A.L'éternel non-retour

— Si elle est en retard, c'est qu'elle viendra dans un moment, il suffit d'attendre. Tu sais comment est ta mère, elle nous prend toujours pour des Charlots.
« je pars acheter du pain, je n'en ai pas pour longtemps, pendant ce temps-là vous n'avez qu'à préparer le petit déjeuner ». C’est ce qu’elle avait dit, enfin il me semble. Et toi, tu en penses quoi ?

— Moi je crois plutôt qu'elle avait dit je ne sais pas pour combien de temps je m’en vais. De toute façon, ce n'est pas la première fois que maman met du temps à revenir.

— Là, franchement ça commence à faire long ! Sais tu l'heure qu'il est ?

— Comment veux-tu que je sache, je n'ai pas de montre.

— Moi non plus, c'est bien pour ça que je te le demande, mon fils. Et voilà ! Encore une journée de perdue à attendre cette imbécile de femme que j'aurais mieux fait de ne jamais épouser. Elle n'était pas vraiment belle, mais que veux-tu : elle avait une montre !

— Avec une chaîne en or, oui je sais. D'ailleurs elle est partie avec elle. Donc, nous ne savons pas depuis combien de temps nous attendons. Ça commence à faire long !

— Écoute mon fils, cela ne servirait à rien d'avoir une montre en ce moment. Il nous faudrait plutôt un calendrier. Tu as un calendrier, toi ?

— J'ai dit doigts. Je compte les jours dessus. Je n'ai pas besoin de calendrier. De toute façon, je ne sais pas lire les chiffres. Tu ne m'as rien appris.

— Je t'ai appris à lire. À lire l'heure en tout cas. On ne peut pas tout faire en même temps. Seulement, ta mère est partie avec la montre. Elle aurait mieux fait d'emporter le calendrier.

— Je ne sais pas, papa, si tu réalises, mais mettre un calendrier dans sa poche de tablier pour aller à la boulangerie, c’est quand même bien plus compliqué que d'y déposer sa montre.

— Oui, mais au moins elle aurait pu réaliser qu'elle est partie depuis bien trop longtemps. Parce que sur une montre, tu ne vis que 12 heures. Et il y a plus de 12 heures qu'elle est partie. Serait-elle morte en route ?

— On aurait été prévenu par le boulanger.

— Je crois que tu as raison. Attendons. Elle va arriver …

— Et si jamais elle ne revient pas ?

— Que veux-tu, il faudra bien faire face. Je chercherai une autre femme. Cette fois je ferai attention qu'elle ait un joli calendrier.

M'enfin ! si à chaque fois, c'est pareil, c'est qu'elle revient quand même ! non ?

J'aime beaucoup ce texte chez toi l'écriture est aérée, le texte bien rythmé....
J'ai plusieures montres  et  plusieurs calendriers et je ne suis jamais,jamais en retard,j'ai horreur de cela.

Dialogue savoureux sur les mérites respectifs de la montre et du calendrier pour mesurer le temps qui passe. De toute façon, il passe et, pour sûr, elle reviendra !

Belle philosophie : une de perdue, pas grave, une de retrouvée.Avec ou sans montre, ni calendrier !
C'est du joli !
Pourquoi ils ne sont pas allé chercher le pain eux, hein ?
La critique est aisée...
Tous des machos, je vous dis !

Quels âges ont ces deux cons ?Je l'écris comme je le pense... Comment imaginer un tel dialogue entre père et fils? Je comprends qu'elle ne revienne pas!

@ Charlotte
Qu'importe !
Je pense qu'il n'y a pas d'âge pour être… ce que tu dis… !

Elle n'était pas vraiment belle, mais que veux-tu : elle avait une montre !

Il y  a là une raison majeure pour épouser une femme.
Le problème, c'est que quand elle se barre avec la montre, tu n'as plus de repères.

Comme quoi, la gent féminine a d'infinis atouts pour mener les pauvres hommes par le bout ... du nez,
mais quand même, se barrer avec la montre, c'est une sacrée garce !

Cats a écrit:mais quand même, se barrer avec la montre, c'est une sacrée garce !

garce parmi les garces, donc, sauf si c'était une rollex !

C'est très très rare dans tes textes, mais celui-ci ne m'apporte aucune résonance. Je n'ai pas bien compris, désolé Alain.

virgul a écrit:C'est très très rare dans tes textes, mais celui-ci ne m'apporte aucune résonance. Je n'ai pas bien compris, désolé Alain.

C'est un texte quelque peu surréaliste, flirtant avec l'absurdie, le dialogue, n'a que les apparences du réel, en réalité il ne peut-être qu'un délire psychique.
A lire au 3ème degré, sinon plus !!
Une certaine manière de montrer l'absurdité sous-jacente aux situations.

Mais je comprends qu'on puise ne pas y être sensible ....

Ouf, merci pour les explications. Effectivement, c'est je ne suis pas sensible au genre. Idem que pour les films d'épouvante au cinéma.