A. La montagne
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Pati
Amanda.
Cassy
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A. La montagne
Difficile de faire un marathon sans parler de montagne. Ici c’est magnifique, j’aimerais que vous puissiez voir comme c’est beau. Quand je suis arrivée ici il y a presque dix ans, étant agoraphobe, j’ai eu peur de me sentir oppressée par toutes ces montagnes qui entourent Pau. J’avais l’habitude de venir en vacances du côté de St Lary, l’amie de ma belle-mère y possédant une grange retapée, elle nous la prêtait régulièrement. C’est d’ailleurs là que j’ai appris à aimer la montagne.
Bref, entre passer des vacances en montagne et vivre toute l’année entourée de montagnes, il y a une grande différence.
Mais finalement non, je ne me suis jamais sentie oppressée. D’abord parce que la montagne ne se montre pas toujours imposante. Elle se fait parfois discrète. Parfois même elle se rend invisible.
Quand le mauvais temps est là, quand il pleut, elle disparait derrière les nuages. Quand il fait beau ici mais pas en montagne, elle se fait discrète. Mais je la préfère quand elle paraît si proche qu’on a l’impression de pouvoir la toucher en allongeant le bras. Avec son magnifique Pic d’Ossau en plein milieu, aux contours si clairement dessinés qu’on pourrait presque apercevoir les alpinistes sur son sommet.
L’hiver, quand la neige est abondante, elle nous offre ses plus beaux tableaux. J’ai vraiment beaucoup de chance de vivre dans un tel endroit.
La rando me manque, on est pas partis en montagne depuis mi octobre. Mon homme est encore en convalescence. Il a eu la bonne idée de tomber du toit fin octobre. J’ai eu la mauvaise idée de ne pas retenir l’échelle sur laquelle il était monté pour nettoyer le toit. L’échelle a glissé, l’homme s’est retenu à la gouttière dont les crochets on lacéré sa main. Rien de dramatique en soi. Beaucoup plus de peur que de mal.
Mais le mauvais sort s’est acharné sur lui. Opéré pour réparer les tendons, il a développé une algodystrophie et n’a toujours pas retrouvé la mobilité de sa main (heureusement gauche) après trois mois.
Du coup, pas de montagne jusqu’à présent, et donc pas de raquettes, alors que la neige est abondante en ce moment. Ca nous manque grave. C’est notre soupape de sécurité la montagne.
La montagne, quand on vit à côté on réalise à quel point elle nous domine. Chaque week-end en hiver, et parfois en semaine, à chaque vacances aussi, je vois partir et rentrer l’hélicoptère. Le bleu de la gendarmerie, le rouge et jaune de l’hôpital. Ils passent au dessus de ma maison. Quand c’est un peu à gauche de la maison, ils vont vers les Hautes Pyrénées, quand c’est à droite, c’est dans la vallée d’Ossau ou d’Asp. J’ai à chaque fois un pincement au cœur, je sais qu’un drame s’est joué en montagne. Le lendemain, j’apprends par le journal qu’un accident a eu lieu.
Vous n’avez pas idée du nombre d’accidents qu’il peut y avoir en montagne. On parle souvent à la télé des avalanches meurtrières en hiver mais la montagne, c’est toute l’année qu’elle est dangereuse, et c’est toute l’année qu’elle fait des victimes.
Dimanche dernier, une avalanche sur la commune de Laruns, une femme est décédée, son mari blessé. Elle, c’était la prof de sport de mon fils quand il était au lycée. Autant dire une sportive, habituée, tout comme son mari, à la randonnée. Peut-être trop habituée, au point de prendre des risques inutiles. C’est très cher payer.
On ne le répète jamais assez, on ne part jamais seul en montagne (au moins dix morts cet été, des personnes seules qui ont glissé et ont été retrouvés quelques heures, voir quelques jours après) On ne prend pas de risques, on rebrousse chemin s’il le faut (et dieu sait si c’est dur d’abandonner tout près du but, c’est extrêmement frustrant, surtout quand on s’est tapé plusieurs heures de montée dans des conditions difficiles et que le lac qu’on voulait voir est juste derrière la barre rocheuse.
Mais au regard d’une vie, c’est un sacrifice bien minuscule.
Zut c’est l’heure, je conclue :
La montagne est belle mais dangereuse, il faut rester humble devant elle. Il faut aussi la respecter, et l’apprivoiser. Loin des pistes de skis si possible, c’est là qu’elle est la plus authentique.
Bref, entre passer des vacances en montagne et vivre toute l’année entourée de montagnes, il y a une grande différence.
Mais finalement non, je ne me suis jamais sentie oppressée. D’abord parce que la montagne ne se montre pas toujours imposante. Elle se fait parfois discrète. Parfois même elle se rend invisible.
Quand le mauvais temps est là, quand il pleut, elle disparait derrière les nuages. Quand il fait beau ici mais pas en montagne, elle se fait discrète. Mais je la préfère quand elle paraît si proche qu’on a l’impression de pouvoir la toucher en allongeant le bras. Avec son magnifique Pic d’Ossau en plein milieu, aux contours si clairement dessinés qu’on pourrait presque apercevoir les alpinistes sur son sommet.
L’hiver, quand la neige est abondante, elle nous offre ses plus beaux tableaux. J’ai vraiment beaucoup de chance de vivre dans un tel endroit.
