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**Martine27** Jeu 2 Mar - 16:12

Je l'ai reconnue tout de suite, cette superbe jeune femme avec laquelle j'avais connu une aventure aussi torride que brève il y a, oh mon dieu, près de 60 ans maintenant ! Comment s'appelait-elle déjà ? Josie, oui c'est ça Josie ! Ah Josie !

Je l'ai reconnu tout de suite, cet homme qui ressemblait à Cary Grant. Bon sang, comme je m'étais emballée pour lui. Comment s'appelait-il déjà Marc ? Un nom comme ça, mais bon de l'eau a coulé sous les ponts depuis... depuis bien 60 ans il me semble.

Je n'avais pas vu que nous avions été photographié, bon il faut dire que nous étions drôlement occupés et je devais tenir ma femme à l'oeil pour ne pas être repéré.

Ah le photographe, le coquin qui nous avait pris en photo. Marc était tellement concentré par ce baiser d'enfer, et puis aussi à s'inquiéter que sa femme ne sorte pas trop tôt du magasin, qu'il ne l'avait pas vu. Lorsqu'il m'a quitté pour retourner à son petit bonheur bourgeois, j'ai été prendre un verre avec Bob, enfin Robert. Sympa en diable ce petit gars. J'en aurais bien fait mon quatre heures, mais à ce moment là j'étais chipée par Marc.

Ah Josie, si seulement j'avais été moins, enfin plus ! Moins peureux, plus aventureux. Si j'avais osé quitté ma femme pour elle. Bon ceci dit, elle ne me l'avait pas demandé non plus.

J'aurais pu lui demander de quitter sa bourgeoise pour moi, mais franchement je préférais être l'oiseau sur la branche prêt à s'envoler pour un nouveau voyage. Et à l'époque pas question de me ranger.

Enfin, bon ! Madeleine a été une bonne épouse et elle m'a donné deux beaux enfants. Mon dieu, que c'est lamentable « bonne épouse » « beaux enfants », les belles années 50 tu parles ! Ma Josie n'a pas traîné longtemps avec moi, du jour au lendemain elle s'était envolée vers de nouvelles aventures. Josie, le grand regret de ma vie !

Pauvre Marc, je me demande comment il a réagi lorsqu'il s'est aperçu que j'avais décanillé ! En fait, il me fatiguait avec sa vie bien rangée, sa petite femme qu'il ne fallait pas bousculer, ses merveilleux enfants, et bla et bla. Il m'ennuyait le pauvre ! Bien m'en a pris d'ailleurs, j'ai rencontré l'homme de ma vie peu après. Il m'a offert 40 merveilleuses années et pas de gosse pour nous encombrer.

Je la regrette encore ma Josie. Mais depuis que je suis arrivé à la maison de retraite « Roses de Picardie » j'ai rencontré une sacrée bonne femme, Josette qu'elle s'appelle, elle ne m'a pas encore raconté toute sa vie, mais elle en a osé des choses, la bougresse, j'en suis tout admiratif !

Allez, il n'était pas si mal ce Marc, un peu naïf sur les bords, mais c'était sympathique. Après le décès de mon cher époux, j'ai bien bourlingué encore un peu et puis voilà j'ai atterri dans cette maison de retraite « Roses de Picardie » tu parles d'un nom, un nom de vieille chanson. Mais bon, j'y ai rencontré Marcel, un bon bougre pas bien audacieux, l'idéal pour finir tranquillement ma vie.

Le vieux monsieur détourne le regard du graph qui s'affiche sur le mur avec un léger soupir. Ses yeux accrochent ceux de la vieille dame qui se pend à son bras. Et là brusquement comme une révélation.

Josette ! Josie ?

Marcel ! Marc ?

https://www.youtube.com/watch?v=33ymFP6Bzc0

**Escandélia** Jeu 2 Mar - 21:20

je m'embrouille avec cette histoire, Josie et Marc, c'est les deux vieux ? ou c'est les silhouettes en carton ? Bref, ça n'a pas d'importance. Ton texte est original et bien tourné. Il se lit bien aussi. Bel exercice.

**Myrte** Ven 3 Mar - 6:20

C'est vrai, comme le dit Escandelia, qu'on se perd un peu dans tous ces amoureux...

C'est qu'elle a eu une vie tumultueuse cette Josie !

Mais peut-être est-ce volontaire ? Car c'est bien connu, avec l'âge on se mélange les pinceaux avec les souvenirs !

**Martine27** Ven 3 Mar - 11:16

Dans ma petite tête, Josette et Marcel se retrouvent devant les portraits de Josie et Marc qui sont eux-mêmes jeunes, bref ils se retrouvent 60 ans après. Et Josie était une femme très libérée pour son époque !

**catsoniou** Ven 3 Mar - 18:14

Ce sujet me fait penser à :

"On ne peut être et avoir été" . J'aime assez l'analyse qui en est faite sur un site du WEB :

Le temps est ainsi fait qu’il passe, et nous avec lui : notre passé est mort et nous ne sommes plus celui que nous étions alors . Nous mourons à ce que nous étions à mesure que nous vivons ce que nous sommes.. C’est cette présence de la mort dans la vie qui fait que » l’on ne peut pas être et avoir été « .. Nous allons mourir un jour mais nous mourrons aussi un peu tous les jours, nous mourons à l’être que nous avons été, il y’a un an ,un mois,deux jours..

Ou passe tout ce temps qui passe ? L’être que nous étions à six, douze, vingt ans ans a t-il irrémédiablement disparu ? L’être que je suis aujourd’hui n’est-il pas au contraire l’unité de celui que j’étais et de celui que je suis ? Même si mon passé est loin, moi je reste. Je ne meurs pas avec lui, je l’intègre à mon présent …

**Escandélia** Ven 3 Mar - 18:29

vaste débat que tout cela, baste !

**Nerwen** Sam 4 Mar - 16:05

Comme quoi rien n'est perdu et les amoureux d'antan retrouvent une deuxième jeunesse dans la maison de retraite au nom évocateur. Prosterne

**virgul** Dim 5 Mar - 15:13

Un long parcours que l'on suit au fil des monologues et qui aboutissent à des retrouvailles. Le temps a-t-il pu conserver leur enthousiasme ? De beaux restes, en tous les cas suffisants pour à nouveau les rapprocher.

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