A. Gaspard et Eglantine

15h30 : la sonnerie de fin de cours retentit.
Comme chaque vendredi, les élèves se précipitent vers la sortie dans un joyeux tohu-bohu, comme si le weekend allait s’envoler !
Gaspard en profite pour se glisser près d’Eglantine.
Ils ont 17 ans tous les deux et lui est amoureux fou de cette belle plante aux jolies formes rondes, à la bouche pulpeuse et aux grands yeux innocents.
Et elle ?
Eglantine ne sait pas trop.
Gaspard n’a rien d’un surdoué. S’il continue sur sa lancée, s’il continue à ne pas travailler, il finira meccano comme son père.
Elle accepte cependant la tablette de chocolat aux noisettes que lui tend son amoureux.
Elle la croque avec gourmandise, elle la suce, elle la savoure.
Et Gaspard n’en peut plus ! Subjugué, envoûté !
 
Il lui propose un rendez-vous sur le quai des Artisans ce soir même, au clair de lune.
Gaspard n’est pas du genre romantique, au contraire, mais cette fille-là, il la veut n’importe où, n’importe quand.
Eglantine ne promet rien.
Elle sait pertinemment bien que ses parents psychorigides ne la laisseront pas sortir ce soir.
Sauf si…
Trouver un moyen de filer à l’anglaise…
Cocteau, qu’elle admire tant, disait «  Rien d’audacieux n’existe sans la désobéissance à des règles »
 
Mais en a-t-elle seulement envie de ce Gaspard au teint blafard ?
Même pas beau ! Attirant, oui, gentil aussi, et tendre avec elle.
Et ce chocolat si délicieux qu’il lui apporte !
 
Braver les interdits, ça, c’est vraiment ce qui la tente, Eglantine, la sage, la soumise, la bonne élève !
Le reste…
Après souper, les parents devant la télé, Eglantine monte se coucher.
Elle a bien demandé la permission d’une sortie cinéma avec une amie, mais comme toujours s’est heurtée à un refus catégorique.
 
Trop jeune ! A ton âge, n’y pense même pas !
 
Eglantine sent l’adrénaline pousser.
C’est décidé, elle ne va pas, ne va plus se laisser traiter comme une gamine.
Elle ouvre le vasistas des toilettes et en montant sur l’évier, réussit à se glisser dehors et saute
Elle se retrouve à la rue, pieds nus, en pyjama en plus !
Belle tenue pour un rendez-vous galant !
Mais Eglantine s’en moque bien, elle court à toutes jambes rejoindre le quai où l’attend Gaspard.
 
Gaspard ?
Pas de Gaspard en vue, ni sur le quai, ni sur le banc où s’écroule en sanglotant la belle Eglantine.
Il lui a posé un lapin, il n’a pas cru en elle, ou alors il n’a pas eu la patience d’attendre ?
 
La lune est là pourtant…
 
Cruelle déception, Eglantine s’en mord les doigts.
Et puis, éclate de rire !
 
Et de un, la tête de ses parents quand ils vont découvrir qu’elle est bel et bien sortie ! Leur peur, leur angoisse, bien fait !
 
Et de deux, pour finir, quel soulagement !
Elle en tremble rétrospectivement, Eglantine.
Non, vraiment, elle n’en a pas envie des mains de Gaspard sur son corps, de sa bouche sur la sienne et de tout le reste qu’elle n’imagine même pas.
 
Dommage, pour le chocolat…

Ben voilà, elle n'a plus qu'à se trouver un autre fournisseur, cette pauvre Eglantine !

La ténacité n'est pas la qualité maîtresse du Gaspard.
A moins que le spectacle de l'Eglantine suçant le chocolat suffise à apaiser sa soif  ?

Ou alors, ou alors ? N'a-t-il pas considéré que la fleur d'églantine, en cette fin d'hiver, ne soit pas encore parvenue à la floraison,
et l'églantine en fleur, c'est un peu ça (un de nos rosiers en 2016)

Joli ! Merci

Gaspard à mon avis, n'est pas si bête qu'il n'y paraît, apercevant sa belle en pyjama, il la trouve un peu trop 'dégourdie" et la juge source d'ennuis à venir, alors il préfère s'abstenir et se console avec le chocolat . Audacieuse, soit, mais surtout rebelle, la belle gourmande...

Au final cela pourrait s'appeler : les faux audacieux !
Car transgresser les interdits parentaux… est-ce vraiment audacieux ?

Z'auraient mieux fait d'aller boire un coup !


... Plutôt que d'envisager dans… tirer un !…

Eglantine bien plus attirée par la transgression et la désobéissance que par un pâle Gaspard, relégué au rang de simple mobile. Je la trouve très sympathique et prometteuse, et lui devine un avenir riche et sans ennui. Pareil pour son futur compagnon.