La rando me manque, on est pas partis en montagne depuis mi octobre. Mon homme est encore en convalescence. Il a eu la bonne idée de tomber du toit fin octobre. J’ai eu la mauvaise idée de ne pas retenir l’échelle sur laquelle il était monté pour nettoyer le toit. L’échelle a glissé, l’homme s’est retenu à la gouttière dont les crochets on lacéré sa main. Rien de dramatique en soi. Beaucoup plus de peur que de mal.
Mais le mauvais sort s’est acharné sur lui. Opéré pour réparer les tendons, il a développé une algodystrophie et n’a toujours pas retrouvé la mobilité de sa main (heureusement gauche) après trois mois.
Du coup, pas de montagne jusqu’à présent, et donc pas de raquettes, alors que la neige est abondante en ce moment. Ca nous manque grave. C’est notre soupape de sécurité la montagne.
La montagne, quand on vit à côté on réalise à quel point elle nous domine. Chaque week-end en hiver, et parfois en semaine, à chaque vacances aussi, je vois partir et rentrer l’hélicoptère. Le bleu de la gendarmerie, le rouge et jaune de l’hôpital. Ils passent au dessus de ma maison. Quand c’est un peu à gauche de la maison, ils vont vers les Hautes Pyrénées, quand c’est à droite, c’est dans la vallée d’Ossau ou d’Asp. J’ai à chaque fois un pincement au cœur, je sais qu’un drame s’est joué en montagne. Le lendemain, j’apprends par le journal qu’un accident a eu lieu.
Vous n’avez pas idée du nombre d’accidents qu’il peut y avoir en montagne. On parle souvent à la télé des avalanches meurtrières en hiver mais la montagne, c’est toute l’année qu’elle est dangereuse, et c’est toute l’année qu’elle fait des victimes.
Dimanche dernier, une avalanche sur la commune de Laruns, une femme est décédée, son mari blessé. Elle, c’était la prof de sport de mon fils quand il était au lycée. Autant dire une sportive, habituée, tout comme son mari, à la randonnée. Peut-être trop habituée, au point de prendre des risques inutiles. C’est très cher payer.
On ne le répète jamais assez, on ne part jamais seul en montagne (au moins dix morts cet été, des personnes seules qui ont glissé et ont été retrouvés quelques heures, voir quelques jours après) On ne prend pas de risques, on rebrousse chemin s’il le faut (et dieu sait si c’est dur d’abandonner tout près du but, c’est extrêmement frustrant, surtout quand on s’est tapé plusieurs heures de montée dans des conditions difficiles et que le lac qu’on voulait voir est juste derrière la barre rocheuse.
Mais au regard d’une vie, c’est un sacrifice bien minuscule.
Zut c’est l’heure, je conclue :
La montagne est belle mais dangereuse, il faut rester humble devant elle. Il faut aussi la respecter, et l’apprivoiser. Loin des pistes de skis si possible, c’est là qu’elle est la plus authentique.
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Deux marathons dans la semaine, un premier de 13 heures en ouverture le premier jour et un dernier de 7 heures le dernier jour. Comme chaque année, le marathon tient ses promesses. Il me permet d'écrire tout et n'importe quoi, je m'y sens tout à fait libre et c'est justement ce que j'aime. Je commence sans jamais savoir où ma plume va me mener, avec souvent juste un ou deux sujets que je veux aborder. Ensuite, je ne m'interdis aucun sujet. De fait, je passe du texte très sérieux au lâchage total. Et ce que je préfère, c'est que je peux aborder des sujets graves aussi, et que les textes seront effacés quelques temps après. Cela permet un lâcher prise qui n'est possible que sur le marathon.
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. La montagne
Championne du marathon !
Mais comment tu fais ?
Mais comment tu fais ?
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A. La montagne
je ne suis pas étonnée par ton choix de texte. la montagne est ancrée en toi et j'imagine qu'aller randonner te manque beaucoup, et du coup, ton texte est resté très pudique, tu as d'ailleurs abordé le sujet de la prudence et de la sécurité pour, il me semble en tout cas, la première fois (pour les textes que j'ai pu lire, du moins)
21h pour toi, 22 pour moi... quasi une journée d'écriture, au final. on s'est bien éclatées, j'ai l'impression ^^
21h pour toi, 22 pour moi... quasi une journée d'écriture, au final. on s'est bien éclatées, j'ai l'impression ^^
Pati- Kaléïd'habitué
- Humeur : mouvante
Re: A. La montagne
La montagne, aller fouler son sol et gravir ses pentes. Oui je sais à quel point cela peut manquer, mais tu es à ses pieds, tu peux la voir et l'admirer, il te reste encore ça, et puis les beaux jours reviendront, ne dit on pas que patience et longueur de temps.... n'est ce pas ?
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. La montagne
Tu vois ça valait le coup ! Ici il fait un froid glacial, je ne sais pas sur quelle planète je suis !
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. La montagne
Tu décris bien la fascination que la montagne peut exercer, et qui la rend dangereuse...comme la mer! Ta photo est vraiment superbe, on comprend très bien ton "addiction" .
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. La montagne
Je dois avouer que ta résistance m'a bluffée
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A. La montagne
La montagne fait partie de toi et tu en parles avec un tel talent que c'est un plaisir, même si on préfère l'océan !
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
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