A. Une récolte d'amour
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Sherkane
plumentete
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A. Une récolte d'amour
]J’ai posé sur mon passé un regard étonné, moi qui me suis toujours ennuyée en écoutant les discours passéistes, moi qui me suis toujours vite lassée des histoires du bon vieux temps passé, même bien racontées, elles m’ennuyaient.
J’ai posé sur ce passé un regard étonné par cet engouement soudain pour la mélancolie ressentie, pour l’intérêt nouveau porté à mon enfance et ce qui s’y rattache.
J’ai posé sur ces vieux murs de pierres, mes mains ouvertes. J’ai caressé chaque pierre avec attention, comme un visage qu’on redécouvre et j’ai aimé ce visage.
J’ai posé sur les vieux mûriers un regard attendri, les deux qui se tiennent compagnie et le plus grand, solitaire qui les regarde d’en haut de la butte. J’ai regardé leurs branches s’élancer vers le ciel, j’ai regardé leurs écorces épaisses et j’ai vu défiler mon enfance…
J’ai posé sur tout cet espace, mes yeux d’adulte, il était immense quand j’étais petite, j’étais perdue au milieu de ces champs, ces arbres. Le vent d’été faisait onduler les blés, je pensais que la mer et ses vagues ressemblaient à mes champs de blé et d’orge. Je n’avais encore jamais vue la mer, j’étais bien seule au milieu de toute cette beauté que je ressentais obscurément.
J’ai posé sur ce vieux tissu blanc flottant sur l’étendage, mon nez, mes joues. J’ai senti la chaleur du soleil sur le coton usé, sa douceur et tout en respirant à plein poumons serrés, l’odeur de l’herbe sèche, j’ai pétri ce linge comme le doudou que je n’avais pas alors.
J’ai posé sur les violettes naissantes, sur le lilas à peine éclos, sur les buis en fleurs, l’objectif de la photo. Je suis revenue le poser encore dans les foins coupés, dans les iris égarés au milieu des herbes folles et mon nez m’a emporté loin dans le labyrinthe des émotions envahies.
J’ai posé les yeux sur ce qui m’entourait ce jour-là, les buis détruits par les pyrales, les fils qu’elles avaient tissés comme une toile d’araignée. J’ai compris qu’il était temps de partir avant que le passé ne devienne un piège se refermant inexorablement.
J’ai posé sur le pas de ta porte mes désirs tremblants, mes peurs inconscientes, mes envies d’avenir. Tu m’as écouté, tu m’as parlé, tu m’as rassuré, tu m’as fait découvrir ton présent, il se déroulait sur les lieux de ton passé, tu m’as parlé du futur que tu aimerais partager avec moi, ici et dès maintenant. Et tu m’as demandé où étaient mes souvenirs, où était né mon père, où avait grandi ma mère, ce que je savais de mes grands-parents, où était cachée mon âme d’enfant. En quelques rencontres, tu m’as demandé d’ouvrir pour toi, le livre de mes origines, alors je me suis mise à faire des photos pour mieux me connaitre.
J’ai posé sur le temps écoulé tout mon amour passé, sur le temps présent tout mon amour du moment, sur le temps à venir tout mon amour du futur.
J’ai posé sur mes racines un fil rouge, il me menait à toi, ici et maintenant.
J’ai posé sur mes interrogations une certitude : nos racines se croisent et se répondent. Alors j’ai posé sur le lit ouvert ma robe défaite et j’ai aimé ton corps posé sur le mien
J’ai posé sur ce passé un regard étonné par cet engouement soudain pour la mélancolie ressentie, pour l’intérêt nouveau porté à mon enfance et ce qui s’y rattache.
J’ai posé sur ces vieux murs de pierres, mes mains ouvertes. J’ai caressé chaque pierre avec attention, comme un visage qu’on redécouvre et j’ai aimé ce visage.
J’ai posé sur les vieux mûriers un regard attendri, les deux qui se tiennent compagnie et le plus grand, solitaire qui les regarde d’en haut de la butte. J’ai regardé leurs branches s’élancer vers le ciel, j’ai regardé leurs écorces épaisses et j’ai vu défiler mon enfance…
J’ai posé sur tout cet espace, mes yeux d’adulte, il était immense quand j’étais petite, j’étais perdue au milieu de ces champs, ces arbres. Le vent d’été faisait onduler les blés, je pensais que la mer et ses vagues ressemblaient à mes champs de blé et d’orge. Je n’avais encore jamais vue la mer, j’étais bien seule au milieu de toute cette beauté que je ressentais obscurément.
