Ménestrel...
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Ménestrel...
Il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure…
L’Inconnu aussi est au bout du pont, oserai-je le franchir ?
Ai-je le choix ? Plus vraiment après avoir osé jeter les yeux sur la femme du puissant Ludwig de Hautefort, Seigneur des Frontières. Il a lancé ses reîtres à mes trousses et c’est de justesse que j’ai échappé à deux reprises à leurs traquenards.
Je me suis dit qu’il ne fallait pas tenter Dame la Chance une troisième fois, alors j’ai rassemblé mes maigres effets et j’ai marché…
Dieu ! Que Dame Ombeline était belle à la lueur mouvante des flambeaux, lumineuse parmi l’assemblée des soudards qui faisaient ripaille à la table du maître des lieux. C’est pour elle que j’ai chanté. Pour elle seule, car, que pouvaient comprendre à la poésie les barbares qui l’entouraient ?
Un, pourtant, était attentif à mes paroles, et j’ai capté son regard rivé sur moi. Raynard, l’homme de main, s’est penché vers Ludwig et lui a dit quelque chose à voix basse. A son tour ce dernier a posé les yeux sur moi. Glacial était son regard. Quand j’ai terminé ma ballade qui, à vrai dire, n’intéressait personne dans le brouhaha des conversations et des rires avinés, je suis sorti aussi discrètement que possible. J’ai eu le temps de remarquer que Raynard se levait pour me suivre. Il m’a rattrapé dans la cour et sans un mot, m’a arraché ma précieuse mandore et l’a fracassée contre la margelle du puits. Le fragile instrument s’est brisé avec un son plaintif. « La prochaine fois ce sera ton tour ! » a-t-il proféré d’une voix blanche…
« Arrêtez ! Vous ne pouvez pas faire ça ! » Du seuil, Ombeline venait d’assister à la scène. Ignorant Raynard, elle s’est approchée de moi et m’a glissé dans la main, le discret anneau d’argent qu’elle porte toujours. « Ce sera pour acheter une autre mandore » a-t-elle chuchoté. Dans ses yeux clairs j’ai lu qu’elle voulait seulement m’aider, sans se douter qu’elle venait là de signer mon arrêt de mort…
Maintenant j’ai trouvé le pont, ancien passage entre les différents domaines des seigneurs de la région. Les sbires de Ludwig ne m’y poursuivront pas ostensiblement, car, cette incursion pourrait être considérée comme un fait de guerre. Mais, plus tard, un soir au coin d’un bois ou dans quelque sombre ruelle, qui peut dire si je ne verrai pas surgir un homme, rapide et silencieux, qui me plongera dans le cœur la lame effilée de son poignard ?
Qu’importe, j’ai serré dans ma main le petit anneau d’argent et j’ai franchi le pont…
L’Inconnu aussi est au bout du pont, oserai-je le franchir ?
Ai-je le choix ? Plus vraiment après avoir osé jeter les yeux sur la femme du puissant Ludwig de Hautefort, Seigneur des Frontières. Il a lancé ses reîtres à mes trousses et c’est de justesse que j’ai échappé à deux reprises à leurs traquenards.
Je me suis dit qu’il ne fallait pas tenter Dame la Chance une troisième fois, alors j’ai rassemblé mes maigres effets et j’ai marché…
Dieu ! Que Dame Ombeline était belle à la lueur mouvante des flambeaux, lumineuse parmi l’assemblée des soudards qui faisaient ripaille à la table du maître des lieux. C’est pour elle que j’ai chanté. Pour elle seule, car, que pouvaient comprendre à la poésie les barbares qui l’entouraient ?
