A. Quand je serai grand
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Sherkane
Amanda.
Nerwen
Cassy
8 participants
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A. Quand je serai grand
Les grandes personnes sont décidément bien bizarres. Pas bouger qu’il a dit. Je voudrais bien l’y voir lui, en équilibre sur une chaise, les mains dans les poches et la tête haute ! Le coussin glisse, j’ai mal au dos et j’ai des fourmis dans les jambes !
- Il a un joli profil votre fils - C'est comme ça qu'il a abordé ma mère - Je lui tirerai bien le portrait.
Et juste après il s’est présenté.
- Monsieur Carl Larsson, pour vous servir.
Je marchais dans la rue à côté d’elle, lui portant son panier de provisions. J’avais rien demandé moi et j’imaginais pas les séances de torture qui ferait suite à cette conversation, lorsque ma mère a répondu :
- C’est vrai qu’il est beau mon fils.
Il est revenu dès le lendemain, a glissé dans la main de maman quelques billets et les séances ont commencé. Elles étaient interminables. Lui, penché sur sa toile, vêtu d’une grande blouse blanche, la moustache en bataille et le chapeau de travers. Ma mère, assise dans un coin de la pièce, comme au théâtre, soupirant d’aise de voir son fils croqué par un célèbre peintre.
De temps en temps elle s’éclipsait en cuisine. Elle en revenait avec un plateau sur lequel elle avait disposé une coupelle garni de quelques douceurs et un petit verre de vin rouge ou de liqueur. Il déposait ses pinceaux en souriant, mangeait avec plaisir et buvait en connaisseur. Le rouge lui montait aux joues et il s’essayait alors à quelques blagues pour me détendre, me voyant me ratatiner sur la chaise au fil des heures.
- Tiens-toi droit fiston ! Que diable ! De la fierté, du panache ! Lorsque j’exposerai au musée de Stockholm, toutes les jeunes filles de bonne famille voudront savoir qui est ce jeune homme au profil si parfait, sans doute un bon parti. Tu n’auras que l’embarras du choix !
S’il savait ! De cette fenêtre, en redressant un peu la tête, j’ai une vue imprenable sur le jardin du voisin et la belle Suzanne. Elle a mon âge et je n’ai jamais rien vu d’aussi lumineux que son sourire. C’est pour elle que mon cœur bât. J’aime tout chez elle, ses cheveux roux, ses yeux noisette, ses joues rebondies et son rire, surtout son rire, que je peux entendre d’ici.
Lorsque Monsieur Larsson me libérera de cette séance, j’irai dans le jardin retrouver Suzanne. Nous jouerons jusqu’à l’heure du souper, comme tous les soirs.
Un jour je prendrai mon courage à deux mains et je lui donnerai un baiser pour la faire patienter encore quelques années. Le temps que nous soyons assez grands pour le mariage.
- Il a un joli profil votre fils - C'est comme ça qu'il a abordé ma mère - Je lui tirerai bien le portrait.
Et juste après il s’est présenté.
- Monsieur Carl Larsson, pour vous servir.
Je marchais dans la rue à côté d’elle, lui portant son panier de provisions. J’avais rien demandé moi et j’imaginais pas les séances de torture qui ferait suite à cette conversation, lorsque ma mère a répondu :
- C’est vrai qu’il est beau mon fils.
Il est revenu dès le lendemain, a glissé dans la main de maman quelques billets et les séances ont commencé. Elles étaient interminables. Lui, penché sur sa toile, vêtu d’une grande blouse blanche, la moustache en bataille et le chapeau de travers. Ma mère, assise dans un coin de la pièce, comme au théâtre, soupirant d’aise de voir son fils croqué par un célèbre peintre.
De temps en temps elle s’éclipsait en cuisine. Elle en revenait avec un plateau sur lequel elle avait disposé une coupelle garni de quelques douceurs et un petit verre de vin rouge ou de liqueur. Il déposait ses pinceaux en souriant, mangeait avec plaisir et buvait en connaisseur. Le rouge lui montait aux joues et il s’essayait alors à quelques blagues pour me détendre, me voyant me ratatiner sur la chaise au fil des heures.
- Tiens-toi droit fiston ! Que diable ! De la fierté, du panache ! Lorsque j’exposerai au musée de Stockholm, toutes les jeunes filles de bonne famille voudront savoir qui est ce jeune homme au profil si parfait, sans doute un bon parti. Tu n’auras que l’embarras du choix !
S’il savait ! De cette fenêtre, en redressant un peu la tête, j’ai une vue imprenable sur le jardin du voisin et la belle Suzanne. Elle a mon âge et je n’ai jamais rien vu d’aussi lumineux que son sourire. C’est pour elle que mon cœur bât. J’aime tout chez elle, ses cheveux roux, ses yeux noisette, ses joues rebondies et son rire, surtout son rire, que je peux entendre d’ici.
Lorsque Monsieur Larsson me libérera de cette séance, j’irai dans le jardin retrouver Suzanne. Nous jouerons jusqu’à l’heure du souper, comme tous les soirs.
Un jour je prendrai mon courage à deux mains et je lui donnerai un baiser pour la faire patienter encore quelques années. Le temps que nous soyons assez grands pour le mariage.
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Quand je serai grand
Très joli texte, plein de fraîcheur sur la faculté des enfants de transformer une situation inconfortable en moment de pur bonheur.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Quand je serai grand
Les chiens ne font pas des chats.
Larsson a la maman et son fils Suzanne, logique !
Larsson a la maman et son fils Suzanne, logique !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Quand je serai grand
J'aime comment ton texte "s'échappe" de la séance de pose pour aller vers la belle Suzanne!
Plein de fraicheur effectivement dans ton texte
Plein de fraicheur effectivement dans ton texte
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Quand je serai grand
Elle a mon âge et je n’ai jamais rien vu d’aussi lumineux que son sourire.
On comprend maintenant la béatitude du visage de l'enfant !
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Quand je serai grand
Je vois que parmi les situations les plus critiques il y a quand même du réconfort ! heureusement la belle Suzanne fait oublier à ce pauvre garçon comment il est transformé en statue. Mais c'est une histoire plausible.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Quand je serai grand
L'amour peut donc réellement faire supporter des situations aussi inconfortables ?!
En tout cas cela aide bien ton personnage à tenir le coup !
J'aime beaucoup tes mots qui flânent vers l'amour.
En tout cas cela aide bien ton personnage à tenir le coup !
J'aime beaucoup tes mots qui flânent vers l'amour.
July_C- Kaléïd'habitué
- Humeur : qui vagabonde
Re: A. Quand je serai grand
J'aime beaucoup l'idée du garçon qui rêve de sa Suzanne pour échapper aux contraintes qui lui sont imposées par les adultes. Le rêve, contre l'orgueil et la fierté de la mère, dont il n'a pas grand chose à faire si c'est pour l'obliger à ne pas bouger pendant des heures. Une belle écriture aussi.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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