A. Temps pourri
+4
Myrte
catsoniou
Amanda.
Nerwen
8 participants
Page 1 sur 1
A. Temps pourri
Cinq heures du mat, j'ai des frissons… Il pleut comme qui la jette…
Ce n’est vraiment pas une vie d’arpenter le trottoir par tous les temps ! Sans compter que, ce soir, le client va se faire rare, pas un quidam en vue ! Le René va encore se mettre en rogne et me flanquer une trempe… Une « trempe », heureusement que je ne perds pas mon humour légendaire. L’humour, c’est tout ce qui me reste, alors ne nous en privons pas.
Tiens, une voiture ralentit à ma hauteur… le conducteur baisse la vitre :
« Vous montez, mademoiselle ? Ce n’est pas raisonnable de rester dehors par ce temps ! »
En général, j’aime bien voir à qui j’ai affaire, avant d’en conclure une, d’affaire. Mais ce soir, je n’ai rien à perdre, d’ailleurs, en y réfléchissant, ça fait déjà longtemps que je n’ai plus rien à perdre. Je me penche vers la portière :
« Qu’est-ce que vous proposez ?
—Vous mettre au sec dans un premier temps, et plus si affinité, dit-il en rigolant. »
Ce n’est pas un habitué, c’est sûr. Sans doute un de ces jeunes blancs-becs qui fanfaronnent pour se donner du courage.
Je contourne la voiture et il se penche pour m’ouvrir la portière. Une fois installée à ses côtés, je m’aperçois qu’il n’est pas seul : un homme est affalé sur le siège arrière.
Je ne suis pas contre un plan à trois, mais je doute que le troisième soit en état d’ouvrir seulement un œil. Je demande :
« Votre copain, il s’en tient une bonne, non ? »
Un grognement en guise de réponse et la voiture démarre…
Nous roulons un moment en silence, mais quand je m’aperçois qu’il quitte le quartier chaud pour prendre la rue principale, je me pose des questions.
« Où allons-nous ? » je demande.
— Chez moi, répond-il, ça vous ennuie ? »
De toute façon, c’est trop tard, il s’arrête devant un immeuble cossu. Il pleut toujours à verse quand je descends de la voiture.
« Abritez-vous sous le porche, j’arrive, dit-il. »
Et il entreprend de faire descendre l’individu de la banquette arrière. Il pourrait aussi bien le laisser y cuver son alcool…
Le dit-individu, ivre-mort, ne s’aide pas beaucoup quand nous prenons l’ascenseur. Mon client, moitié le portant, moitié le traînant, arrive, néanmoins, à gagner son appartement. Il souffle comme un bœuf et je pense qu’il va lui falloir un certain temps avant d’être, « opérationnel ».
« Mets-toi à l’aise, dit-il, et sers-nous un verre. Je l’installe dans la chambre. »
Je n’ai pas l’habitude de boire en dehors de mon environnement familier, on ne sait jamais ! Mais là, j’ai tellement froid dans mes vêtements trempés, que je laisse de côté ma prudence naturelle. J’avale d’un trait le bourbon que je viens de me servir…
J’entends chuchoter dans la chambre… le mec de la banquette arrière était-il moins soul qu’il n’en avait l’air ? Ou y a-t-il une autre personne ? Mon client est-il partisan de la formule « plus on est de fous… » ?
J’ai maintenant l’impression d’avoir pris un bon coup de froid… Ma tête est toute brouillée… J’ai sommeil… Tellement sommeil… Et l’autre qui ne revient pas…
Deux hommes sortent de la chambre
« Elle dort ?
—Comme un loir, avec sa dose de bourbon amélioré !
—Tu as effacé toutes nos empreintes dans l’appart ?
—Mets-lui le revolver dans la main !
—Elle va avoir du mal à expliquer aux flics la présence d’un cadavre dans la chambre…
—Surtout que le mec a été tué avec le revolver qu’elle tient dans la main…
—Filons ! »
Ce n’est vraiment pas une vie d’arpenter le trottoir par tous les temps ! Sans compter que, ce soir, le client va se faire rare, pas un quidam en vue ! Le René va encore se mettre en rogne et me flanquer une trempe… Une « trempe », heureusement que je ne perds pas mon humour légendaire. L’humour, c’est tout ce qui me reste, alors ne nous en privons pas.
Tiens, une voiture ralentit à ma hauteur… le conducteur baisse la vitre :
« Vous montez, mademoiselle ? Ce n’est pas raisonnable de rester dehors par ce temps ! »
En général, j’aime bien voir à qui j’ai affaire, avant d’en conclure une, d’affaire. Mais ce soir, je n’ai rien à perdre, d’ailleurs, en y réfléchissant, ça fait déjà longtemps que je n’ai plus rien à perdre. Je me penche vers la portière :
« Qu’est-ce que vous proposez ?
