute jamais choisi de moi-même. Un titre peu accrocheur et une quatrième de couverture guère plus alléchante à mon gout.
De ces quelques jours passés chez eux, je me souviens d’un genre de « dédoublement ».
Je passais mes journées avec mon oncle et ma tante. Je notais ces longs moments de silence et le regard absent de mon oncle. Je ne savais alors que lui dire et que faire.
Le soir avant de m’endormir je lisais ce livre qu’il m’avait mis entre les mains. Un livre dur dévoilant les plus sombres facettes de la nature humaine. Une histoire qui se passe dans un village dont on ne connait ni le nom ni le pays auquel il appartient. Une histoire que l’on situe après la guerre de 39-45 mais sans plus de précisions.
Un récit où se mêlent le passé et le présent. Et toujours la même violence. La peur de l’étranger « l’anderer ». La haine des hommes. Leur violence et leurs débordements dès lors qu’ils sont en groupe. La domination de l’autre par la peur. L’instinct de survie. La capacité à tout supporter et à continuer de vivre malgré tout.
Lire ce livre me mettait mal à l’aise. Rien à voir entre l’histoire racontée et mon oncle et pourtant ! L’ambiance était la même, lourde et pleine de questions. A quoi pensait-il quand son regard était aussi loin de nous ? Comment appréhendait-il sa mort que tout le monde savait imminente ?
Je m’interrogeais aussi sur mes propres valeurs, mes propres convictions, mes propres violences, mes propres débordements ou dérapages possibles.
J’ai fini le livre. Je l’ai rangé dans la bibliothèque. Je quittais mon oncle et ma tante le lendemain. Moi d’habitude si pudique, j’enserrais très fort mon oncle que je savais ne jamais revoir.
Je n’ai jamais su pourquoi mais ce livre et ces derniers moments passés avec mon oncle resteront intimement liés. Oui ! Cette semaine-là ce livre m’avait vraiment été destiné pour ces instants précis.
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Août 2008
Ce livre t'a sûrement marquée parce que tu l'associes aux derniers jours de ton oncle. Peut-être que dans un autre contexte, tu l'aurais lu et oublié aussitôt .
Ton oncle t'a mis ce livre dans tes mains, il t'a dit pourquoi ? Est-ce que ce livre représentait quelque chose de particulier pour lui ?
Ton oncle t'a mis ce livre dans tes mains, il t'a dit pourquoi ? Est-ce que ce livre représentait quelque chose de particulier pour lui ?
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Août 2008
Curieux ce livre et son histoire. Comme Admin, je pense que les circonstances dans lesquelles la rencontre avec le livre se fait est déterminante. La situation de drame dans laquelle tu te trouvais à ce moment là a surement marqué ton esprit. L'intimité que tu as crée avec ce livre, liée à celle qui t'attachait à ton oncle a percuté ta sensibilité. Mais personne ne peut savoir quelle aurait été ton ressenti dans un autre contexte.
Ton texte est très agréable à lire. Je voudrais dire comme tes texte en général. Ta plume me parle bien.
Ton texte est très agréable à lire. Je voudrais dire comme tes texte en général. Ta plume me parle bien.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Août 2008
Je pense comme Admin et Escandélia que ce livre t'a marqué parce qu'il était porteur de malaise par son contenu tout comme l'étaient les instants passés près de ton oncle très malade.
Curieux, j'ai vécu comme toi des moments presque identiques. A l'adolescence, alors en vacances, j'ai dû accompagner quelqu'un de ma famille chez une grand-tante qui se mourait. J'avais emporté un livre qui s'intitulait Madame Curie. La vieille tante a aperçu ce livre dans mes mains et m'a dit alors : "tu sais, j'étais servante chez les Curie et je me suis surtout occupée d'Irène." J'étais abasourdie par la coïncidence. J'ai gardé ce livre et quand je le vois, quelquefois en rangeant, je repense toujours à ce jour là.
Curieux, j'ai vécu comme toi des moments presque identiques. A l'adolescence, alors en vacances, j'ai dû accompagner quelqu'un de ma famille chez une grand-tante qui se mourait. J'avais emporté un livre qui s'intitulait Madame Curie. La vieille tante a aperçu ce livre dans mes mains et m'a dit alors : "tu sais, j'étais servante chez les Curie et je me suis surtout occupée d'Irène." J'étais abasourdie par la coïncidence. J'ai gardé ce livre et quand je le vois, quelquefois en rangeant, je repense toujours à ce jour là.
Invité- Invité
Re: A. Août 2008
Toi qui en effet est si pudique, tu nous dévoiles un peu plus qui tu es.
Tu nous présentes-là un livre qui se raccroche à ton vécu, aux moments délicats que tu as passés lors de ta rencontre avec ce livre.
Je trouve ton texte humainement bouleversant.
Tu nous présentes-là un livre qui se raccroche à ton vécu, aux moments délicats que tu as passés lors de ta rencontre avec ce livre.
Je trouve ton texte humainement bouleversant.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Août 2008
Dans de telles conditions, ce livre de août 2008 restera à jamais pour toi "le livre" ...
Merci de ce partage .
Merci de ce partage .
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Août 2008
Merci du partage. Les livres liés à une personne ou à un évènement multiplient leur force.
Bruyère- Kaléïd'habitué
- Humeur : apaisée
Re: A. Août 2008
Un texte très émouvant pour ce livre indéfectiblement lié à ces derniers moments avec ton oncle. J'aime beaucoup !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Août 2008
Tu dis Je n’ai jamais su pourquoi mais ce livre et ces derniers moments passés avec mon oncle resteront intimement liés. Pourtant ton texte montre très bien comment un contexte marquant et un livre vont devenir indissociable l’un de l’autre; d'autant plus que dans ton cas, contexte et livre étaient tous deux tristes et dramatiques
Vette symbiose peut aussi être liée à autre chose qu’un livre. Dans La première gorgée de bière, P.Delerm raconte qu’il roulait sur l’autoroute quand la radio a annoncé la mort de Brel et que cet évènement est resté associé dans sa mémoire au camion qui roulait devant lui à cet instant.
Mais un livre, avec toute la charge de sentiments qu’il véhicule est souvent un formidable aide-mémoire.
Vette symbiose peut aussi être liée à autre chose qu’un livre. Dans La première gorgée de bière, P.Delerm raconte qu’il roulait sur l’autoroute quand la radio a annoncé la mort de Brel et que cet évènement est resté associé dans sa mémoire au camion qui roulait devant lui à cet instant.
Mais un livre, avec toute la charge de sentiments qu’il véhicule est souvent un formidable aide-mémoire.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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