A. Y a t-il un docteur dans la salle ?

Cinq heures du mat’ j’ai des frissons.
Des heures que je suis là…
Aux urgences.
Urgences !
Tu parles, pas vu un seul toubib depuis mon arrivée vers minuit.
Une infirmière, une seule m’a pris du sang pour voir…
Voir quoi ?
Du sang j’en pissais de partout depuis cette agression en sortant du cinoche.
 
Ici c’est moche.
C’est plein de Kleenex, de pansements froissés
Mes draps mouillés me collent à la peau.
Les murs jaunes reflètent une lumière glauque.
Je suis toute seule, toute seule
Sommeil cassé, bouille écrasée,
Sans parler du reste…
Je ne veux pas y penser
Rêve brisé…
 
Et vous ne vous souvenez vraiment pas de ce qui s’est passé ?
 
Six  heures du mat’
Mais où ils sont ?
Qu’est-ce qu’ils font ?
Je suis seule, toute seule
Avec ce film dans ma tête
Et ce rire bestial  dans mon oreille
Et ces mains sur moi
Et…
Je ne veux pas y penser
Rêve brisé…
 
Sept heures du mat
L’heure de la relève
Un type en blouse blanche est entré
Il s’est approché en souriant
A relevé les draps
Constaté les dégâts.
Et  demandé qui vous a fait ça
 
Comme si je le savais !
Comme si je le connaissais ce salaud !
Ca m’a mis en rage
L’était journaliste ou docteur
Ce mec impec ?
J’ai hurlé !
Il m’a dit de ne pas m’affoler
Que de toute façon, le mal était fait
Un petit prélèvement pour l’Adn
Et hop, emballé, c’est pesé !
Il s’est approché, une seringue à la main…
 
Et à ce moment-là, qu’est-ce que vous avez fait ?
 
Je lui ai sauté dessus et planté la seringue dans l’œil
Mes forces me revenaient en même temps que ma colère montait
Il est tombé, la tête la première sur l’évier derrière lui
Mes cris ont ameuté le service
Ils ont tous rappliqué dare-dare
Ah, il y en avait à présent des docteurs, des infirmiers
Des stéthoscopes et des pansements
Urgences, vite, on va le perdre…
 
Et moi je suis seule, toute seule...

Belle idée de reprendre le thème de la fameuse chanson.
Et les questions posées dans celle-ci.
Joli exercice d'appropriation tout en respectant la consigne.


Juste une petite remarque : Je supprimerai la dernière phrase.
Elle ne me semble pas utile.
Restez sur : « Et moi je suis seule, toute seule » donne plus de force au texte.

C'est ma foi une belle description de l'état des hopitaux par la même occasion. On voit que tu as l'habitude.

Merci AlainX corrigé, merci !

Escandelia  et ça m'a mises en rage une fois de plus !

Oui bonne idée d'avoir repris le rythme de la chanson originale. Du coup, j'ai relu ton texte sur l'air de la chanson. Bravo pour l'exercice !

 Oui, tu as remarquablement traduit l'ambiance du service des urgences et du sentiment de solitude qu'on peut y ressentir.

J'en conclus qu'il est dangereux  

à la fois

de passer par les urgences en qualité de patient parce que l'impatience peut vous conduire au pire

d'être urgentiste parce qu'en raison de l'impatience latente des patients, on peut transiter par la case patients du service des urgences . Et en l'absence d'urgentiste, il est urgent , pour les patients, de patienter ...

Pas clair, mon com  ?  La faute à Amanda  qui me fait douter de l'efficacité des urgences ...

Il y a la critique du service des urgences, tout à fait partagée. Il y aussi les effets de l'agression subie par ton personnage.( A ce sujet un livre à lire: "les corps inutiles" de Delphine Bertholon, en poche.)
Ton texte, plus qu'un vrai coup de gueule, est d'une violence à peine supportable (cette seringue dans l'oeil !)
et la violence que ton personnage extériorise est à l'échelle de la violence qu'elle a subie. Très fort.

Plus que l'état des urgences, ce que je retiens de ton texte c'est la terrible indifférence qui vient s'ajouter aux violences faites aux femmes.