A. Ouvrir le placard
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A. Ouvrir le placard
Est-ce de l’audace ? Pourtant il en faut encore du courage, même à notre époque, « pour sortir du placard ». Et d’abord, pour en sortir de ce placard, il faut oser y entrer. Gérer ce tohu-bohu interne, s’effrayer de cette différence, tenter de l’apprivoiser, désobéir à la « normalité », gravir ce chemin pavé de doutes, d’interrogations, de culpabilités, de solitude blafarde, pour enfin admettre, et plus tard, petit à petit, péniblement s’admettre.
Se dire pour soi, j’en suis, mais toujours craindre les regards et les réactions des autres.
Vibrer, et se reconnaître, lorsque Meccano vous transporte au son de « La Luna », savoir qu’il y en a d’autres, pareils et solidaires et qui osent le proclamer.
D’aventures, en expériences, et même d’essais ratés avec l’autre sexe, pour être sûr, d’émois en rencontres, parfois belles mais souvent brèves et décevantes, avoir enfin la chance de trouver l’Autre. Celui qui compte, qui vous fait rêver, qui transporte vos clairs de lune en romance, qui rend à cet attrait mutuel son caractère impératif, son innocence et sa beauté. Parce que c’est lui.
L’Autre qui imprime cette force, cette évidence aussi, de vouloir partager.
Alors, oser ouvrir les portes du placard ? Ce placard où se tapissent toutes les peurs, les aversions, les préjugés et les dégoûts des autres ? Ces portes ouvertes aux déceptions, à la consternation, à la culpabilité des parents ?
Seul, avoir le courage d’annoncer qu’il est heureux et qu’il s’appelle Loucas.
Affronter la première réaction stupidement butée et impulsive de son père, vexé de constater que c’est chocolat pour la sacro- sainte solidarité virile. Comme le grand mâle gris qui se frappe le torse pour effrayer le destin !
Rassurer sa maman, débordante d’amour et d’acceptation, mais déchirée entre le bonheur de voir son fils heureux, le soulagement que le doute s’estompe, et la crainte de l’inconnu, des dangers et des difficultés qu’une telle relation implique.
Puis Loucas, qu’il nous tardait de rencontrer. Tremblant avant d’entrer, qui a dû haïr d’être attendu avec tant de curiosité, et qui comme un étudiant mal préparé, savait d’avance qu’il n’aurait pas toutes les réponses pour cet « examen » qui portait autant sur lui que sur la « situation » !
Depuis, la famille s’est agrandie d’un beau-fils et dix ans plus tard, Olivier et Loucas forment toujours un couple solide et rassurant.
J’ai bien sûr un regret : ma première réaction spontanée, d’un archaïsme imbécile, et dont la force nocive a gommé, à l’époque, mon réflexe de père. Elle n’a pas duré, heureusement. Mais depuis je me méfie. Car même lorsqu’on se prétend large d’esprit, certaines réminiscences ignorées et incontrôlées, peuvent imposer à d’autres une forte dose de témérité pour les affronter.
Se dire pour soi, j’en suis, mais toujours craindre les regards et les réactions des autres.
Vibrer, et se reconnaître, lorsque Meccano vous transporte au son de « La Luna », savoir qu’il y en a d’autres, pareils et solidaires et qui osent le proclamer.
D’aventures, en expériences, et même d’essais ratés avec l’autre sexe, pour être sûr, d’émois en rencontres, parfois belles mais souvent brèves et décevantes, avoir enfin la chance de trouver l’Autre. Celui qui compte, qui vous fait rêver, qui transporte vos clairs de lune en romance, qui rend à cet attrait mutuel son caractère impératif, son innocence et sa beauté. Parce que c’est lui.
L’Autre qui imprime cette force, cette évidence aussi, de vouloir partager.
Alors, oser ouvrir les portes du placard ? Ce placard où se tapissent toutes les peurs, les aversions, les préjugés et les dégoûts des autres ? Ces portes ouvertes aux déceptions, à la consternation, à la culpabilité des parents ?
Seul, avoir le courage d’annoncer qu’il est heureux et qu’il s’appelle Loucas.
Affronter la première réaction stupidement butée et impulsive de son père, vexé de constater que c’est chocolat pour la sacro- sainte solidarité virile. Comme le grand mâle gris qui se frappe le torse pour effrayer le destin !
Rassurer sa maman, débordante d’amour et d’acceptation, mais déchirée entre le bonheur de voir son fils heureux, le soulagement que le doute s’estompe, et la crainte de l’inconnu, des dangers et des difficultés qu’une telle relation implique.
Puis Loucas, qu’il nous tardait de rencontrer. Tremblant avant d’entrer, qui a dû haïr d’être attendu avec tant de curiosité, et qui comme un étudiant mal préparé, savait d’avance qu’il n’aurait pas toutes les réponses pour cet « examen » qui portait autant sur lui que sur la « situation » !
Depuis, la famille s’est agrandie d’un beau-fils et dix ans plus tard, Olivier et Loucas forment toujours un couple solide et rassurant.
J’ai bien sûr un regret : ma première réaction spontanée, d’un archaïsme imbécile, et dont la force nocive a gommé, à l’époque, mon réflexe de père. Elle n’a pas duré, heureusement. Mais depuis je me méfie. Car même lorsqu’on se prétend large d’esprit, certaines réminiscences ignorées et incontrôlées, peuvent imposer à d’autres une forte dose de témérité pour les affronter.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Ouvrir le placard
Un sujet grave qui donne du poids à la consigne.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A. Ouvrir le placard
Tres émue par ton texte magnifique. Sî cette consigne devait exister, c'est bien pour que le lecteur puisse lire ce texte. Je t'en remercie
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A. Ouvrir le placard
C'est un texte très fort ! S'il est autobiographique il a d'autant plus de valeur.
Heureuse que la fin soit positive et de la leçon que l'on peut en tirer.
J'ajouterais un petit clin d'oeil : "A force de vouloir rentrer dans le moule, on en devient tarte !" (auteur inconnu)
Heureuse que la fin soit positive et de la leçon que l'on peut en tirer.
J'ajouterais un petit clin d'oeil : "A force de vouloir rentrer dans le moule, on en devient tarte !" (auteur inconnu)
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A. Ouvrir le placard
Très touché par vos commentaires. C'est un texte autobiographique en effet.
J'avais une petite dette vis à vis de mon fils et de son mari, un texte "purgatoire" en quelque sorte.
J'avais une petite dette vis à vis de mon fils et de son mari, un texte "purgatoire" en quelque sorte.
virgul- Kaléïd'habitué
- Humeur : optimiste
Re: A. Ouvrir le placard
Chapeau à toi d'avoir écrit ce texte fort !
Je te recommande chaudement de lire le dernier livre de Philippe Besson " Arrête avec tes mensonges !" qui traite de ce sujet difficile et douloureux. Il y raconte son premier amour "empêché" notamment par ses parents.
Tu me diras qu'il s'est bien rattrapé depuis, mais là n'est pas la question !
Je te recommande chaudement de lire le dernier livre de Philippe Besson " Arrête avec tes mensonges !" qui traite de ce sujet difficile et douloureux. Il y raconte son premier amour "empêché" notamment par ses parents.
Tu me diras qu'il s'est bien rattrapé depuis, mais là n'est pas la question !
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
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