A- 1977
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catsoniou
Nerwen
Myrte
Escandélia
Cassy
9 participants
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A- 1977
Dans tes yeux je crois lire l’espoir. Rita, malgré ton voile, malgré tes chaînes, je sais que tu ne renonces pas. Je cherche ta bouche, ton sourire, je veux encore entendre ton rire. Rita, je vais leur dire qui tu étais pour que tu saches que je ne renonce pas.
Tu étais belle, tes longs cheveux détachés ondulant sur tes hanches, tes lèvres maquillées de rouge, tes yeux cernés de noir et ta jupe courte soulevée par notre vent du Sud. Et puis cette démarche si particulière, aussi gracieuse et légère qu’une note de musique qui envoutait les garçons comme les filles du lycée.
1977, tu étais libre, en France, nous nous ressemblions alors. Toi, moi, moi, toi, assises sur les marches de la cour de récré. Tu parlais de ton pays, tu dansais ton pays, tu chantais ton pays. L’Afghanistan, cette terre de montagnes que tu savais si bien décrire. La beauté de ses lacs profonds et d’un bleu presque parfait. Sa steppe qui me paraissait si hostile et qui te donnait le mal du pays.
Rita, ta main tatouée au henné se balançait au son de la musique. Nous frappions dans nos mains pour t’encourager. Alors tu te levais et tu tournais, chaloupais, ondulais, le regard tourné vers le ciel, les pieds touchant à peine terre. Danse, danse encore, laisse la musique vibrer au dessus de ton âme imprenable.
Tu rêvais de devenir médecin, l’avenir te souriait, tout comme il souriait à tes amies venues en France pour quelques mois de scolarité.
Et puis les talibans sont arrivés, ils ont pris ta liberté, ils on rayé tes connaissances, ils t’ont enfermée entre quatre murs. Ils ont détruit tes livres, brulé tes cahiers et le cauchemar a commencé.
Tes filles sont mariées de force, tes petites –filles ne savent ni lire ni écrire. Ton corps ne t’appartient plus depuis longtemps, tu étais quelqu’un, tu n’es plus personne. Ils t’ont niée, ils ont emprisonné tes rêves, et traité en esclave.
Il reste ce regard, raconte nous à travers lui qui tu étais, ce pour quoi tu vivais. Il faut qu’ils sachent qu’il fut un temps où les femmes de ton pays marchaient dans la rue les cheveux détachés, les jambes dénudées. Il fut un temps où la musique traversait les murs épais des maisons et filles et garçons s’enlaçaient dans la rue et dansaient sous la pleine lune.
Rita, ton regard me chuchote que tu n’as rien oublié, que ton âme est intacte et tes souvenirs plus vifs que jamais. Ils ne te prendront ni ta dignité, ni ta liberté de penser. En sommeil tu es, juste en sommeil, promets le moi !
Rita, prends soin de toi, prends soin d’elles, de toute celles qui sont de ta condition. Vous avez été moi, j’aurais pu être vous. Je suis femme avant tout, mère, et s’il le faut guerrière !
Tu étais belle, tes longs cheveux détachés ondulant sur tes hanches, tes lèvres maquillées de rouge, tes yeux cernés de noir et ta jupe courte soulevée par notre vent du Sud. Et puis cette démarche si particulière, aussi gracieuse et légère qu’une note de musique qui envoutait les garçons comme les filles du lycée.
1977, tu étais libre, en France, nous nous ressemblions alors. Toi, moi, moi, toi, assises sur les marches de la cour de récré. Tu parlais de ton pays, tu dansais ton pays, tu chantais ton pays. L’Afghanistan, cette terre de montagnes que tu savais si bien décrire. La beauté de ses lacs profonds et d’un bleu presque parfait. Sa steppe qui me paraissait si hostile et qui te donnait le mal du pays.
Rita, ta main tatouée au henné se balançait au son de la musique. Nous frappions dans nos mains pour t’encourager. Alors tu te levais et tu tournais, chaloupais, ondulais, le regard tourné vers le ciel, les pieds touchant à peine terre. Danse, danse encore, laisse la musique vibrer au dessus de ton âme imprenable.
Tu rêvais de devenir médecin, l’avenir te souriait, tout comme il souriait à tes amies venues en France pour quelques mois de scolarité.
Et puis les talibans sont arrivés, ils ont pris ta liberté, ils on rayé tes connaissances, ils t’ont enfermée entre quatre murs. Ils ont détruit tes livres, brulé tes cahiers et le cauchemar a commencé.