—Vous mettre au sec dans un premier temps, et plus si affinité, dit-il en rigolant. »
Ce n’est pas un habitué, c’est sûr. Sans doute un de ces jeunes blancs-becs qui fanfaronnent pour se donner du courage.
Je contourne la voiture et il se penche pour m’ouvrir la portière. Une fois installée à ses côtés, je m’aperçois qu’il n’est pas seul : un homme est affalé sur le siège arrière.
Je ne suis pas contre un plan à trois, mais je doute que le troisième soit en état d’ouvrir seulement un œil. Je demande :
« Votre copain, il s’en tient une bonne, non ? »
Un grognement en guise de réponse et la voiture démarre…
Nous roulons un moment en silence, mais quand je m’aperçois qu’il quitte le quartier chaud pour prendre la rue principale, je me pose des questions.
« Où allons-nous ? » je demande.
— Chez moi, répond-il, ça vous ennuie ? »
De toute façon, c’est trop tard, il s’arrête devant un immeuble cossu. Il pleut toujours à verse quand je descends de la voiture.
« Abritez-vous sous le porche, j’arrive, dit-il. »
Et il entreprend de faire descendre l’individu de la banquette arrière. Il pourrait aussi bien le laisser y cuver son alcool…
Le dit-individu, ivre-mort, ne s’aide pas beaucoup quand nous prenons l’ascenseur. Mon client, moitié le portant, moitié le traînant, arrive, néanmoins, à gagner son appartement. Il souffle comme un bœuf et je pense qu’il va lui falloir un certain temps avant d’être, « opérationnel ».
« Mets-toi à l’aise, dit-il, et sers-nous un verre. Je l’installe dans la chambre. »
Je n’ai pas l’habitude de boire en dehors de mon environnement familier, on ne sait jamais ! Mais là, j’ai tellement froid dans mes vêtements trempés, que je laisse de côté ma prudence naturelle. J’avale d’un trait le bourbon que je viens de me servir…
J’entends chuchoter dans la chambre… le mec de la banquette arrière était-il moins soul qu’il n’en avait l’air ? Ou y a-t-il une autre personne ? Mon client est-il partisan de la formule « plus on est de fous… » ?
J’ai maintenant l’impression d’avoir pris un bon coup de froid… Ma tête est toute brouillée… J’ai sommeil… Tellement sommeil… Et l’autre qui ne revient pas…
Deux hommes sortent de la chambre
« Elle dort ?
—Comme un loir, avec sa dose de bourbon amélioré !
—Tu as effacé toutes nos empreintes dans l’appart ?
—Mets-lui le revolver dans la main !
—Elle va avoir du mal à expliquer aux flics la présence d’un cadavre dans la chambre…
—Surtout que le mec a été tué avec le revolver qu’elle tient dans la main…
—Filons ! »
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Temps pourri
IL est pas 5h du mat' mais ton texte me donne des frissons
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. Temps pourri
J'vous le dis, moi : faut pas monter dans la voiture de n'importe quel quidam.
Des fois, ça peut coûter plus cher qu'une course en taxi !!!
Pour l'histoire :
Des fois, ça peut coûter plus cher qu'une course en taxi !!!
Pour l'histoire :
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A. Temps pourri
Bravo pour ce mini-polar !
Je ne connaissais pas l'expression " Il pleut comme qui la jette". C'est régionale ?
Je ne connaissais pas l'expression " Il pleut comme qui la jette". C'est régionale ?
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Temps pourri
Ah super ton histoire
Comme Myrte, je ne connais pas cette expression : "il pleut comme qui la jette" ?!
Comme Myrte, je ne connais pas cette expression : "il pleut comme qui la jette" ?!
brigou- Kaléïd'habitué
- Humeur : souvent bonne !!
Re: A. Temps pourri
Histoire très bien contée au départ de la photo, et une fin saisissante. J'espère qu'elle s'en sortira la pauvre.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Temps pourri
Oups ! Quel texte !
À donner des frissons d'hiver (divers ?)
C'est René qui va pas être content si sa gagneuse se fait serrer !
À donner des frissons d'hiver (divers ?)
C'est René qui va pas être content si sa gagneuse se fait serrer !
AlainX- Kaléïd'habitué
- Humeur : stable
Re: A. Temps pourri
Je sentais venir l'arnaque ! C'est très bien raconté.
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum