A.Luminothérapie
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Sherkane
Escandélia
Nerwen
7 participants
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A.Luminothérapie
« La séance est à 22 heures, ne soit pas en retard ! » m’avait dit Rose d’un ton péremptoire en me quittant. Il faut dire à sa décharge que la ponctualité n’étant pas une de mes qualités principales, elle se méfiait.
Toujours est-il qu’à 22 heures pétantes, j’étais devant l’ampoule géante, clou de la fête des lumières. Rose était là bien sûr, accompagnée de sept ou huit de ses « cobayes » qu’elle avait convaincus de participer à l’expérience. Tous des inconnus pour moi, mais tous aussi paumés que je l’étais cet hiver-là.
Rose est une adepte de la luminothérapie, entendez par là qu’elle croit dur comme fer à l’efficacité de la lumière dans le traitement de la dépression saisonnière et de l'insomnie. Elle m’avait bassinée avec les bienfaits de cette méthode douce dispensée habituellement, à des tarifs prohibitifs, en institut. « Nous avons là une source lumineuse gratuite, à 22 heures il n’y aura plus personne sur les terrasses et nous pourrons profiter d’une séance de luminothérapie sans bourse déliée, avait-elle dit. Je vous expliquerai comment procéder. »
Fallait-il que je sois mal en point pour me laisser embarquer dans cette histoire !
« Approchez-vous de l’ampoule et donnez-vous la main, il faut que le courant circule entre vous ! » Telle fut sa première recommandation.
Personne n’avait l’air très enthousiaste et c’est en traînant les pieds que nous nous approchâmes. Je n’ai pas l’habitude de donner la main à des inconnus, encore moins quand je m’aperçois, en lorgnant sur les côtés, que les dites-mains sont d’une propreté douteuse, à droite, comme à gauche… A croire que les recrues de Rose travaillaient dans un garage ou n’avaient pas rencontré un seul point d’eau depuis des lustres… Je me fis violence et empoignai la main de mon voisin de droite. Une main froide, osseuse. Spectrale, fut le mot qui me vint à l’esprit. Au contraire, de l’autre côté, ma voisine avait une main grassouillette, boudinée et moite. Ce que je déteste depuis la maternelle, quand la maîtresse m’obligeait à faire la ronde avec un enfant morveux ou pleurnicheur.
« Levez la tête et fixez la lumière au centre de l’ampoule ! » continuait Rose. Il y eut bien quelques protestations de la part de personnes fragiles des yeux ou ayant absorbé quelque substance mystérieuse, mais Rose n’accepta aucun récrimination.
Nous étions là, incertains, vacillants, comme des moucherons attirés par une flamme. Essayant de ressentir les effets bienfaisants de l’incandescente source lumineuse. Rose insistait : « Vous sentez ? Un grand calme vous envahit ! Un bien-être nouveau vous pénètre… »
Pour ma part, j’étais éblouie, complètement perdue, des cercles lumineux virevoltaient dans ma tête et j’allais protester, quand une explosion suivie d’éclats de verre brisé me déchira les tympans. L’énorme ampoule venait d’éclater. Toutes les lumières de la place s’éteignirent. Les patients de Rose firent un bond en arrière, puis restèrent là, frappés de stupeur, contemplant, hébétés, le petit filament central qui rougeoyait encore.
Ma voisine poussa un cri et s’effondra. Cela nous tira de notre torpeur et plusieurs d’entre nous, prenant le large à la vitesse de l’éclair, disparurent dans l’obscurité.
Il ne restait plus que Rose, qui administrait de solides baffes à la fille évanouie et moi, encore sous le choc… Entendant dans le lointain, la sirène d’une voiture de police qui se rapprochait, Rose marmonna : « Assez de lumière pour ce soir, d’ailleurs celle du gyrophare n’a pas la bonne fréquence ! » ;
Nous empoignâmes la fille sous les aisselles et réussirent à nous fondre dans le décor.
Toujours est-il qu’à 22 heures pétantes, j’étais devant l’ampoule géante, clou de la fête des lumières. Rose était là bien sûr, accompagnée de sept ou huit de ses « cobayes » qu’elle avait convaincus de participer à l’expérience. Tous des inconnus pour moi, mais tous aussi paumés que je l’étais cet hiver-là.
Rose est une adepte de la luminothérapie, entendez par là qu’elle croit dur comme fer à l’efficacité de la lumière dans le traitement de la dépression saisonnière et de l'insomnie. Elle m’avait bassinée avec les bienfaits de cette méthode douce dispensée habituellement, à des tarifs prohibitifs, en institut. « Nous avons là une source lumineuse gratuite, à 22 heures il n’y aura plus personne sur les terrasses et nous pourrons profiter d’une séance de luminothérapie sans bourse déliée, avait-elle dit. Je vous expliquerai comment procéder. »
Fallait-il que je sois mal en point pour me laisser embarquer dans cette histoire !