Tes filles sont mariées de force, tes petites –filles ne savent ni lire ni écrire. Ton corps ne t’appartient plus depuis longtemps, tu étais quelqu’un, tu n’es plus personne. Ils t’ont niée, ils ont emprisonné tes rêves, et traité en esclave.
Il reste ce regard, raconte nous à travers lui qui tu étais, ce pour quoi tu vivais. Il faut qu’ils sachent qu’il fut un temps où les femmes de ton pays marchaient dans la rue les cheveux détachés, les jambes dénudées. Il fut un temps où la musique traversait les murs épais des maisons et filles et garçons s’enlaçaient dans la rue et dansaient sous la pleine lune.
Rita, ton regard me chuchote que tu n’as rien oublié, que ton âme est intacte et tes souvenirs plus vifs que jamais. Ils ne te prendront ni ta dignité, ni ta liberté de penser. En sommeil tu es, juste en sommeil, promets le moi !
Rita, prends soin de toi, prends soin d’elles, de toute celles qui sont de ta condition. Vous avez été moi, j’aurais pu être vous. Je suis femme avant tout, mère, et s’il le faut guerrière !
Cassy- Admin
- Humeur : Déterminée
Re: A- 1977
Je ne peux pas commenter ton texte Cassy, j'irais trop loin dans la critique de ce type de société et de civilisation que je condamne et que je combats par ailleurs. Il reste que c'est un très beau texte très bien écrit et qui porte haut le droit des femmes.
Escandélia- Kaléïd'habitué
- Humeur : joyeuse
Re: A- 1977
Magnifique texte avec des mots parfaitement choisis qui raconte la triste et révoltante réalité de certaines femmes et qui me fait penser à la chanson de Pierre Perret "la femme grillagée"
https://www.youtube.com/watch?v=IIoyykqWtCU
https://www.youtube.com/watch?v=IIoyykqWtCU
Myrte- Kaléïd'habitué
- Humeur : Curieuse
Re: A- 1977
Une musique superbe où percent des accents de jazz qui t'a vraiment inspiré un très beau texte actuel.
Nerwen- Modératrice
- Humeur : Légère
Re: A- 1977
Ces lignes résument tout :
N'y a-t-il pas tant et tants de sujets qui devraient unir les femmes et les hommes de cette planète par delà les mers et les frontières ?
En tout cas, cette belle musique et les yeux de Rita ont généré un texte magnifique et un bel hommage à ces femmes afghanes ...
Pourquoi faut-il que l'absolutisme fasse ce retour en force, ceci au 21ème siècle ?Il reste ce regard, raconte nous à travers lui qui tu étais, ce pour quoi tu vivais. Il faut qu’ils sachent qu’il fut un temps où les femmes de ton pays marchaient dans la rue les cheveux détachés, les jambes dénudées. Il fut un temps où la musique traversait les murs épais des maisons et filles et garçons s’enlaçaient dans la rue et dansaient sous la pleine lune.
N'y a-t-il pas tant et tants de sujets qui devraient unir les femmes et les hommes de cette planète par delà les mers et les frontières ?
En tout cas, cette belle musique et les yeux de Rita ont généré un texte magnifique et un bel hommage à ces femmes afghanes ...
catsoniou- Kaléïd'habitué
- Humeur : couci - couça
Re: A- 1977
Très bel hommage à cette femme et à toutes les autres épris de liberté.
Impressionné comme tu as réussi à mettre autant de pensées sur la durée de la musique.
Impressionné comme tu as réussi à mettre autant de pensées sur la durée de la musique.
trainmusical- Occupe le terrain
- Humeur : à vous de juger :-)
Re: A- 1977
Un texte fort auquel j'adhere totalement. Il faut beaucoup de talent pour l'ecrire en ecriture automatique ! Tu es la meilleure !!
Amanda.- Modératrice
- Humeur : résolument drôle
Re: A- 1977
Combien de nos soeurs ont été ainsi étouffées ! Le combat est loin d'être gagné même chez nous je le crains, 1968 est parti bien loin
Martine27- Kaléïd'habitué
- Humeur : Carpe diem
Re: A- 1977
Un texte fort très bien servi par ta belle écriture, une vérité qu'il est bon de rappeler. Bravo
plumentete- Kaléïd'habitué
- Humeur : heureuse attentive
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