A- Celui qui marche
+3
Escandélia
Cara1234
madeleinedeproust
7 participants
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A- Celui qui marche
J'ai mis l'eau à chauffer.
Le temps qu'elle bout j'aurai fini de fermer mon sac. Il est lourd, mais je n'arrive pas à laisser derrière moi certaines choses... Mes vieux carnets d'écriture, mon dictionnaire... ils pèsent leur poids mais j'en ai besoin, sans eux je ne tiendrai pas le coup, je le sais.
Demain, si tout se passe bien, j'embarquerai sur un canot pour la Terre Promise.
Après-demain, si tout se passe bien, je serai en sécurité, dans un pays de respect et de liberté.
L'eau bout déjà, j'y jette une poignée de thé de ma mère et pendant un bref instant j'ai six ans et le sable du désert me colle à la peau.
J'ai ramassé quelques bouts de bois humides pour faire un feu. Le froid humide me transperce le corps, ma vieille casserole en fer tient difficilement sur le feu, la neige met du temps à fondre.
Quand l'eau frémit j'y jette une poignée de thé de ma mère,la dernière, celle que je garde précieusement depuis que j'attends dans cette « jungle » l'autorisation de rester dans ce pays que je croyais de respect et de liberté... Mais personne ne me croit quand je raconte la faim, la dictature et les tortures... Je ne rencontre que suspicion et mépris... Je dois constamment prouver que je suis bien celui que je dis... Personne ne me croit et j'ai froid en permanence...
Un gigantesque glaçon ne cesse de grandir dans mon cœur.
Ce soir je vais boire la dernière tasse de thé de ma mère, et puis je glisserai ce petit carnet d'écriture dans ma poche et je partirai... vers une autre terre d'asile, qui, sans doute, ne voudra pas plus de moi que ce pays que je croyais de respect et de liberté.
Mais qu'ai-je donc comme possibilité, si ce n'est d'errer sur la planète dans une quête désespérée de paix et de tranquillité ?
Le temps qu'elle bout j'aurai fini de fermer mon sac. Il est lourd, mais je n'arrive pas à laisser derrière moi certaines choses... Mes vieux carnets d'écriture, mon dictionnaire... ils pèsent leur poids mais j'en ai besoin, sans eux je ne tiendrai pas le coup, je le sais.
Demain, si tout se passe bien, j'embarquerai sur un canot pour la Terre Promise.
Après-demain, si tout se passe bien, je serai en sécurité, dans un pays de respect et de liberté.
L'eau bout déjà, j'y jette une poignée de thé de ma mère et pendant un bref instant j'ai six ans et le sable du désert me colle à la peau.
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J'ai ramassé quelques bouts de bois humides pour faire un feu. Le froid humide me transperce le corps, ma vieille casserole en fer tient difficilement sur le feu, la neige met du temps à fondre.
Quand l'eau frémit j'y jette une poignée de thé de ma mère,la dernière, celle que je garde précieusement depuis que j'attends dans cette « jungle » l'autorisation de rester dans ce pays que je croyais de respect et de liberté... Mais personne ne me croit quand je raconte la faim, la dictature et les tortures... Je ne rencontre que suspicion et mépris... Je dois constamment prouver que je suis bien celui que je dis... Personne ne me croit et j'ai froid en permanence...
Un gigantesque glaçon ne cesse de grandir dans mon cœur.
Ce soir je vais boire la dernière tasse de thé de ma mère, et puis je glisserai ce petit carnet d'écriture dans ma poche et je partirai... vers une autre terre d'asile, qui, sans doute, ne voudra pas plus de moi que ce pays que je croyais de respect et de liberté.
Mais qu'ai-je donc comme possibilité, si ce n'est d'errer sur la planète dans une quête désespérée de paix et de tranquillité ?
madeleinedeproust- Kaléïd'habitué
- Humeur : littéraire
Re: A- Celui qui marche
un destin pas facile pour cet être.
Nostalgie de la mama ...
Nostalgie de la mama ...
Cara1234- Kaléïd'habitué
- Humeur : Badine
Re: A- Celui qui marche
Un superbe texte pour raconter l'errance, l'exil et la misère. Un superbe texte pour nous alerter sur le sort de tous ces réfugiés, s'il en était besoin. La désillusion et le désespoir à la place de la chaleur humaine, en guise d'avenir, on a le droit d'espérer mieux. Merci pour ce texte terriblement d'actualité.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- Celui qui marche
Tout est dit dans ton texte, Mad sur le gigantesque problème des migrants : la soif de reconnaissance dans un pays qui n'en veut pas, la nostalgie du passé, la misère, .....
J'aime particulièrement " le gigantesque glaçon..."
J'aime particulièrement " le gigantesque glaçon..."
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- Celui qui marche
Tu dis tant en si peu de mots...
AAnne- Kaléïd'habitué
- Humeur : Bonne, la plupart du temps.
Re: A- Celui qui marche
Un thème d'actualité traité avec des mots très forts pour décrire la désespérance de ces réfugiés qui vont de désillusions en déceptions et n'ont d'autre salut que dans une douloureuse résignation.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- Celui qui marche
Ton texte nous transperce, et en peu de mots il décrit, avec force et réalisme, la désespérance des condamnés à l'errance.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
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