J’ai posé sur ce vieux tissu blanc flottant sur l’étendage, mon nez, mes joues. J’ai senti la chaleur du soleil sur le coton usé, sa douceur et tout en respirant à plein poumons serrés, l’odeur de l’herbe sèche, j’ai pétri ce linge comme le doudou que je n’avais pas alors.
J’ai posé sur les violettes naissantes, sur le lilas à peine éclos, sur les buis en fleurs, l’objectif de la photo. Je suis revenue le poser encore dans les foins coupés, dans les iris égarés au milieu des herbes folles et mon nez m’a emporté loin dans le labyrinthe des émotions envahies.
J’ai posé les yeux sur ce qui m’entourait ce jour-là, les buis détruits par les pyrales, les fils qu’elles avaient tissés comme une toile d’araignée. J’ai compris qu’il était temps de partir avant que le passé ne devienne un piège se refermant inexorablement.
J’ai posé sur le pas de ta porte mes désirs tremblants, mes peurs inconscientes, mes envies d’avenir. Tu m’as écouté, tu m’as parlé, tu m’as rassuré, tu m’as fait découvrir ton présent, il se déroulait sur les lieux de ton passé, tu m’as parlé du futur que tu aimerais partager avec moi, ici et dès maintenant. Et tu m’as demandé où étaient mes souvenirs, où était né mon père, où avait grandi ma mère, ce que je savais de mes grands-parents, où était cachée mon âme d’enfant. En quelques rencontres, tu m’as demandé d’ouvrir pour toi, le livre de mes origines, alors je me suis mise à faire des photos pour mieux me connaitre.
J’ai posé sur le temps écoulé tout mon amour passé, sur le temps présent tout mon amour du moment, sur le temps à venir tout mon amour du futur.
J’ai posé sur mes racines un fil rouge, il me menait à toi, ici et maintenant.
J’ai posé sur mes interrogations une certitude : nos racines se croisent et se répondent. Alors j’ai posé sur le lit ouvert ma robe défaite et j’ai aimé ton corps posé sur le mien
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
Re: A. Une récolte d'amour
Quel beau texte Plume. On y retrouve ton chemin de vie
Qu'on le veuille ou non le passé est partie intégrante de chacun d'entre nous mais il y a le présent et l'avenir....
Qu'on le veuille ou non le passé est partie intégrante de chacun d'entre nous mais il y a le présent et l'avenir....
Sherkane- Kaléïd'habitué
- Humeur : ....
Re: A. Une récolte d'amour
C'est très beau Plume, beau et émouvant. J'ai en tête les photos que tu as postées sur FB et représentant la maison de ton enfance, j'ai eu l'impression de mettre mes pas dans les tiens et de connaître par coeur ton ressenti.
Et cette derniere phrase. Comment dire? Elle est plus que magnifique
Et cette derniere phrase. Comment dire? Elle est plus que magnifique
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Une récolte d'amour
Un texte qui me parle inévitablement ! et quel texte !
On est fait de son passé, c'est lui qui nous guide vers le futur. Le tien est plein d'avenir, et plein d'amour, et tu le mérites bien.
Ah, une phrase que j'ai relevé et particulièrement aimé :
On est fait de son passé, c'est lui qui nous guide vers le futur. Le tien est plein d'avenir, et plein d'amour, et tu le mérites bien.
Ah, une phrase que j'ai relevé et particulièrement aimé :
et celle là aussi :J’ai posé sur ce vieux tissu blanc flottant sur l’étendage, mon nez, mes joues. J’ai senti la chaleur du soleil sur le coton usé, sa douceur et tout en respirant à plein poumons serrés, l’odeur de l’herbe sèche, j’ai pétri ce linge comme le doudou que je n’avais pas alors.
Nos souvenirs sont odeurs, saveurs, couleurs et sensations.Je suis revenue le poser encore dans les foins coupés, dans les iris égarés au milieu des herbes folles et mon nez m’a emporté loin dans le labyrinthe des émotions envahies.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A. Une récolte d'amour
Un tout beau texte et j'ai particulièrement aimé:
"J’ai posé sur mes racines un fil rouge, il me menait à toi, ici et maintenant.
J’ai posé sur mes interrogations une certitude : nos racines se croisent et se répondent."
"J’ai posé sur mes racines un fil rouge, il me menait à toi, ici et maintenant.
J’ai posé sur mes interrogations une certitude : nos racines se croisent et se répondent."
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Une récolte d'amour
C'est un très beau texte dans lequel tu te mets à nu avec plaisir.
Le fil rouge amène une très jolie chute.
Le fil rouge amène une très jolie chute.
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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