A. La ronde des questions

- Les grandes personnes sont décidément bien bizarres, doit se dire le petit garçon.

- Pourquoi les grandes personnes sont décidément bien bizarres?

- Parce qu'ils font ce qu'ils nous disent de ne pas faire, et ne font pas ce qu'ils nous disent de faire. Ils nous disent de ranger la chambre mais sont incapable de mettre de l'ordre dans leur vie. Ils nous disent de travailler et de ne pas s'amuser, mais eux ils ne manquent pas une occasion de déléguer et attendent les vacances comme des prisonniers condamnés. Ils nous disent de ne pas mentir mais ils passent leur temps à tromper leur monde. Ils nous disent de ne pas se battre et n'arrêtent pas de déclencher des guerres. Voilà ce que se dit ce petit garçon.

- Il se dit ça le garçon?

- Oui enfin non, pas vraiment…

- Alors il fait quoi?

- Il doit être en train de rêver.

- Il rêve de quoi?

- Oh de trucs de garçon. Il se dit que quand il sera grand il sera aventurier de l'espace ou docteur de serpents dans la jungle. Il aura un chapeau de cow-boy, ça c'est sûr, et une dague. Et qu'il trouvera une planète sans filles, où il fera venir juste Maman.  Il sera très fort et il sauvera les gens, tout le monde l'applaudira et lui fera la révérence, sur une musique grandiose avec des trompettes, des violons et des cornemuses.

- Il fait des rêves bizarres, le garçon… Dis, le monsieur dans le miroir il ressemble à Papi quand il était jeune.

- C'est Papi.

- Alors le garçon, c'est toi Papa?

- Oui, c'est moi. Il avait fait ce tableau pour mes huit ans.

- Mais… Pourquoi tu pleures Papa?

Ma réponse, ma fille ne l'entendra pas. Si je pleure, c'est parce que je suis devenu un adulte bizarre.

Je me suis permise de remettre ton texte à sa place, tu l'avais classé dans les B, alors que c'est manifestement un texte répondant à la consigne principale A.
Ce dialogue, père/fille nous fait adroitement partager les pensées et rêveries du petit garçon devenu adulte et par là même, bizarre.
J'aime beaucoup

Moi aussi j'aime, tout en douceur

C'est bien écrit, c'est très original et j'avoue avoir été touchée par ce texte tout en émotion. Très belle idée

Voil à un texte qui colle parfaitement à la consigne , je dirais avec tendresse  

L'écriture de ton texte renforce le côté bizarre et le mystère plane jusqu'à la dernière ligne. Je me suis un peu perdue au début à chercher qui est qui et qui parle. Mais à la relecture, on comprend mieux que cet adulte est effectivement bizarre..

Un tableau comme prétexte pour faire un bilan de vie, l'inventaire d'illusions perdues. Le tout traité avec beaucoup de douceur comme pour signifier qu'il n'y a pas de rancoeur, juste constater que le temps de rêver est passé.

J'aime beaucoup l'approche que tu as fait de la consigne. Le bilan que l'adulte fait de sa vie en revoyant ce tableau qui le représentait enfant. C'est un angle vraiment original.

Comme Escandelia j'ai été un peu perdue au début. Je n'arrivais pas à comprendre qui parlait (le père ou la fille). Peut être que cela aurait été bien que tu le précises d'une façon ou d'une autre dans les deux premiers échanges

Voilà une remise en question bien poétique!