le pont du cauchemar

Il suffit de passer le pont
C'est tout de suite l'aventure

Peut- être était-ce ce que voulait me dire ce vieillard qui me tendait la main de l’autre côté ? L’eau coulait claire et limpide sous l’arche de ce pont, lui du mauvais côté, moi en face prête à traverser. Je le revois encore, penché vers moi, sa main tentait de prendre la mienne. Je lui tendais le bras, mais elle était insaisissable. De  sa bouche, des paroles se voulant rassurantes s’échappaient sans que je ne puisse en saisir le sens. Je me réveillais alors, tremblante, le cœur palpitant d’angoisse. Lorsque je rentrais à la maison, maman m’annonça la mort du vieil homme, le lendemain qui suivit ce cauchemar. Cela  me bouleversa.  
Le pont de mon enfance n’a rien de serein. Il évoque de bien tristes souvenirs. C’est celui que nous devions franchir, ma sœur et moi, le matin, pour nous rendre à l’école, loin de la maison.  Nous courrions dans la descente qui le précède, la peur au ventre. Lorsque nous abordions la longue côte qui nous conduit à l’école, ma sœur s’écroulait en larme « j’ai mal au ventre «  me disait- elle. Et moi de la rassurer, avec mes mots, lui disant « on est presque arrivé, ne t’en fais pas, on n’est pas en retard » alors que précisément c’est d’arriver qui la terrorisait. Terreur d’enfants, brimés par l’institutrice, parce que pauvres et qu’en ce temps- là, les maîtres d’école n’aimaient pas la pauvreté.
Je dois dire que je n’en menais pas large non plus, et qu’à la déchirure de laisser maman et le pépé –ce à quoi je ne pouvais me résoudre – il y avait toute une longue journée où je savais que nous  subirions les foudres de la Dame.
Est-ce pour ces  raisons que ce pont s’invite à chacune de mes nuits de mauvaise lune?  Hasard étrange,  il précède les mauvaises nouvelles. Je sais alors à mon réveil que demain je pleurerais.

Je trouve cette chute : "Je sais alors à mon réveil que demain je pleurerais." très poétique. Elle ponctue heureusement ce joli texte.   

Magnifique texte où tout est bien amené.

Mais qu'est ce qu'on peut bien pont(dre) après ça nous autres kaléidoplumiens qui n'avons pas encore écrits ???
  

SO, je te fais confiance, tu va nous épater.
KZ, je ne suis pas persuadée que le mot heureusement soit bien approprié à la situation, mais je te remercie de ton appréciation quand au texte

Traverser un pont n'est pas facile surtout si on a le vertige. Je pense au pont de Normandie... moi j'en faisais un cauchemar avant... Pendant je me couchais dans la voiture pour e pas le voir. Heureusement ce n'est pas moi qui conduisais.

J'ai beaucoup ton texte, les sentiments et émotions sont très bien rendus et tes phrases très belles, surtout la dernière...

C'est un texte très fort, malgré quelques imperfections.
Il mériterait d'être retravaillé un peu, car il a un fort potentiel.
Quelques pistes:
Revoir certains temps, ex:

Delia a écrit:Lorsque nous abordions la longue côte qui nous conduit à l’école

(qui nous conduisait)
Enlever les répétitions.
J'ai remarqué que lorsque tu écris ainsi, (travail de mémoire je pense, où tu es un peu submergée par l'émotion) tu as tendance certainement à poster trop vite, sans réellement te relire (on est tous un peu dans le même cas dans ce genre de récit)
Se relire à haute voix, plusieurs fois, aide à repérer les parties où ça accroche.
Si je me permets de te faire cette réflexion, c'est que ton texte est beau, et qu'il mérite de l'être encore plus en corrigeant 2 ou 3 trucs.  

Ce pont n'est en effet pas lié à des souvenirs sereins, et tu sais nous faire partager tes angoisses enfantines avec une écriture  émouvante qui nous parlera encore plus, compte tenu des conseils d'Admin. J'aime beaucoup  

Et bien moi j'aime beaucoup vos conseils. Une dernière confidence ? C' est pour ce genre de critiques que je viens écrire sur Kalé, je les trouve même trop rares certaines fois, merci donc de m'avoir lu et de m'aiguiller dans la bonne direction.

Comme sur chaque consigne, je suis toujours (agréablement !) surprise par ce que nos différentes sensibilités font de la consigne.
Oui, le "joli pont de pierre" n'est pas forcément un signal positif. Il peut aussi être lié à des mauvais souvenirs, qui restent d'autant plus ancrés dans la mémoire qu'ils sont liés à l'enfance...

Je te souhaite de rêver le moins possible de ce pont dans l'avenir !

En tous cas, j'ai beaucoup aimé lire ton texte, tout en sensibilité (et c'est vrai que la finale est très poétique)

Ce pont, bien réel, a marqué ton enfance à tel point que, curieusement, il est toujours présent dans tes cauchemars. Il représente une rupture avec le cocon familial au moment d'aller vers l'école et rupture de la vie parce qu'annonciateur de mort. Il représente la souffrance vécue ou à vivre. J'aime bien ton texte Escandélia parce qu'il est criant de vérité et de vécu.

Un souvenir d'enfance plein d émotion et générateur de cauchemar et à la fin, l'évocation d'une prémonition, ou comment un vécu difficile à oublier se mue en récit fantastique.