A . Jour du départ.

Jour du départ.

Je suis venu te dire que je m'en vais demain matin, dès potron-minet, et que bien sûr je garderai de toi le souvenir enchanteur de ces journées que, ni toi ni moi, n'oublieront jamais. Mais tu savais bien que je reprendrais le chemin des flots pour mes errances solitaires.

j'ai abordé l'île de ton corps. Tu m'en as ouvert tous les secrets. Tu as laissé la brise bercer nos étreintes les plus folles et les plus intenses. tu as laissé s'affaler toutes les voiles, lorsque, par calme plat, tu te  découvrais me laissant le souffle court face à la nudité de ton décor enchanteur.
j'ai bercé de mon haleine chaude les sommets où tu attiras ma bouche. J'ai respiré ta senteur intime qui envahit ma narine. Je me suis laissé glisser sur tes fruits gorgés largement offerts à mes caresses. J’ai laissé le vent coulis se faufiler dans  tes broussailles jusqu'à la totale ivresse.
J’ai parcouru la vallée secrète où tu m'invitas à me damner.

Tout cela est gravé  jusqu'au plus profond de mes fibres.
Mais tu le sais, je ne suis pas de ceux qui demeurent. Vers les ailleurs il me faut sans cesse me rendre.
Tous les bastions et toutes les forteresses de sable que tu as tenté de dresser pour m'empêcher de rejoindre le large se sont écroulés avec la marée. Nul ne peut retenir celui  qui reçoit l'appel du large.

Un jour tu comprendras.
Oui, tu comprendras qu'il ne faut pas être l'amante du vent.