A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
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Amanda.
Agathe
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A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
Il suffirait de presque rien pour le réveiller, il suffirait de presque rien pour le réveiller, il suffirait. Ce qui ressemble à un mantra ou à un exercice de la méthode Couet tourne en rond dans l'esprit de la mère et du père du petit garçon présentement gentiment endormi dans son lit.
"Non, mais quelle idée ! Quelle idée ! Tu n'aurais pas pu avoir une autre idée non ?" chuchote la mère à l'oreille de son compagnon.
Tous les deux, à quatre pattes, sur la moquette cherchent un chemin pas trop miné au milieu des legos qui n'attendent qu'une seconde d'inattention pour leur entamer sévèrement les genoux, des morceaux de pâte à modeler prêts à leur engluer les mains, des livres dont les pages n'espèrent qu'une occasion pour les faire déraper.
La mère pense, une fois de plus "Penser à lui faire ranger sa chambre, penser à lui faire ranger sa chambre, penser…" Bizarrement les parents se disent qu'en répétant les choses plusieurs fois ils finiront par entrer en communication télépathique avec leur progéniture et à les influencer favorablement.
Laissons-les rêver et intéressons-nous de plus près au raison de leur reptation nocturne au milieu de la chambre de leur bâton de vieillesse, enfin s'ils arrivent à survivre à cette mission à haut risque.
"Tu ne pouvais pas te contenter d'une peluche ?" reprend-elle furibonde.
"Impossible !" marmonne le père.
"Et pourquoi donc ?"
"Nous avons mis la barre trop haut."
"Et tu vas trouver quoi après, parce que là ce n'est quand même que la troisième, je ne vois vraiment pas ce que tu vas pouvoir trouver de mieux après l'exploit de cette nuit !"
"Je sais, je sais, il serait peut-être préférable de lui dire la vérité."
"C'est moche ton idée, tu devrais avoir honte ! Tu as voulu faire mieux que tout le monde, maintenant assume !"
"Mais où peut-elle être passée ?"
"Il me semble l'avoir vu se faufiler du côté des peluches."
Nouvelle reptation digne des commandos en direction du coin peluche.
Je sens que vous vous interrogez sur ce qui a amené cette mère et ce père habituellement sains (enfin avant la naissance de leur fils) d'esprit ou à peu près à se changer en rats d'hôtel au milieu de la nuit ?
C'est la petite souris.
La petite souris ?
Oui, la petite souris, c'est sûr qu'ils auraient été anglo-saxons, la fée des dents leur aurait posé moins de problèmes.
Donc, lorsque la première quenotte de leur bambin chut, telle la bobinette du conte, les parents se lancèrent dans la grande histoire de la petite souris qui venait déposer un cadeau sour l'oreiller en échange de la dent.
Bien sûr, il leur fallut passer par tous les pourquoi et comment (pourquoi elle prend les dents, où elle trouve les cadeaux, qu'est-ce qu'elle fait des dents, comme elle transporte les dents…). Ses parents ayant passé l'épreuve avec les honneurs et une grande fatigue intellectuelle, le petit monstre, pardon l'adorable loupiot, accepta que cette drôle de bestiole vienne lui rendre visite, mais dans la mesure où elle était prête à lui faire un cadeau, il décida de lui en faire un également, à savoir un beau morceau de fromage sur sa table de nuit.
Les parents obtempérèrent, et nuitamment, échangèrent dent contre cadeau et dégustèrent à minuit un beau morceau de camembert, connaissant leur graine de scientifique ils ne doutaient pas un instant qu'il irait vérifier le lendemain matin l'état du fromage dans le réfrigérateur, mieux valait donc faire disparaître l'objet du délit.
Lorsque la deuxième dent de lait trépassa et fut prête à rejoindre la première dans le palais de la petite souris (ou dans son trou, ce point n'ayant pas été bien élucidé), les parents évitèrent le camembert pas terrible pour l'haleine au milieu de la nuit et proposèrent un morceau de gruyère plus classique (même pour une souris normande du fromage reste du fromage, si, si), après réflexion la proposition fut acceptée par le récipiendaire mais à condition que le fromage soit rapé. Ainsi fut-il fait et les parents picorèrent le rapé allongés dans la chambre du moutard, il ne fallait surtout pas laisser de traces susceptibles d'être suivies en semant du fromage jusqu'à leur chambre.
