A. Cette petite phrase qui me bouleverse
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AlainX
Admin
Escandélia
Amanda.
Tadig
9 participants
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A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Je jette un œil distrait à la vitrine de la grande librairie de Montpellier. Les derniers prix littéraires sont en bonne place. Soudain, relégué dans un angle, un petit livre accroche mon regard. Sur la couverture blanche le titre, une petite phrase de 5 mots ordinaires qui dit tout de la vie. D’instinct j’ai envie de l’avoir en mains.
Je rentre, me dirige aussitôt vers la grande table, et cherche sans succès ce livret au milieu de tous ces grands prix. Déçu, je m’adresse à un conseiller, une épreuve qui ravive la timidité de mon adolescence et la crainte d’afficher mon ignorance en littérature. J’aborde le premier venu, bafouille les mots du titre dans le désordre, indique qu’il est édité au Seuil. Un temps de recherche, il me le donne.
Je l’ai entre mes mains. Je lis à mi voix ce titre superbe qui ne peut mentir. Je l’ouvre, parcours quelques lignes, non je ne vais pas être déçu. Le texte va à l’essentiel, aucune fioriture, un vocabulaire simple et précis pour dire le quotidien de la vie d’une famille dans un petit village de Bretagne. Une famille nombreuse avec une fratrie de 10 enfants, 5 filles et 5 garçons. Au fil des pages, le parallèle avec ma propre vie est sidérant.
Oui moi aussi je vivais dans un bourg de Bretagne à la lisière la campagne. J’étais l’avant-dernier d’une famille nombreuse de six, 3 filles et 3 garçons. Nous avions en partage la même pauvreté, le même confort rudimentaire. Au fil des pages les similitudes se font plus fortes, cet écrivain raconte ma propre histoire. J’ai vécu presque la totalité de ce qu’il dit. Oui, avec mes sœurs et frères nous étions fiers d’apprendre à l’école. Oui, j’ai aussi vécu le déchirement de l’internat au collège, qui tout un trimestre me séparait de mes parents, et coupait les liens avec mes copains. Et puis il y avait les retrouvailles des vacances… Et nous étions heureux !
Et soudain à la mi-temps du livre l’aveu. Cette bulle de bonheur occulte un drame familial : l’alcoolisme du père… J’en reste saisi, même si, avec une moindre noirceur, je le vivais aussi. J’en ai le cœur serré.
J’ai littéralement dévoré les 165 pages de ce livre avant de sortir de la librairie. Je le relirai ensuite encore et encore. Quelque temps plus tard, je l’ai offert à mon petit frère, lui proposant de le transmettre à toute la fratrie… Ils ne m’en ont jamais parlé ! Mon sentiment est bien vrai. J’ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier.
Je rentre, me dirige aussitôt vers la grande table, et cherche sans succès ce livret au milieu de tous ces grands prix. Déçu, je m’adresse à un conseiller, une épreuve qui ravive la timidité de mon adolescence et la crainte d’afficher mon ignorance en littérature. J’aborde le premier venu, bafouille les mots du titre dans le désordre, indique qu’il est édité au Seuil. Un temps de recherche, il me le donne.
Je l’ai entre mes mains. Je lis à mi voix ce titre superbe qui ne peut mentir. Je l’ouvre, parcours quelques lignes, non je ne vais pas être déçu. Le texte va à l’essentiel, aucune fioriture, un vocabulaire simple et précis pour dire le quotidien de la vie d’une famille dans un petit village de Bretagne. Une famille nombreuse avec une fratrie de 10 enfants, 5 filles et 5 garçons. Au fil des pages, le parallèle avec ma propre vie est sidérant.
Oui moi aussi je vivais dans un bourg de Bretagne à la lisière la campagne. J’étais l’avant-dernier d’une famille nombreuse de six, 3 filles et 3 garçons. Nous avions en partage la même pauvreté, le même confort rudimentaire. Au fil des pages les similitudes se font plus fortes, cet écrivain raconte ma propre histoire. J’ai vécu presque la totalité de ce qu’il dit. Oui, avec mes sœurs et frères nous étions fiers d’apprendre à l’école. Oui, j’ai aussi vécu le déchirement de l’internat au collège, qui tout un trimestre me séparait de mes parents, et coupait les liens avec mes copains. Et puis il y avait les retrouvailles des vacances… Et nous étions heureux !
Et soudain à la mi-temps du livre l’aveu. Cette bulle de bonheur occulte un drame familial : l’alcoolisme du père… J’en reste saisi, même si, avec une moindre noirceur, je le vivais aussi. J’en ai le cœur serré.