Un, pourtant, était attentif à mes paroles, et j’ai capté son regard rivé sur moi. Raynard, l’homme de main, s’est penché vers Ludwig et lui a dit quelque chose à voix basse. A son tour ce dernier a posé les yeux sur moi. Glacial était son regard. Quand j’ai terminé ma ballade qui, à vrai dire, n’intéressait personne dans le brouhaha des conversations et des rires avinés, je suis sorti aussi discrètement que possible. J’ai eu le temps de remarquer que Raynard se levait pour me suivre. Il m’a rattrapé dans la cour et sans un mot, m’a arraché ma précieuse mandore et l’a fracassée contre la margelle du puits. Le fragile instrument s’est brisé avec un son plaintif. « La prochaine fois ce sera ton tour ! » a-t-il proféré d’une voix blanche…
« Arrêtez ! Vous ne pouvez pas faire ça ! » Du seuil, Ombeline venait d’assister à la scène. Ignorant Raynard, elle s’est approchée de moi et m’a glissé dans la main, le discret anneau d’argent qu’elle porte toujours. « Ce sera pour acheter une autre mandore » a-t-elle chuchoté. Dans ses yeux clairs j’ai lu qu’elle voulait seulement m’aider, sans se douter qu’elle venait là de signer mon arrêt de mort…
Maintenant j’ai trouvé le pont, ancien passage entre les différents domaines des seigneurs de la région. Les sbires de Ludwig ne m’y poursuivront pas ostensiblement, car, cette incursion pourrait être considérée comme un fait de guerre. Mais, plus tard, un soir au coin d’un bois ou dans quelque sombre ruelle, qui peut dire si je ne verrai pas surgir un homme, rapide et silencieux, qui me plongera dans le cœur la lame effilée de son poignard ?
Qu’importe, j’ai serré dans ma main le petit anneau d’argent et j’ai franchi le pont…
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: Ménestrel...
Je suis extrêmement impressionnée par ta capacité à prendre un incipit et en faire une histoire captivante qui donne envie d'en lire plus. Le ménestrel aura-il la vie sauve?
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: Ménestrel...
Tout comme Cassy, je suis impressionnée !
J'aime bien aussi que tu aies choisi de poser ton histoire dans un temps du passé...Comme le pont de pierres qui a dû en voir, des histoires, justement !
J'aime bien aussi que tu aies choisi de poser ton histoire dans un temps du passé...Comme le pont de pierres qui a dû en voir, des histoires, justement !
Sel.- Kaléïd'habitué
- Humeur : Entre bleu clair et bleu foncé
Re: Ménestrel...
Nerwen : tu sais comme personne nous transporter ailleurs, dans le pays des légendes ou des faits historiques.
Ton texte est parfaitement écrit, romantique à souhait. Combien de gentes dames se sont-elles éprises du beau ménestrel si différent des sombres guerriers qui les entouraient ? Et combien de ménestrels ont-ils chanté pour les belles dames inaccessibles ? Je pense là à notre illustre troubadour corrézien Bernard de Ventadour.
Merci pour ce beau texte à faire rêver les âmes romanesques !
Ton texte est parfaitement écrit, romantique à souhait. Combien de gentes dames se sont-elles éprises du beau ménestrel si différent des sombres guerriers qui les entouraient ? Et combien de ménestrels ont-ils chanté pour les belles dames inaccessibles ? Je pense là à notre illustre troubadour corrézien Bernard de Ventadour.
Merci pour ce beau texte à faire rêver les âmes romanesques !
Invité- Invité
Re: Ménestrel...
Après « Le veilleur », encore une belle histoire médiévale et aussi triste que belle. Très bien écrit. Juste cette formule que j’ai trouvée curieuse :
Un, pourtant, était attentif à mes paroles
Je ne sais pas si le prénom Ombeline existe ou si tu l’a inventé, mais je le trouve très joli, plein de douceur, et convenant très bien dans ce récit à la limite de l’Histoire et du conte.
Un, pourtant, était attentif à mes paroles
Je ne sais pas si le prénom Ombeline existe ou si tu l’a inventé, mais je le trouve très joli, plein de douceur, et convenant très bien dans ce récit à la limite de l’Histoire et du conte.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: Ménestrel...
Une hustoire d'audace, celle de laisser vivre les sentiments qu'on éprouve. Un vrai conte avec des bons et des méchants, Une belle princesse et son anneau. Avec çà, on retrouve une âme d'enfnat et c'est très agréable !
Kz- Kaléïd'habitué
- Humeur : bonne
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