La mère secoua la tête pour oublier ces péripéties et se concentrer sur l'instant présent.
Elle chuchota à son homme " je te préviens, attention à ce que tu diras cette année pour Pâques, ses cloches et ses lapins !"
Penaud le papa trop imaginatif repris son parcours du combattant en direction de la montagne de peluches, une petite cage à la main.
"Non mais franchement, pourquoi as-tu accepté de tendre un piège à la petite souris ?"
"Il me l'a demandé si gentiment !"
"Peut-être, mais moi j'avais dit non, maintenant débrouille-toi et retrouve cette bestiole avant qu'elle ne grignote tout dans la maison !"
Cachée entre les pattes d'un chat en peluche, une souris blanche fraichement achetée à l'animalerie épiait avec beaucoup d'intérêt et un brin de malice, les deux grands dépendeurs d'andouilles qui la cherchaient.
"Pssitt, viens par ici !"
La souris se retourna et se trouva museau à nez avec une charmante petite fée à la robe brodée de dents.
"J'ai besoin d'un coup de patte dans mon boulot, ça t'intéresse ?"
"Grave !" répliqua la souris qui était chébran et les deux nouvelles amies partirent patte dessus bras dessous, abandonnant derrière eux des parents au bord de la crise de nerf !
Petite explication : L'histoire du fromage et du rapé sont véridiques, son père et moi sommes passés sous les fourches caudines de la générosité de notre héritier (qui a bel et bien été vérifier le réfrigérateur et dont les legos se révélaient mortels pour les pieds nus), en revanche nous avons refusé tous les deux l'idée de tendre un piège au pauvre petit animal, fallait pas pousser quand même !
"Non, mais quelle idée ! Quelle idée ! Tu n'aurais pas pu avoir une autre idée non ?" chuchote la mère à l'oreille de son compagnon.
Tous les deux, à quatre pattes, sur la moquette cherchent un chemin pas trop miné au milieu des legos qui n'attendent qu'une seconde d'inattention pour leur entamer sévèrement les genoux, des morceaux de pâte à modeler prêts à leur engluer les mains, des livres dont les pages n'espèrent qu'une occasion pour les faire déraper.
La mère pense, une fois de plus "Penser à lui faire ranger sa chambre, penser à lui faire ranger sa chambre, penser…" Bizarrement les parents se disent qu'en répétant les choses plusieurs fois ils finiront par entrer en communication télépathique avec leur progéniture et à les influencer favorablement.
Laissons-les rêver et intéressons-nous de plus près au raison de leur reptation nocturne au milieu de la chambre de leur bâton de vieillesse, enfin s'ils arrivent à survivre à cette mission à haut risque.
"Tu ne pouvais pas te contenter d'une peluche ?" reprend-elle furibonde.
"Impossible !" marmonne le père.
"Et pourquoi donc ?"
"Nous avons mis la barre trop haut."
"Et tu vas trouver quoi après, parce que là ce n'est quand même que la troisième, je ne vois vraiment pas ce que tu vas pouvoir trouver de mieux après l'exploit de cette nuit !"
"Je sais, je sais, il serait peut-être préférable de lui dire la vérité."
"C'est moche ton idée, tu devrais avoir honte ! Tu as voulu faire mieux que tout le monde, maintenant assume !"
"Mais où peut-elle être passée ?"
"Il me semble l'avoir vu se faufiler du côté des peluches."
Nouvelle reptation digne des commandos en direction du coin peluche.
Je sens que vous vous interrogez sur ce qui a amené cette mère et ce père habituellement sains (enfin avant la naissance de leur fils) d'esprit ou à peu près à se changer en rats d'hôtel au milieu de la nuit ?
C'est la petite souris.
La petite souris ?
Oui, la petite souris, c'est sûr qu'ils auraient été anglo-saxons, la fée des dents leur aurait posé moins de problèmes.
Donc, lorsque la première quenotte de leur bambin chut, telle la bobinette du conte, les parents se lancèrent dans la grande histoire de la petite souris qui venait déposer un cadeau sour l'oreiller en échange de la dent.
Bien sûr, il leur fallut passer par tous les pourquoi et comment (pourquoi elle prend les dents, où elle trouve les cadeaux, qu'est-ce qu'elle fait des dents, comme elle transporte les dents…). Ses parents ayant passé l'épreuve avec les honneurs et une grande fatigue intellectuelle, le petit monstre, pardon l'adorable loupiot, accepta que cette drôle de bestiole vienne lui rendre visite, mais dans la mesure où elle était prête à lui faire un cadeau, il décida de lui en faire un également, à savoir un beau morceau de fromage sur sa table de nuit.