J’ai littéralement dévoré les 165 pages de ce livre avant de sortir de la librairie. Je le relirai ensuite encore et encore. Quelque temps plus tard, je l’ai offert à mon petit frère, lui proposant de le transmettre à toute la fratrie… Ils ne m’en ont jamais parlé ! Mon sentiment est bien vrai. J’ai toujours pensé qu'un livre est écrit pour tous mais qu'il peut n'être destiné qu'à une personne en particulier.
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Un coup de bol, un coup de foudre et te voilà transfiguré, tu as trouvé !
Tu le décris très bien.
Juste un conseil : aère ton texte, sépare en paragraphes, c'est plus facile pour le lecteur et n'enlève rien à la profondeur de ton texte !
Tu le décris très bien.
Juste un conseil : aère ton texte, sépare en paragraphes, c'est plus facile pour le lecteur et n'enlève rien à la profondeur de ton texte !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
D'un trait ! j'ai lu d'un trait. C'est incroyable cette complicité entre les livres et nous. Comment on choisit, comment on lit, comment on s'approprie les mots d'un livre, du livre. Car il n'y en a qu'un comme celui ci. Etrange aussi la façon dont suivant les moments de notre vie on partage les mots du livre. C'est une drôle d'histoire que celle d'un livre !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
J'ai remonté ton texte dans la liste et je l'ai justifié pour plus de facilité à la lecture.
J'aime beaucoup ton écriture qui, comme le livre qui t'a chaviré, est sans fioritures mais tellement juste
Et je te découvre un peu plus à travers ce texte
J'aime beaucoup ton écriture qui, comme le livre qui t'a chaviré, est sans fioritures mais tellement juste
Et je te découvre un peu plus à travers ce texte
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Voila le signe des vrais écrivains.... (enfin ceux que j'aime !....), une capacité de faire d'une aventure particulière un universel, qui alors donne ce sentiment qu'il fut écrit pour nous.
Et tu dis cela tellement bien !
Et tu dis cela tellement bien !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
En cliquant sur le titre de ton texte ce soir, j'en avais oublié la consigne.
J'attendais l'annonce du titre... Car en effet, parfois rien que le titre nous attire.
La magie du livre réside dans tout ce qu'il peut éveiller en nous, de bon comme de moins bon.
Merci pour ce partage.
Cette consigne est très intimiste finalement.
J'attendais l'annonce du titre... Car en effet, parfois rien que le titre nous attire.
La magie du livre réside dans tout ce qu'il peut éveiller en nous, de bon comme de moins bon.
Merci pour ce partage.
Cette consigne est très intimiste finalement.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Admin a écrit:J'ai remonté ton texte dans la liste et je l'ai justifié pour plus de facilité à la lecture.
J'aime beaucoup ton écriture qui, comme le livre qui t'a chaviré, est sans fioritures mais tellement juste
Et je te découvre un peu plus à travers ce texte
De Tadig à vous tous
Ecrire sur consigne n’empêche en rien d’adresser quelques mots à tous les kaléidoplumiens. J’aurai pu le faire plus tôt. Mon expérimentation, pourtant mesurée en temps, confirme ma première impression. Ce site d’atelier d’écriture en ligne est remarquable. J’apprécie la qualité et la diversité du travail proposé, l’intérêt des contributions de chacun ainsi que les échanges, observations, critiques… Je vais m’y mettre aussi.
Merci à tous, et en particulier à Silhène, croisée lors d’une randonnée dans l’Aubrac, et qui m’a fait découvrir ce nouveau monde des kaléidoplumiens.
Ah j’oubliais ma découverte de vos blogs personnels, un autre monde que j’arpenterai.
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Lecture sur les lieux mêmes de la découverte de cet ouvrage et similitude de situation vécue fait de ton texte un sujet qui "colle" parfaitement à la consigne .
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Coincidence ou pas ? Je pense que ce livre t'attendait et que c'est une chance de l'avoir rencontré comme on rencontre une personne que l'on n'oubliera pas.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Comme un coup de foudre
Nerwen a écrit:Coincidence ou pas ? Je pense que ce livre t'attendait et que c'est une chance de l'avoir rencontré comme on rencontre une personne que l'on n'oubliera pas.
J'aime bien ton expression "comme si le livre t'attendais". Coincidence, hasard ou providence, c'est comme le coup de foudre des rencontres amoureuses !
Tadig- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne
Re: A. Cette petite phrase qui me bouleverse
Si c’est un récit authentique, (ce qui semble être le cas d'après tes posts),c’est étonnant .Je me demande quel pouvait être ce titre pour te conduire d’emblée vers ce livre. Ou alors c'est la librairie Sauramps qui es enchantée...
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
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