Au cœur du roc

[plus qu'un jeu de retard...)

Tombé d’un arc-en-ciel, un spectre de couleurs
Avait tourbillonné jusqu’à l’éblouissement du blanc

Bloc de blanc, marbre figé dans sa splendeur
Plus lumineux que la lumière

Dans ce cœur minéral une vie s’ébauchait
S’essayant à des gestes, inventant la beauté
Cherchant le nombre d’or des corps
L’immobile quintessence du mouvement
Vie et sensualité dans une chair de pierre.

Ainsi dans cette écume métamorphique naquirent
La Vénus de Milo, le Discobole, Moïse
Apollon, Héraclès ou encore les trois grâces.
Et tous ils attendaient, verrouillés dans l’opaque
Le ciseau du sculpteur accouchant leurs fœtus.


Non loin de là, dormait un autre bloc
Un roc sombre et noirâtre, inapte à la lumière.
Le marbre se moquait de cette masse obtuse
Qui point ne connaitrait les joies de la statuaire

Les siècles s’écoulèrent et puis les millénaires
Jusqu’à ce que burin en main génie en tête
Phidias et Praxitèle, Michel-Ange, Cellini
Délivrent les captifs de leur surplus de pierre

Le sombre roc dormait, impassible et inerte
Ou plutôt méditait, comme le prouva la suite
Quand de son minerai et métal en fusion
Émergea, éclipsant les people du marbre,
Ce chef d’œuvre moderne : le Penseur de Rodin.