Les parents obtempérèrent, et nuitamment, échangèrent dent contre cadeau et dégustèrent à minuit un beau morceau de camembert, connaissant leur graine de scientifique ils ne doutaient pas un instant qu'il irait vérifier le lendemain matin l'état du fromage dans le réfrigérateur, mieux valait donc faire disparaître l'objet du délit.
Lorsque la deuxième dent de lait trépassa et fut prête à rejoindre la première dans le palais de la petite souris (ou dans son trou, ce point n'ayant pas été bien élucidé), les parents évitèrent le camembert pas terrible pour l'haleine au milieu de la nuit et proposèrent un morceau de gruyère plus classique (même pour une souris normande du fromage reste du fromage, si, si), après réflexion la proposition fut acceptée par le récipiendaire mais à condition que le fromage soit rapé. Ainsi fut-il fait et les parents picorèrent le rapé allongés dans la chambre du moutard, il ne fallait surtout pas laisser de traces susceptibles d'être suivies en semant du fromage jusqu'à leur chambre.
La mère secoua la tête pour oublier ces péripéties et se concentrer sur l'instant présent.
Elle chuchota à son homme " je te préviens, attention à ce que tu diras cette année pour Pâques, ses cloches et ses lapins !"
Penaud le papa trop imaginatif repris son parcours du combattant en direction de la montagne de peluches, une petite cage à la main.
"Non mais franchement, pourquoi as-tu accepté de tendre un piège à la petite souris ?"
"Il me l'a demandé si gentiment !"
"Peut-être, mais moi j'avais dit non, maintenant débrouille-toi et retrouve cette bestiole avant qu'elle ne grignote tout dans la maison !"
Cachée entre les pattes d'un chat en peluche, une souris blanche fraichement achetée à l'animalerie épiait avec beaucoup d'intérêt et un brin de malice, les deux grands dépendeurs d'andouilles qui la cherchaient.
"Pssitt, viens par ici !"
La souris se retourna et se trouva museau à nez avec une charmante petite fée à la robe brodée de dents.
"J'ai besoin d'un coup de patte dans mon boulot, ça t'intéresse ?"
"Grave !" répliqua la souris qui était chébran et les deux nouvelles amies partirent patte dessus bras dessous, abandonnant derrière eux des parents au bord de la crise de nerf !
Petite explication : L'histoire du fromage et du rapé sont véridiques, son père et moi sommes passés sous les fourches caudines de la générosité de notre héritier (qui a bel et bien été vérifier le réfrigérateur et dont les legos se révélaient mortels pour les pieds nus), en revanche nous avons refusé tous les deux l'idée de tendre un piège au pauvre petit animal, fallait pas pousser quand même !
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Bien vu
C'est rigolo, j'aime beaucoup cette mise en scène.
Super bonne idée, génial !!!
A+
Super bonne idée, génial !!!
A+
Agathe- Prend ses marques
- Humeur : Bonne
Re: A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
Du vécu à l'imaginaire, tu nous régales de fromage, en fromage et de lego en conte de fées !u
J'adore !
J'adore !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
une jolie revisite , la petite souris version 2.0 ^^
ta plume est décidément trempée dans l'humour, ces temps-ci, ça lui va très bien
ta plume est décidément trempée dans l'humour, ces temps-ci, ça lui va très bien
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
Merci à vous trois. Je n'ai eu qu'à me replonger dans les aventures de mon fils avec ses dents de lait ! Il y a aussi eu celle perdue dans la cour de récré et la question existentielle, la petite souris passera-t-elle quand même si la dent n'est pas sous l'oreiller ??? Curieusement mon scientifique de fils a cru plus longtemps à la petite souris et aux cloches de Pâques qu'au Père Noël
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
Excellent texte ! C'est drôle, plein d'humour et de fantaisie, avec une fin inattendue, digne d'un conte de fée ou d'un album pour enfant.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
C'est ...savoureux !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A - Quand le mieux est l'ennemi du bien
Merci !
Escandélia tu reprendras bien un petit morceau de Livarot ou de Munster !!!
Escandélia tu reprendras bien un petit morceau de Livarot ou de Munster !!!
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
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