« Approchez-vous de l’ampoule et donnez-vous la main, il faut que le courant circule entre vous ! » Telle fut sa première recommandation.
Personne n’avait l’air très enthousiaste et c’est en traînant les pieds que nous nous approchâmes. Je n’ai pas l’habitude de donner la main à des inconnus, encore moins quand je m’aperçois, en lorgnant sur les côtés, que les dites-mains sont d’une propreté douteuse, à droite, comme à gauche… A croire que les recrues de Rose travaillaient dans un garage ou n’avaient pas rencontré un seul point d’eau depuis des lustres… Je me fis violence et empoignai la main de mon voisin de droite. Une main froide, osseuse. Spectrale, fut le mot qui me vint à l’esprit. Au contraire, de l’autre côté, ma voisine avait une main grassouillette, boudinée et moite. Ce que je déteste depuis la maternelle, quand la maîtresse m’obligeait à faire la ronde avec un enfant morveux ou pleurnicheur.
« Levez la tête et fixez la lumière au centre de l’ampoule ! » continuait Rose. Il y eut bien quelques protestations de la part de personnes fragiles des yeux ou ayant absorbé quelque substance mystérieuse, mais Rose n’accepta aucun récrimination.
Nous étions là, incertains, vacillants, comme des moucherons attirés par une flamme. Essayant de ressentir les effets bienfaisants de l’incandescente source lumineuse. Rose insistait : « Vous sentez ? Un grand calme vous envahit ! Un bien-être nouveau vous pénètre… »
Pour ma part, j’étais éblouie, complètement perdue, des cercles lumineux virevoltaient dans ma tête et j’allais protester, quand une explosion suivie d’éclats de verre brisé me déchira les tympans. L’énorme ampoule venait d’éclater. Toutes les lumières de la place s’éteignirent. Les patients de Rose firent un bond en arrière, puis restèrent là, frappés de stupeur, contemplant, hébétés, le petit filament central qui rougeoyait encore.
Ma voisine poussa un cri et s’effondra. Cela nous tira de notre torpeur et plusieurs d’entre nous, prenant le large à la vitesse de l’éclair, disparurent dans l’obscurité.
Il ne restait plus que Rose, qui administrait de solides baffes à la fille évanouie et moi, encore sous le choc… Entendant dans le lointain, la sirène d’une voiture de police qui se rapprochait, Rose marmonna : « Assez de lumière pour ce soir, d’ailleurs celle du gyrophare n’a pas la bonne fréquence ! » ;
Nous empoignâmes la fille sous les aisselles et réussirent à nous fondre dans le décor.
Dernière édition par Nerwen le Lun 28 Nov - 11:53, édité 1 fois
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A.Luminothérapie
Rose marmonna : « Assez de lumière pour ce soir, d’ailleurs celle du gyrophare n’a pas la bonne fréquence ! » ;
Heureusement parce que sinon avec l'état d'urgence vous étiez bonnes pour le gnouf !
Heureusement parce que sinon avec l'état d'urgence vous étiez bonnes pour le gnouf !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A.Luminothérapie
Excellent! J'ai bien ri à la lecture de ton texte. Et la fin est savoureuse avec la lumière des gyrophares qui n'a pas la bonne fréquence...
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A.Luminothérapie
Moi aussi j'ai bien ri ! Je me demandais comment tout cela allait se terminer ....et tu as pensé au gyrophare !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A.Luminothérapie
Excellent ton texte! Et il ne m'empêchera pas de défendre les bienfaits réels d'une luminothérapie authentique.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A.Luminothérapie
En fait tout ce petit monde devait être ultra concentré pour faire claquer l'ampoule !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A.Luminothérapie
Excellente satire des thérapies plus ou moins farfelues. On visualise très bien la scène. Et la réplique sur la fréquence flics est savoureuse.
Nerwen, tu as dû écrire ce texte en vitesse : tu as laissé quelques fautes qui sont sûrement des étourderies.
Nerwen, tu as dû écrire ce texte en vitesse : tu as laissé quelques fautes qui sont sûrement des étourderies.
tobermory- Kaléïd'habitué
- Humeur : Changeante
Re: A.Luminothérapie
Merci à vous tous et en particulier à Tober pour sa lecture attentive, j'ai édité le texte et corrigé deux fautes mais peut-être y en a-t-il d'autres car contrairement à mes personnages je n'étais sans doute pas assez concentrée ?
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
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